Un conte à dormir debout

Chapitre 26.

Stephen se pencha en avant et commença à faire du bouche à bouche à Ailee pendant que Noaz faisait son massage cardiaque. Louis ne se sentait pas bien, il avait la tête qui tourne à cause du choc. Il finit par s'évanouir à son tour au moment où l'ambulance arrivait. L'ambulancier appela l'un de ses collègues pour qu'il envoie une autre ambulance. Il prit le relais avec Ailee et la fit entrer dans l'ambulance avec Stephen et Noaz. Ils se dirigèrent rapidement vers l'hôpital.

« C'est déjà la quatrième fois, dit-Noaz. Et c'est de pire en pire, comment c'est possible ? »

Stephen ne répondait rien, il était effrayé. Sa bouche était ensanglantée, ce n'était pas son sang mais celui qu'Ailee avait recraché avant de s'évanouir. Il avait aussi du sang sur les mains, sang qu'il regardait sans dire un mot. Le cœur d'Ailee recommença à battre et Noaz était rassuré mais Stephen ne réagissait toujours pas. Pendant ce temps-là, une ambulance arrivait pour prendre en charge Louis. Les garçons étaient vraiment stressés. Lorsque l'ambulance d'Ailee arriva à l'hôpital, le père de Noaz la prit en charge. Les garçons allèrent s'asseoir puis la deuxième ambulance arriva. Louis s'était réveillé, il était cependant très pâle. Il fût installé dans une chambre.

« Ça va ? lui demanda Noaz.

— Oui, ça va. Je me suis juste évanouie à cause du choc, c'est rien de grave. Comment va Ailee ?

— On ne sait pas. On n'a pas encore de nouvelles, mais c'est normal.

— Et toi et Stephen ?

— Moi ça va. Je suis juste un peu fatigué. Stephen, hm, ça n'a pas l'air d'aller du tout. Il ne bouge presque pas, il ne dit rien.

— Je vois. Cette fille, vraiment... Elle aime nous faire stresser. »

Tao entra dans la pièce.

« Vous parlez d'Ailee ? »

Louis acquiesça.

« Il faut que je vous dise quelque chose à propos d'elle justement. Mais il faut réunir tout le monde. »

Tous les garçons se réunirent donc dans la chambre. Stephen aussi, même s'il n'avait pas retrouvé son état normal.

« Quand on est allés chez la voyante, avec Ailee, elle a dit quelque chose. Ailee ne voulait pas que j'en parle mais c'est trop grave pour que je le garde pour moi.

— Qu'est ce que c'est ? demanda Noaz.

— Elle a dit que si rien ne retenait Ailee ici, elle disparaîtrait d'ici moins d'un an. Et que ses évanouissements ont un rapport avec ça.

— Disparaître, ça veut dire qu'elle va mourir ?

— Je ne connais pas la signification de tout ça à vrai dire. »

Tout le monde paraissait choqué à l'exception de Louis et de Stephen. Stephen était toujours dans le même état, il n'avait pas l'air d'entendre ce qu'on lui disait.

« Je le savais déjà, dit-Louis. J'ai entendu l'une de vos discussions quand vous étiez dans sa chambre.

— Je m'en doutais, tu avais l'air bizarre ce jour-là. Ailee est retournée voir la voyante, seule, et en revenant elle m'a dit que ça ne servait à rien de vous prévenir parce que tout allait s'arranger.

— Si tout est censé s'arranger, pourquoi est-elle dans cet état ? » demanda Stephen.

Les garçons se tournèrent vers lui. Il avait l'air d'être revenu à lui. Il frottait nerveusement ses mains pour essayer d'enlever les traces de sang. Après quelque temps, le docteur Zefyra vint les voir. Ailee c'était réveillée. Elle pouvait recevoir de la visite mais pas tous en même temps, Louis devait rester allongé donc Stephen et Noaz allèrent la voir en premier.

« Ça va ? demanda Noaz.

— Oui. Je crois. Vous êtes venu seuls ?

— On ne peut pas venir tous en même temps. Et Louis est dans une chambre, il ne doit pas bouger, il s'est évanouie quand tu étais inconsciente. »

Stephen s'approcha d'elle en souriant faiblement. Ailee tendit sa main vers son visage. Il se rapprocha un peu plus et elle effleura ses lèvres du bout des doigts.

« Tu saignes ? demanda-t-elle doucement.

— Ce n'est pas mon sang, dit-il. Ailee tu nous as vraiment fait peur cette fois, encore plus que la dernière fois. J'ai dû te faire du bouche à bouche pour te réanimer.

— Je suis tellement désolée » articula-t-elle.

Quelques larmes coulèrent le long de ses joues.

« Tu devrais essuyer ça » dit-elle à Stephen.

Il lui sourit et sortit de sa chambre, les garçons se succédèrent ensuite pour prendre de ses nouvelles puis les médecins lui firent faire une tonne d'examens qui ne donnèrent aucun résultat. Quand Louis eut le droit de sortir de son lit, il vint aussi lui rendre visite.

« Ça va mieux ? demanda-t-elle.

— C'est plutôt à moi de te poser la question, dit-il.

— Je suis désolée, c'est de ma faute si tu t'es évanouie.

— Ce n'est pas de ta faute, j'ai juste été sous le choc, ça m'a rappelé un mauvais souvenir. »

Ailee le regarda, attendant, en espérant qu'il en dirait plus.

« Quand ma mère est morte. Te voir allongée, comme ça, avec Stephen et Noaz qui tentaient de te réanimer, ça m'a rappelé quand le manoir de mes parents à pris feu. Ma mère était à l'intérieur. Les pompiers sont arrivés et l'ont fait sortir mais elle avait inhalé trop de fumée, ils ont essayé de la réanimer mais ils n'ont pas réussi. Je l'ai vu mourir. »

Il y eut un long silence.

« Donc quand je t'ai vu allongée, ça m'a rappelé ce jour-là, c'est pour ça que je me suis évanoui.

— C'est aussi pour ça que tu as peur du feu ?

— Tu t'en souviens. Oui, c'est pour ça.

— Je vois. Ça n'a pas dû être facile.

— Mais heureusement, tu vas bien. J'aurais aimé t'aider plutôt que de m'évanouir comme ça.

— Mon preux chevalier » dit-elle en souriant.

« J'espère qu'un jour j'aurais le droit au statut de prince charmant, plutôt » pensa-t-il.

« Je te sauverais la prochaine fois, dit-il en souriant.

— J'espère qu'il n'y aura pas de prochaine fois.

— J'espère aussi, mais te connaissant il risque de t'arriver encore quelque chose. »