Chapitre 1

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Quelques jours plus tôt.

« Alexandre, je te préviens, si tu ne descends pas maintenant, je coupe la connexion à Internet! »hurle Madame Parker de la cuisine.

D'ici quelques secondes, elle va débarquer dans ma chambre. Enfin techniquement, c'est notre chambre, avec Peter.

Rapide explication : ma chère soeur jumelle, Jim, a décidé que pour découvrir et apprendre ce qu'est la vraie vie, il fallait que j'aille au lycée. Ridicule, sachant qu'elle non plus n'y est pas allée, et que j'ai presque vingt ans. Et puis, en quoi décide-t-elle ma vie ? Je suis autant mature que Jim. Mais les Avengers ont jugé que me plonger dans la vie réelle et banale des autres humains était nécessaire pour que je devienne quelqu'un de meilleur, de plus humain.
Ils me craignent.
C'est pour ça qu'ils font tout cela. Ils trouvent qu'une bête sauvage de mon genre, c'est dangereux. Je vais pas mentir; ils ont totalement raison.
Sur un accord commun, ils ont fait de la tante de Peter ma tutrice légale. Génial hein ?
Je suis donc obligé d'aller au lycée chaque jour, comme un adolescent normal.
Or, je suis tout sauf normal.
Je suis un tueur d'élite, moi.
Je peux compresser le coeur des gens, les influencer, lire leurs émotions et leurs pensées, et en plus, j'ai des crocs dignes d'une créature surnaturelle et des griffes très efficaces. J'ai vécu toute ma vie enfermé dans une prison d'Hydra, je me suis entraîné chaque jour pour eux, et j'ai tué également pour eux.
Je suis La Bête.
Un mutant.
Tout comme ma soeur. Sauf qu'elle, elle a pris tous les bons gènes. Tout le monde l'aime. Tout le monde l'admire. C'est la super-héroïne exemplaire. Je suis le tueur sanguinaire.

Madame Parker entre dans notre chambre. Elle est furieuse. Comme tous les jours. Elle me sermonne, je ne prends pas la peine d'écouter. C'est toujours la même chose. Je la regarde s'égosiller, et fais luir mes yeux jaunes. Elle reste impassible, mais j'entends son coeur s'emballer un instant.
Ce n'est pas drôle.
Elle est une des seules à ne pas tourner de l'oeil en voyant mes vrais yeux. Elle, Jim, Laura et Louise Barton. Ça doit être un sens développé seulement chez les êtres féminins que je côtoie régulièrement. Je dois songer à faire des recherches dessus.

« Alexandre, qu'est ce qu'on a dit sur tes pouvoirs ? me gronde-t-elle en revenant à la charge.

_De ne pas les utiliser en public, je récite en adoptant une voix d'enfant. Remarquez que je suis chez vous, donc le public n'est pas vraiment un public, puisque je le connais. Logiquement, je peux utiliser mes dons ici. »

Elle soupire, marmonnant un "ce gosse est beaucoup trop intelligent" que j'entends parfaitement, et qui me flatte. Elle s'assoie à côté de moi, sur la couchette inférieure du lit superposé que Peter et moi partageons. Je ferme l'ordinateur et le pose.

« Tu sais que c'est aussi chez toi maintenant, » affirme-t-elle.

J'acquiesce vaguement.
Bien sûr que non, que ce n'est pas chez moi. C'est chez Peter et sa tante. J'aurais dû rejoindre Jim et Pietro dans leur roadtrip avec le camping car. J'aurais peut être même pu tuer deux ou trois pervers comme James. Ça aurait été génial.
Vivre chez les Barton m'aurait également plu. Les enfants sont chiants mais gentils, surtout Louise, qui comme dit Peter "crush totalement sur moi". Enfin je crois que c'est le terme.
J'ai de l'estime pour le vieil archer. Il n'a pas de dons psychiques, ni d'armure, pas une super-vitesse, encore moins un bouclier ridicule.
Il a un arc et des flèches. Et il a réussi à survivre.
À la place, je suis bloqué dans le Queens, à supporter les réprimandes de Madame Parker et les débilités de Peter. Pas que je les aime pas, au contraire, je les supporte plutôt bien. C'est juste que le lycée, c'est nul. Et qu'en plus, j'ai pas le droit d'arracher la gorge des gens agaçants, ou de ceux qui embêtent Peter et Ned.

Madame Parker se lève, sort de la chambre. Avant de partir définitivement elle me lance:

« Au fait, il reste deux steaks hachés au frigo. »

Pourquoi ne l'a-t-elle pas dit plus tôt ?

Je bondis presque de mon lit. Je suis déjà lavé et prêt depuis longtemps, donc je n'ai à me dépêcher de faire ça. Au contraire de Peter, qui, selon ce que j'entends, est en train de massacrer le générique de Star Wars. À moins que ce ne soit Harry Potter.

J'arrive dans la cuisine, ouvre le frigo à la hâte. J'en extirpe le précieux plat, hume l'odeur délicieuse de la viande fraîche. Si il y a une habitude à laquelle je ne renoncerais jamais, c'est celle de manger de la viande crue. Je m'assois à la petite table à manger, en face de Madame Parker qui boit son café brûlant. Elle n'est pas dégoutée quand j'engloutis en quelques bouchées les deux steaks crus. Juste amusée. Ça doit bien être une des seules personnes que je connaisse qui ne réprime pas un haut le coeur. C'est peut être pour ça que les Avengers et Jim ont jugé que c'était la personne qui me fallait.
Elle regarde l'heure. Panique sur son visage, pas besoin de lire en elle pour comprendre ce qui se passe. On est retard.

« Peter, dépêche-toi, vous allez être en retard ! »hurle-t-elle en mettant sa veste.

C'est comme ça tous les matins.

Il arrive au moment où je lace mes baskets. Il est seulement à moitié réveillé. Je sais que d'ici quelques minutes, son côté hyperactif va reprendre le dessus. Je profite de son silence temporaire. Il finit de s'habiller à la hâte en se rendant compte qu'il est vraiment en retard.
Nous nous apprêtons à sortir, mais Madame Parker nous stoppe. Elle attrape Peter par les épaules, l'embrasse sur les joues.

« Tu pensais réellement pouvoir partir sans embrasser ta vieille tante? le réprimande-t-elle gentillement.

_May, je vais être en retard ! s'exclame l'araignée du quartier.

_On va être en retard, » je corrige.

Madame Parker s'approche de moi pour également m'embrasser la joue d'une façon maternelle, je me dérobe. Ça la blesse. Mais je peux pas. J'ai des limites.

On prend le premier métro qui peut nous conduire à Midtown.
Je relance l'épisode que je n'avais pas pu finir à la maison. Peter regarde par dessus mon épaule, un sourire étire ses lèvres.

« Encore Teen Wolf? me demande-t-il, mais cela sonne comme une affirmation. Je comprends pas ce que tu trouves à cette série.

_Je comprends pas ton amour pour les comics et les sandwich, chacun son truc, je réplique en restant concentré sur mon écran.

_C'est qui ton personnage préfèré ? finit-il par me questionner.

_Théo. Je me retrouve en lui, »je lâche sans réfléchir.

Peter m'observe, les sourcils froncés. Il est troublé, je le sens. Il approche sa main pour me donner un peu de sa compassion, mais ravise son geste.

« T'es pas comme lui, veut-il me rassurer. T'es pas un monstre. »

C'est à mon tour de l'observer, ne comprenant pas vraiment son soudain élan d'affection.

« Théo Raeken n'est pas un monstre. Il a juste été élevé par les mauvaises personnes, j'explique comme si c'était une évidence. Mais à la fin, il devient quelqu'un de bien. »

Peter acquiesce, terminant ainsi notre discussion, et nous arrivons au lycée. C'est seulement en mettant mes affaires dans mon casier que je me souviens d'un truc: aujourd'hui, on a une sortie dans un musée. Et je déteste les sorties et les musées.

 Et je déteste les sorties et les musées

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Revenge {Alex Jones Chaikovski}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant