Chapitre 20

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    Le soleil commence à peine à se coucher, offrant aux élèves le loisir d'observer le ciel et ses couleurs variées. Tantôt orange vif, tantôt rouge sang ou mauve. Et les nuages, encore présents dans le ciel, se colorent en de magnifiques teintes. C'est ce paysage que le vert ne peut s'empêcher de regarder, savourant cette beauté parfois si occasionnelle mais pourtant tellement présente qu'on en oublierait sa présence. Assis parterre, les bras enroulés autour de ses genoux, il fixe la vitre, là où les rayons traversent encore.

    Derrière lui, il entend le froissement des pages d'un livre. Depuis un moment, Shoto s'est plongé dans la lecture, laissant un silence planer au dessus d'eux. Un silence calme, reposant, où deux personnes peuvent se plonger dans leurs pensées tout en restant en compagnie de l'autre. Mais pour Izuku, si ce moment devait être un instant de calme, ses pensées ne le laissent pas en paix. Elles divaguent, elles reviennent, elles s'en vont, elles le torturent. Pourquoi doute-il de Shoto ? Il est bien la seule personne qui a pris le temps de l'écouter, qui l'a pris au sérieux, qui a cherché à apaiser ses souffrances. Il est devenu l'épaule sur laquelle il peut se tenir, mais également sur laquelle il peut dormir. Pourtant, son cerveau — et Edgar — le font douter.

    Tu sais très bien qu'il n'est pas innocent, Izuku. Il est comme les autres, il fait semblant de ne pas voir.

    Il m'a vu, moi. Il a vu ma souffrance, surenchérit-il.

    Tu crois qu'il aurait vu ta souffrance si tu n'avais pas été comme lui ?

    Shoto est une bonne personne, il a envie d'aider et c'est pour ça qu'il veut devenir un héros.

    Il veut juste se prouver à lui-même qu'il n'est pas comme son père ! Il n'en a rien à faire de sauver les autres.

    C'est faux.

    Et son « amour », c'est juste de la pitié.

    Je sais que c'est faux, il m'aime vraiment.

    Tu crois vraiment qu'il t'aurait aimé si tu étais resté un sans alter ?

    Et ces mots lui font rater un battements. Shoto ne connait pas sa vrai nature, il ne sait rien sur l'origine de son alter, il ne sait pas qu'avant, ses rêves n'étaient que des chimères. En y réfléchissant, il est vrai qu'avec son alter, il a été mis sur le même pied d'égalité que tout le monde. Mais si les autres apprenaient qu'il était né sans alter, le verraient-ils toujours de la même façon ? Si Shoto apprenait cette vérité, verrait-il toujours le même garçon dont il s'est épris ? Son amour qu'il lui a offert lui parait encore si irréel. Alors penser qu'il pourrait s'évaporer à cause de sa vraie nature lui fout une peur bleue.

    — Tout va bien Izuku ?

    Malgré lui, il se met à sursauter. Il n'a pas encore l'habitude que le bicolore l'appelle par son prénom. Mais ce qui lui a fait peur, c'est qu'il a eu l'impression d'être pris sur le fait de ses pensées assez sombres.

    — Je... oui ça va, ment-il.

    — Tu mens, déclare t-il tout simplement.

    Pourquoi faut-il que Shoto ait appris à le déchiffrer ainsi ? S'il y a bien une personne à qui il ne peut pas mentir, c'est à lui. Pourtant il reste dos à lui, car il a l'impression que croiser son regard signifierait lui transmettre ses doutes, et il aurait trop honte de les dévoiler.

    — Hé Izuku, regarde-moi.

    Il est déjà derrière lui, agenouillé, la main posée sur son épaule. Il n'a pas envie, il n'a pas envie de croiser son regard magnifique et si sondeur. Il adore les regarder, mais dans ce genre de situation, il a peur de leur profondeur. Mais malgré ses craintes, il se tourne vers lui.

La légende de l'alter de Dieu (Tododeku)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant