Who said that smoking kills?

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Qui a dit que fumer tue? Le Lieutenant Speirs et l'Adjudant Lipton s'étaient rencontrés au camp Toccoa, le temps passe et il est vrai que leur relation amicale ne cesse de surprendre certain, comme les touches habituelles ou les offrandes car oui il y avait des offrandes...

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Les sons de l'armement allemand, les cris et le son des balles résonnaient dans mes oreilles. J'étais là, à couvert derrière une botte de foin, la neige gelant mon pantalon ainsi que le reste de mon corps en attendant les ordres de mon supérieur, le Lieutenant Norman Dike. Dike, la question qui me revenait constamment était "Où est Dike?" Aujourd'hui, j'ai la réponse à cette question posée encore et encore. Dike était là, en état de choc, alors que je lui hurlais aux oreilles pour une quelconque réaction, un ordre même une insulte venant de sa part mais rien, il était figé alors que nos hommes mourraient un par un car il n'avait pas su donner d'ordre réfléchi, comme toutes les autres fois pendant ses dernières semaines.

La majorité de la compagnie était déployée à découvert, la première section, celle Foley, venait de tenter un encerclement par la droite mais semblait immobilisée par un tireur isolé et le Lieutenant Dike était inapte à commander qui que ce soit. Par miracle, le Lieutenant Ronald Speirs arriva à notre position, un sourire vint sur mon visage, un visage familier et un bon meneur. Je savais pertinemment qu'il nous sortirait de cette situation et c'est ce qu'il a fait. Il prit la relève, je lui expliquai la situation et il ne lui fallut que quelques secondes pour nous donner des ordres sûrs qui prenaient chaque détail en compte. Luz tapota mon épaule avec un léger sourire amusé "Il était temps." J'aurai bien voulu rire à ce commentaire mais le temps était compté.

Nous avançions à travers Foy avec une efficacité et une rapidité alarmantes pour les allemands. Courant à travers les bâtiments auprès du Lieutenant et de Luz, nous nous sommes empressés de nous mettre à couvert, j'étais à l'extrémité du mur, Speirs était à ma gauche et Luz aboyant dans sa radio était derrière le Lieutenant. Je regardia légèrement derrière le coin de la maison et une balle arriva et ricocha. Je sentis une vive douleur sur le côté droit de mon visage au niveau de l'oreille et je penchai ma tête une nouvelle fois. Speirs m'appela par mon nom avec un ton interrogatif, je ne sais pas si il était inquiet ou si il voulait que je sois ses yeux mais il s'était légèrement penché regardant l'éraflure. Speirs me demanda ce que je voyais, ce que je voyais ? Je soupirai mentalement, il y avait des blindés et beaucoup beaucoup d'infanterie. "La I compagnie est censée être de l'autre côté de la ville, vous les voyez quelque part ?" Me dit Speirs empressé de savoir ce que je voyais, et je lui répondis tout aussi rapidement "Non! Lieutenant ils vont se replier si on ne se raccroche pas avec la I compagnie ! Ils nous filent entre les doigts !"

J'avais à peine le temps de comprendre ce qu'il me disait et sentir la légère tape sur mon genou que je vis le Lieutenant Speirs aller à découvert et courir à travers Foy. Après quelques tirs de suppression, j'observais le Lieutenant traverser la ville pour rejoindre la I compagnie. C'était un spectacle incroyable, peut être un mélange de folie et de génie ainsi que beaucoup d'adrénaline. À travers la fumée, ou le brouillard, { je n'étais pas très sûr à ce moment là } je pouvais voir l'ombre du fameux Lieutenant Ronald Bloody Speirs comme certain l'appelait, passant à travers l'infanterie et les blindés comme si de rien n'était. Au début, les allemands ne lui ont même pas tiré dessus, je pense qu'ils avaient du mal à croire ce qu'ils voyaient mais ce qu'il faisait là n'était pas le plus sidérant. Le plus sidérant c'est qu'après avoir établi le contact avec la I Compagnie, il est revenu ! Il courait pour sa vie passant entre la fumée noir et les balles allemandes et un sourire s'étendait sur mon visage inconsciemment. Je ne m'étais pas retourné pour regarder la réaction de Luz au début car j'étais trop happé par cette vue mais je savais qu'il devait avoir la même expression faciale sur le visage que le mien, celui d'un enfant regardant un feux d'artifice pour la première fois durant la fête de l'indépendance.

À son retour, Speirs retourna à couvert entre moi et Luz, à peine essoufflé, tenant sa Thompson comme si sa vie en dépendait. Nous le regardions, d'une façon assez persistante à vrai dire et il nous regarda tout les deux fronçant ses sourcils "Quoi?!" Luz haussa les épaules et détourna le regard, je fis de même. "Rien rien ..." Dis je en me tournant pour pencher ma tête une nouvelle fois. Speirs posa sa main sur mon épaule et dit d'une voix rauque: "La I compagnie nous servira de couverture pendant ce temps, nous avancerons jusqu'au muret pour nous mettre à couvert. Compris ?" Luz et moi haussons la tête synchronisés..."Allez!", la voix de Speirs et sa main sur mon épaule furent un tremplin, un tremplin qui servit l'espace de quelques secondes lorsque je courus jusqu'au muret. À moins d'un mètre de là je sentis une douleur à la poitrine et tout devint noir.

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Je courais derrière l'adjudant Lipton, déterminé, rapide et efficace, j'étais un soldat sans compassion, sans remords et sans pitié. Enfin c'est ce que je pensais, lorsque je vis l'adjudant tomber au sol après avoir entendu un son métallique près de moi. Lipton s'était fait toucher et il s'était écroulé devant moi à moins de 3 m. Mon cœur avait cessé de battre lorsque je vis mon adjudant familier toucher le sol. J'avais ressenti de la peur ? Pas pour moi mais pour lui. Rapidement je repris mes esprits et je m'abaissai pour attraper Lipton et le trainer à couvert derrière le muret à l'aide de la radio, George Luz. Je le mis sur le dos et regardai pour une quelconque trace de sang mais rien, juste un trou dans son uniforme. Lip était inconscient sur le sol enneigé, Luz tapota son visage à plusieurs reprises repetant son surnom alors que je fouillai l'endroit où la balle s'était logé et il se réveilla.

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Je sentis un picotement sur mon visage léger, puis une douleur à la poitrine et j'ouvris les yeux. J'étais ébloui par le ciel et étourdi, la première chose que je vis était Luz et Speirs, les deux avait un regard inquiet mais Ronald était en train de fouiller ma poche intérieur et il sortit mon briquet, celui qu'il m'avait offert à Bastogne... Le briquet Zippo gris était troué d'un côté et bossu de l'autre. Speirs me regarda tenant le briquet fermement et je compris que je m'étais fait tirer dessus et que c'était son briquet qui m'avait sauvé la vie. Je ne pus m'empêcher de rire malgré la douleur à la poitrine et les deux me regardèrent comme si j'étais fou l'espace d'un instant, je regardai Speirs. Il avait un léger sourire à peine visible mais ça signifie beaucoup de chose, il était rassuré. Luz rigola à son tour et dit avec son ton toujours humouristique "Eh bien Lip tu es un putain de chanceux ! Qui a dit que la cigarette tue ?".

Recueil Speirton "Band of Brothers"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant