Chapitre 6

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Ma mère me passe de l'argent et j'arrive au supermarché en 10 minutes à peine. Il est beaucoup plus grand qu'en France. D'ailleurs j'ai l'impression qu'aux États-Unis tout est gigantesque. Je galère un peu à trouver ce que je veux parce que tout est en anglais. Je décide donc de prendre mon courage à deux mains et de demander à un monsieur du magasin où est-ce que je peux trouver de la farine. Je vois un gars de dos, pas loin qui a l'air de travailler dans le supermarché et je lui demande en anglais bien sûr avec mon bel accent (ironie) « Bonjour, excusez-moi de vous déranger mais est-ce que vous pouvez me dire où se trouve la farine s'il vous plait ? ». L'homme se retourne en s'excusant et en me disant qu'il ne travaille pas ici dans un français proche de la perfection. En plus, ce n'est pas un monsieur, j'ai vraiment tout faux. C'est un gars qui doit avoir à peu près 16-17 ans. D'ailleurs, il est super beau, c'est rare de voir des gens comme ça de nos jours. Il a les traits plutôt fin, son visage est incroyablement harmonieux. Tout va parfaitement bien ensemble. Il est brun aux yeux bleus foncés. Mais le truc qu'il a en plus et qui le rend encore plus parfait : c'est son sourire. Sauf que je me rends compte qu'il sourit à cause de moi. Pourquoi ? Parce que :
1.    Je le regarde depuis 5 bonnes secondes comme si c'était un dieu vivant
2.    Je ne dis rien
3.    Il ne travaille pas du tout dans ce magasin (normal, il a mon âge)
4.    Il parle français alors que je viens de parler anglais

Comprenez bien que la situation est super embarrassante.

-       Mais si tu veux je peux te montrer où c'est... me dit-il voyant que je ne dis rien.
-       Oui je veux bien merci... je réponds.
-       Mattéo, me dit-il
-       Quoi Mattéo ?
-       Bah je m'appelle Mattéo, m'explique-t-il.
-       Ah ok. Enchanté Mattéo.

Voilà, ma timidité me fait dire (et faire) des trucs vraiment stupides. Qui dit encore « enchanté » au XXIème siècle ? Littéralement personne. Même pas mes grands-parents.

Il sourit encore. Il est vraiment parfait ce sourire... si un jour on se recroise dans une situation un peu moins bizarre que celle-ci je lui demanderai si je peux faire une photo de ses lèvres et de ses dents. Ensuite, j'irai voir un chirurgien plastique et je demanderai « la même chose s'il vous plait ».

-       Et toi, comment tu t'appelles ?
-       Je m'appelle Camélia.
Il y a du progrès, une phrase normale et complète.
-       Joli prénom, lance-t-il tout naturellement.
-       Mattéo c'est pas mal non plus, je réplique en le pensant sincèrement.

Il me regarde en souriant (pour la troisième fois) et m'entraine à travers les rayons du magasin jusqu'à la fameuse farine. Je l'avais complètement oublié celle-là.

-       Merci beaucoup.
-       Pas de problème Camélia.
-       Je peux te poser une question ?
-       Vas-y.
-       J'ai un accent tellement pourri que tu as directement su que je n'étais pas américaine (bon ça c'est normal) mais aussi que j'étais française ? J'aurai pas pu être...je sais pas moi, espagnole, ou italienne ? C'est tellement plus badass...
-       Désolé mais ton accent est assez prononcé... et t'as vraiment la tête d'une française aussi.
-       J'ai la tête d'une parisienne qui se balade à côté de la tour Eiffel, la baguette de pain sous le coude et un béret sur la tête, c'est ça ?
-       T'as oublié la bouteille de vin et le rouge à lèvre rouge mais sinon c'est un peu ça ! me dit en rigolant.
-       Abadakor dis-je en en me joignant à son rire.
-       Je suis désolé mais je dois y aller, ravi de t'avoir rencontrée en tout cas Camélia.
Et il commence à partir sans que j'ai le temps de lui dire au revoir. Je prie pour qu'il se retourne afin de le voir une dernière fois et apparemment Dieu entendit ma prière puisque Mattéo se retourne et me lance :

-       Au fait, n'essaye pas d'avoir un accent américain, l'accent français c'est bien plus adorable ! me lance-t-il  avec un clin d'œil.

J'éclate de rire et il part pour de bon cette fois. Mais qu'est-ce qu'il vient juste de se passer ??

Mince maman ! J'ai complètement de lui envoyer le message, elle doit être morte d'inquiétude. En effet, lorsque j'allume mon téléphone, je vois qu'elle m'a envoyé 5 messages. J'ai aussi 3 appels manqués. Ça va barder en rentrant. Je l'appelle et elle décroche à la première sonnerie.

-       Camélia ? Ça va ? me demande-t-elle folle d'inquiétude.
-       Oui maman. Je suis vraiment désolée, j'ai juste oublié de te dire que j'étais bien arrivée. Et que je suis sur le point de partir du supermarché.
-       Camélia ! J'étais morte d'inquiétude... On ne peut vraiment pas te faire confiance. Je t'ai envoyé des messages et appelé au moins 5 fois, dit-elle furieuse.
Elle passe vraiment de l'inquiétude à la colère rapidement.
-       Je suis désolée, mon téléphone était en mode silencieux.
-       En plus je t'avais demandé de ne pas trop trainer. Et ça fait déjà plus d'une demie heure que tu es partie ! ajoute-t-elle.
-       Je ne trouvais pas la farine, je réponds calmement.
-       Tu ne trouvais pas la farine ? C'est tout ce que tu trouves à dire ! dit-elle excédée.
-       Heu je suis désolée aussi, je tente prudemment.
Remarquant qu'elle ne répond toujours pas, j'ajoute.
-       Et je ne recommencerai plus.
-       Bon d'accord rentre vite dans ce cas. Et ne me fait plus jamais ça d'accord ?
-       Oui maman, je réponds simplement.

Ensuite elle me confie qu'elle est un peu tendu en ce moment, que tout est nouveau autant pour elle que pour moi et qu'elle a peur de ne pas avoir fait le bon choix. Je la rassure en lui disant que je comprends totalement.
Je raccroche et je rentre en repensant à cette étrange rencontre au supermarché...

Le déménagement Où les histoires vivent. Découvrez maintenant