Chapitre 36.

11 2 0
                                    

« C'est une blague n'est ce pas ? demanda pour la quatrième fois Katerina.

— Non, ce n'en est pas une, répondit enfin Il-Nam. J'ai beaucoup regretté le départ de Louis, et je savais que même si j'avais une grande part de responsabilité, la vraie raison qui l'a poussé à me rejeter ainsi et à partir c'était toi. Toi et ta fille avez amené avec vous beaucoup de froideur dans cette maison, mais je ne m'en rendais pas compte. Je pensais que ton amour me suffisait, encore aurait-il fallu que tu m'aimes sincèrement. Le manque de ma femme m'a fait prendre une décision idiote et il a fallu que Louis s'enfuit pour que je m'en rende compte. J'y ai vraiment beaucoup réfléchi depuis, Je ne peux pas me permettre de le perdre pour quelque chose qui n'est sûrement qu'une illusion. Alors c'est fini. »

Katerina se leva de sa chaise, la faisant tomber dans un bruit assourdissant. Elle attrapa la main de sa fille et la força à se lever.

« Alors tu nous mets à la porte pour cet incapable ? demanda-t-elle.

— Mon fils n'est pas un incapable, je te le répète. »

Elle alla dans les couloirs, traînant sa fille derrière elle et Il-Nam la suivit, laissant Louis et Ailee seuls dans le salon. Après lui avoir lancé un regard, Ailee demanda à Louis :

« Ça va ? Tu as l'air sous le choc.

— Je ne m'attendais pas à ça, c'est tout.

— C'est normal d'être surpris. Ton père fait un pas vers toi, c'est peut-être à ton tour, non ?

— Je ne sais pas trop. Et s'il utilisait cette excuse uniquement pour se débarrasser d'elle ?

— Tu te fiches de moi là, Louis ? Ton père t'aime sincèrement. Je comprends qu'après tout ce qu'il s'est passé tu doutes, mais tu n'as rien à perdre à essayer.

— Mais, si je fais un pas vers lui et que je le regrette ? Si en me laissant emporter par mes sentiments je lui dis des choses que je regrette après ? Après tout ce temps, tous les ressentiments que j'ai eu envers lui, j'ai peur de ne pas me comporter correctement.

— Hé, dit-elle en posant sa main sur la sienne et en le regardant dans les yeux. Si tu veux sincèrement que les choses s'arrangent entre vous, il faut aussi que tout ce que tu ressens s'échappe, tu as besoin de vider ton sac pour qu'il sache et pour que tu puisses avancer le cœur plus léger. Même si tu fais une erreur, même si tu t'énerves, ce n'est pas grave, ça arrive à tout le monde. Si tu dis quelque chose de travers, quelque chose qui pourrait le blesser, alors tu n'auras qu'à t'excuser après, tu réparera tes erreurs. Il te pardonnera, crois moi. Il vaut mieux faire quelque chose, le regretter et s'excuser que de ne pas le faire et se demander toute sa vie si ça n'aurait pas été mieux de le faire.

— Tu as sûrement raison, dit-il. Oui. Je vais faire ça. J'ai vraiment besoin d'avoir une discussion avec mon père. »

Au même moment, ils entendirent des voix s'élever dans le couloirs. Katerina et sa fille avaient fait des bagages rapides. Katerina engueulait son futur-ex-mari alors que la jeune Alice avait les larmes aux yeux. Il-Nam les fit prendre la porte et elles sortirent pendant qu'il leur claquait cette dernière au nez. Il revint dans le salon, semblant légèrement blême et respirant à grandes bouffées.

« Papa, ça va ? » s'inquiéta Louis.

Son père s'attrapa la poitrine, tout cela était bien trop d'émotions pour lui. Il s'assit sur une chaise pendant que Louis appelait les secours qui arrivèrent rapidement. Ce n'était rien d'alarmant mais le docteur Zefyra lui conseilla tout de même de prendre du repos et de se ménager. Louis resta dans la chambre d'hôpital avec son père et Ailee sortit.

« Vous ne fêtiez pas Noël avec votre famille ? demanda Ailee au docteur, avec curiosité.

— Si, bien sûr. Mais Monsieur Wang est un VIP, on m'a appelé immédiatement. Et comme c'est une connaissance et le père d'un ami de Noaz, je me voyais mal le laisser entre d'autres mains. Vous fêtiez Noël ?

— Oui. Il m'a invité à se joindre à eux.

— Alors vous devez vraiment être la petite-amie de Louis. Je dois avouer que lorsque mon fils me l'a dit je n'y ai pas trop cru, je pensais que vous sortiez avec lui et que ce n'était qu'une excuse pour me le cacher.

— Oh non, votre fils serait bien incapable de faire ça » dit-Ailee.

« J'espère bien » pensa-t-il.

« En tout cas, j'ai l'impression que Monsieur Wang vous apprécie, ajouta-t-il.

— Oui, et c'est réciproque. C'est un homme très bon.

— Êtes-vous bonne étudiante ?

— Oui, je n'ai aucune difficultés scolaires en tout cas, je trouve les cours assez simples et je travaille dur pour réussir, exagéra-t-elle légèrement, pour le satisfaire.

— Vous êtes une amie de mon fils ?

— Je pense qu'on peut dire que nous sommes amis, oui. Cela vous dérange, Monsieur Zefyra ?

— Je dois avouer que le fait qu'il fréquente une fille l'année du bac ne me rassure pas trop, mais vous me semblez sérieuse et vous avez déjà un petit-ami donc je pense que vous ne le détournerez pas de son objectif.

— De votre objectif, corrigea-t-elle.

— Certes je lui ai demandé d'avoir son bac, mais il souhaite devenir médecin lui aussi, ça lui sera donc nécessaire.

— Bien sûr, répondit-elle en souriant. Je pense qu'il fera d'ailleurs un très bon médecin.

— Je le pense aussi. Bon, je vous laisse, noël n'est pas fini, j'aimerais bien en profiter encore.

— Je vous en prie.

— Je sais que mon fils fête noël avec ses amis demain, vous serez aussi de la partie ?

— Oui, j'ai été invitée.

— Bien, bien. Mon fils m'a plutôt pas mal parlé de vous en réalité. Il m'a dit que vous vous intéressiez au droit, est-ce vrai ?

— C'est exact. Je n'en suis pas encore sûre mais c'est un domaine qui m'intéresse particulièrement.

— Un ami à moi est avocat, peut-être pourrais-je faire en sorte que vous vous rencontriez, si ça vous intéresse. Il pourra vous conseiller pour votre cursus, et si vous souhaitez vous inscrire à la même université qu'il a faite, il pourra même vous laisser une lettre de recommandation, s'il vous trouve assez motivée.

— Oh, je serais ravie de pouvoir discuter avec lui si ça ne le dérange pas.

— Il aime beaucoup conseiller les gens lorsqu'ils choisissent ce chemin, ça ne le dérangera pas. Je laisserai ses coordonnées à mon fils, contactez-le. »

Il lui dit au revoir et s'en alla rapidement. Louis sortit de la chambre de son père, l'air heureux et ému. Il expliqua à Ailee qu'ils avaient discuté et que tout s'était bien passé. Ils avaient tous les deux pleuré, mais ils étaient maintenant réconciliés.

Un conte à dormir deboutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant