My perfect husband

Chapitre 47 - Back to reality

Je me réveille d'un coup, le souffle court et la nuque trempée. Oh bon sang, c'était quoi ce cauchemar ? Tout avait l'air si... Parfait. Et parfaitement anormal.

Comment mon inconscient peut me suggérer un futur pareil ? Je n'en veux pas. Absolument pas. Même si j'étais heureux, je sais que ça ne se passerait pas comme ça dans le monde réel. Je ne peux pas avoir deux maris, je ne suis pas polygame ! Enfin, pas lorsqu'il s'agit d'amour.

Et des enfants ? D'où je voudrais avoir des enfants ? Ils étaient adorables, certes, mais élever des enfants avec deux maris ? Et imaginer ces enfants dire, sans aucune honte : « Nous, on a trois papas ! ». Déjà deux, c'est absolument impossible en Corée du Sud mais alors trois ? Qui peut envisager une énormité pareille ?

Non, non, non. Il ne faut pas que ça se réalise. Il faut que je réagisse, et maintenant. Parce que si je laisse mon cœur parler, ça finira comme ça. Et c'est inenvisageable.

~

Je salue mes collègues et employés, appuyant un sourire à l'une des réceptionnistes parce que Joshua m'a demandé d'être gentil avec elle – après JeongHan qui a besoin de ses services, c'est Joshua qui s'est mis à s'intéresser à elle, comme si j'avais besoin de ça – puis sors de l'immeuble. Je suis pressé de rentrer. Cette journée a été fatigante et épouvantable.

J'ai juste envie de rentrer, de retrouver JeongHan, de le serrer dans mes bras, d'avaler son dîner pas si fameux mais en amélioration constante puis d'aller me coucher en le sentant contre moi. Un sourire prend place sur mes lèvres alors que je rejoins le métro.

Et puis ça me revient. La réalité me percute de plein fouet à nouveau et j'ai l'impression de tomber de dix étages.

Ça fait presque deux semaines que JeongHan passe son temps dans la chambre à l'étage et qu'il nous adresse à peine la parole. Je sais qu'il a parlé à Joshua, que c'était compliqué pour l'un comme pour l'autre, et il a accepté de me parler à moi aussi il y a cinq jours. J'ai pris soin de tout lui raconter, de A à Z, sans rien omettre. Je me suis excusé et je lui ai demandé s'il pouvait nous pardonner. Depuis, silence radio. Pas un seul mot n'est sorti de sa bouche.

Il a demandé notre contrat de mariage, on l'a laissé le lire. Il a demandé à connaître la vérité, on l'a lui a dite et montrée. Et on s'est excusés, tous les deux, à plusieurs reprises. Et Joshua a très bien vu que je prenais sur moi pour ne pas m'énerver. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais démonté la porte de la chambre du haut depuis longtemps. Mais Joshua a insisté pour le laisser tranquille. Il croit encore qu'il reviendra de lui-même et qu'il nous parlera quand le moment sera venu pour lui de prendre en compte nos désirs et notre mode de vie.

Parce qu'on ne peut pas faire machine arrière. Pas après toutes ces années à mentir à la terre entière. Nous ne pouvons pas faire éclater la vérité au public, ni à ma mère, ni aux parents de Joshua. À personne. Hansol était le seul au courant, et c'était très bien comme ça. Il a suffi d'une seule erreur. Une seule erreur de planning.

Dès notre retour de lune de miel, pendant que JeongHan était chez Jun – que je ne porte toujours pas dans mon cœur – Joshua est venu me voir, avec la tête de celui qui a fait la pire connerie de sa vie. Il m'a expliqué que le magazine d'art avait programmé la sortie de son numéro plus tôt que prévu, qu'il était déjà en vente dans certains endroits. Avec une photo de lui. Si la majorité des gens ne ferait pas attention, il y avait tout de même un doute, une chance infime pour que l'un de nos proches comprenne la supercherie.

La réceptionniste, par exemple, dont j'ai encore une fois oublié le nom. Ça fait des mois qu'elle me glisse des regards et des sourires et j'ai dû interroger Joshua pour savoir qu'il lui parlait de temps à autre et qu'il la trouvait intéressante – dans tous les sens du terme.