Chapitre 3

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Les jours défilent à une vitesse impressionnante. Au bout d'une semaine, tout le quartier est déjà au courant. Il y pas mal de repas d'adieu organisés pour nous ce qui est encore plus déprimant que le fait de partir à environ 9000 kilomètre de Paris. J'invite beaucoup d'amis du lycée afin de les voir une dernière fois avant le grand départ. Mais ça fini souvent en pleurs, câlins et sourires tristes. En particulier avec Émilie, j'avoue. Je ne montre pas souvent mes sentiments d'habitude mais le fait de voir les autres malheureux me rend forcément triste, c'est mon petit côté sensible !
Ma mère m'annonce que les bagages doivent absolument être prêt ‪samedi à 8 heures‬ tapantes. J'avais totalement oublié de faire mes valises, ça peut paraître insensé mais entre les adieux, l'angoisse du départ et les « vacances » je n'ai pas pensé une seule seconde à faire mes bagages ! Mon dieu mon dieu mon dieu ... Quelle gourde ! ;-) La veille du départ rien n'est fait, ça commence bien ... Du coup, je fourre toutes mes affaires dans la valise à l'aveugle. Je mets la musique pour me motiver et une heure plus tard ma chambre est totalement vide. Ce n'est même plus ma chambre à partir de maintenant de toute façon... J'ai beaucoup de mal à m'endormir car je ne me sens absolument plus chez moi à partir de maintenant. La nuit est longue.

Je me réveille d'une humeur exécrable le jour du départ, déjà que je suis un zombie boudeur le matin en général alors aujourd'hui, vous n'imaginez même pas ! Je dis à peine bonjour à ma famille (sauf à mon petit frère car lui n'a rien fait, se serait injuste d'être (très) désagréable avec lui). Je ne mange même pas ! Autant vous dire que Camélia Moretti alias la gloutonne n'avait pas du tout faim, incroyable mais vrai ! Je me prépare sans dire un mot et sans musique. Dans ma tête, des tonnes de questions se bousculent. Lorsque je descends je reviens dans le salon et tout ce que je vois, ce sont les huit valises bien alignées sur le tapis. Je serre les dents et avance vers le taxi qui nous attend depuis au moins dix minutes. Je lui dis bonjour, m'installe confortablement dans le vanne à côté de Léo et écoute de la musique pour me détendre. Je m'efforce de ne pas regarder notre maison s'éloigner un peu plus à chaque seconde qui passe mais mon fichu cerveau ne cesse de l'imaginer. Je sais très bien que ce n'est pas la fin du monde mais j'étais tellement bien en France ! Je n'ai pas envie de démarrer une nouvelle vie. Vraiment pas...
Bref ! Le trajet est vraiment long et je sais pas vous mais moi j'adore regarder les paysages qui défilent à toute vitesse devant mes yeux quand je suis en voiture. Ca me permet de réfléchir plus sereinement. Et puis ça fait très « héroine-de-film-qui-regarde-au-loin-par-la-fenêtre ». Au bout de deux interminables heures, nous arrivons enfin à l'aéroport. J'adore voyager habituellement mais là forcément, j'y vais à reculons. Le trajet passe extrêmement lentement. Nous atterrissons et tout le monde a un peu la tête dans les fesses ! J'ai regardé 5 films pendant le vol et si vous me demander de les résumer je n'en aurait absolument aucune idée. Lorsqu'on arrive à Los Angeles, je n'y crois toujours pas. Oulaa il y a un truc auquel je n'avais pas pensé : parler anglais. Je suis bilingue (italien-français) et je me débrouille en anglais mais mon accent est disons ... français. J'ai un peu de vocabulaire mais je suis loin de parler couramment...Bon bah ce sera l'occasion de m'améliorer ! Au bout de 9 longues heures de vol, on sort de l'avion, on montre nos passeports, on récupère nos valises et direction la maison, en taxi. Je lance un petit « Hello » au chauffeur, je ne sais pas s'il m'a entendu mais au moins on ne pourra pas dire que je n'ai pas été polie. Au bout d'une heure de route (ahhh les bouchons), on arrive ENFIN. La bonne nouvelle, c'est que je suis tout sauf déçue de la maison, elle est exactement comme sur la photo. C'est un peu superficielle de parler autant d'une maison mais je vais habiter là-dedans alors franchement c'est important quand même ! Je lance un sourire à mes parents, le seul sourire sincère de la journée. On entre, la maison est aussi belle à l'extérieur qu'à l'intérieur. Il y a cinq chambres en tout, quatre salles de bain, un garage deux bureaux et une cuisine (ça me semble important de le préciser). En revanche, il n'y a aucune décoration, tout est neutre des chambres, jusqu'aux toilettes ! Il va falloir remédier à tout ça même si dans la famille, on a jamais été très...artistique. Je m'engage à mettre la main à la pâte afin de rendre cette maison plus joyeuse. Mais je suis coupée dans mes réflexions par ma mère.

-       Allez, on pose tous nos valises en vrac, on ne déballe rien pour le moment et on va au resto ! ordonne-t-elle.
-       Yesss, je m'exclame
-       Et bah voilà ! Tu vois, tu es déjà bilingue Camélia ! rigole mon père.

Léo rigole alors qu'il n'a même pas compris la blague ce qui me fait rire à mon tour. Il m'en faut peu...

Au moment où je sors de la maison, je me rends finalement compte de la chance que j'ai. Je vais vivre à Los Angeles, dans une incroyable maison juste en face de la mer. Je suis pathétique. Comment ai-je pu faire la tête comme une enfant qui n'a pas eu sa glace au chocolat alors que d'autres seraient les plus heureux du monde à ma place ? Certes, je ne verrai plus mes amis et ma famille aussi souvent qu'avant mais il faut que je m'y fasse parce que, jusqu'ici j'ai été carrément immature et capricieuse. Alors, c'est décidé, à partir de maintenant je sourie à la vie ! Et j'arrête mon cinéma. Bon, plus facile à dire qu'à faire mais petit à petit j'y arriverai.

Le déménagement Où les histoires vivent. Découvrez maintenant