Hanna

Quatre cerises 🍒

« Montre moi ton corps, que je te montre le mien. »

Je pénètre dans le bureau, le pas mal assuré.

-Heu... je peux revenir plus tard si vous voulez, laissais-je échapper la voix un peu tremblante.

C'est ridicule de dire ça. Partir mais pour aller où ? Je ne connais rien de cet endroit.

-Non assied toi, soupire la directrice en se massant la tempe.

Elle attrape sous le tiroir de son meuble un tube d'aspirine. Puis une fois le cachet avalé, son fauteuil se tourne pour me faire face. Elle m'offre un sourire pincé, puis m'indique la chaise opposée à son bureau.

-Vous êtes la nouvelle je présume.

Bonne observation... j'hoche la tête lentement.

-Bienvenue dans notre établissement. Je tenais à m'excuser pour tout à l'heure. J'imagine que comme première impression il y a mieux, ricane-t-elle légèrement gênée.

-Il n'y a pas de problèmes.

Son regard d'un noir glaçant n'a de cesse de me dévorer. On dit que les yeux noirs n'existent pas, on parle de marron foncé... pourtant les iris de cette directrice sont bel et bien noir. Un trou sans vie qui vous aspire, et je l'avoue me terrifie un peu. Remarque il n'en faut pas beaucoup pour m'impressionner.

-Vous trouverez dans votre chambre vos manuels ainsi que votre emploie du temps. Si jamais vous avez des questions ma porte est toujours ouverte. Je suis madame Keller mais vous vous référez à moi comme « madame la directrice ».

Elle tapote nerveusement son stylo contre son calepin de note. Le bruit est assez irritant.

-Votre père m'a informé de... votre situation dans votre précédent lycée, déclare la directrice en se raclant la gorge. Sachez qu'ici le bizutage n'est pas toléré. Nous avons une politique relativement stricte sur le sujet.

J'hoche la tête. C'est bon à savoir j'imagine.

-Et donc par conséquent si jamais vous avez la moindre altercation avec une de nos élèves je vous invite à me voir sur le champs.

J'hoche de nouveau la tête. Même si je sais très bien que je ne le ferai pas.

-Mademoiselle, claque madame Keller. Vous devez apprendre à répondre quand on vous parle.

-Oui désolé j'ai compris madame la directrice, répondis-je machinalement comme un automate.

Il semblerai que toute l'école tienne à ce que je m'exprime... ça risque d'être problématique.

-Le règlement est aussi dans votre chambre. Je vais cependant vous informer des principales règle. Mais bien évidemment il y en aura d'autres.

Ainsi madame Keller commença l'interminable liste de ce qui n'était pas autorisé. Interdiction de sécher des cours, de courir dans les couloirs, de mâcher un chewing-gum devant un professeur... j'avais raison de penser que cette école était sévère. Et étonnement la directrice est plus ou moins comme je l'avais imaginée. Un peu comme les enseignantes des vieux films que je regardais petite. Le chignon parfaitement plaqué, la chemise blanche sans une tâche... ne manque que les lunettes.

-Et enfin interdiction de sortir en dehors du dortoir après 21 heures. J'espère que vous avez été attentive.

Je cligne des yeux, revenant brusquement sur terre. Je n'ai pas écouté un traitre mot de ce que cette femme a énoncé. Mais je lui indique que j'ai compris.