Je retournai à l'école. Je décidai de parler à Cassy . Après un monologue de dix minutes elle prit la parole :
- Je suis là pour toi. Me dis-t-elle simplement avant de me prendre dans ses bras, doucement.
Les jours semblaient s'évanouir chaque jour un peu plus vite, me poussant à profiter d'eux avec rapidité. Je me sentais oppressée et vide en même temps, me manquant une partie de moi-même. Je n'étais pas retourner danser, malgré l'étouffement que cela me provoquais lorsque j'y pensais. J'allais bientôt devoir subir un traitement contre Tess. Elle qui devint vite le sujet de toutes mes conversations, qui prenait toute la place en moi , qui me rendait invisible et s'emparait lentement de ma vie. Celle-ci continuait pourtant ; je riais, mangeais, vivais comme avant mais avec moins d'intensité comme de l'encre sur du papier qui s'estompe au fil du temps et des évènements.
Mes amis me soutenaient, ma famille défilaient chaque semaines, voulant me voir pour voir comment j'allais et s'occuper de moi . Mon père allait mal, malgré les attentions de Marisa. Je le sentais faible. Tout ce qu'il voulait, je le savais c'était que tout s'arrête. Nous allions aux rendez-vous hebdomadaire de l'hôpital ou l'on s'occupait de moi, m'injectais dans le sang mes traitements censés me guérir. Moi, je ne ressentais rien, simplement le vide, je laissais couler le temps, prenant les jours comme ils étaient, je ne percevais plus rien, comme privée de sentiments et de sensations. Les médecins m'annonçaient que mon cancer était stable et que c'était bien, moi je trouvais que cela n'avais pas de sens, que l'on tournais en rond. Les bruits et les odeurs de l'hôpital m'étaient à présent familières et je ne les sentais plus.Un jour, Marisa vint me voir, à ma grande surprise, pendant ma chimiothérapie à l'hôpital. J'avais le regard dans le vague comme hypnotisé par cette vicieuse routine. Elle s'assit sur la chaise adjacente au fauteuil dans lequel je me trouvais et soupira :
- Tu sais Ambre, je regrette que l'on n'ai pas cette complicité comme l'ont certaines femmes avec leurs belles-filles... Je t'aime beaucoup, même si tu ne le vois pas. Tu dois penser que je suis une femme sortie directement des stéréotypes : bonne cuisinière, coquette, chic et bête. Tu dois aussi te demander comment ton père a pu tomber sous le charme d'une femme comme ça. Je comprends, tu sais, mais pourtant ce n'est pas la vérité, je ne suis pas ce que je laisse paraître. Je ne sais pas comment m'y prendre avec toi, je ne veux pas prendre la place de ta mère mais c'est difficile pour moi aussi, je ne sais pas comment agir dans cette famille si fragile et dans cette maison si froide. Annonça-t-elle avec une fausse assurance et comme si cela faisait une heure qu'elle était là, à bavarder avec moi.
Je ne me rendis pas immédiatement compte qu'elle me parlait puis, je me mis à réfléchir à ce qu'elle venait de me dire. Cela ne devait pas être facile pour elle non plus. Nous étions tous détruits, sauf elle, jeune femme qui rêvait d'une vie colorée, exotique, pleine de voyages, de rires et d'amour. Malheureusement, elle était tombée amoureuse de mon père veuf avec ses deuc filles: une fille anorexique et une autre, froide et triste. Elle rêvait d'avoir des enfants, de les élever et de partager avec eux pleins de moments de complicité et moi je lui avait détruit son rêve qui aurait pu à moitié se réaliser si j'y avais mis du mien. Je dis d'une voix réconfortante :
- Je suis désolé Marisa, je comprend que cela puisse être compliqué pour toi. Je pense que tu devrais t'éloigner de nous, vivre une belle vie, connaître le bonheur au lieu de devoir supporter chaque jour le poids de tristesse que transporte notre famille. Je ne t'aimais pas forcément mais finalement tu es une femme extraordinaire et tu ne mérites pas ça.
- Ambre, jamais de la vie, je ne partirai, j'aime ton père plus que tout au monde, toi et ta sœur, j'aimerais tellement être plus proche de vous et passer avec vous de jolis moments. Je veux reconstruire cette famille, recoller les morceaux, changer certaines pièces et former une nouvelle vie avec vous.
Son discours m'émeut beaucoup et je posai ma main sur la sienne, pour lui montrer que j'étais d'accord.
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Tess
Teen FictionAmbre, jeune fille de 15 ans, est depuis son plus jeune âge passionnée par la danse. Elle aime s'évader en voltigeant et tourbillonnant dans les airs. C'est l'une des seule chose qui parviens à lui redonner de la joie depuis le décès récent de sa mè...