Une cerise 🍒

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   « Si je me transformais en poupée de   chiffons cesserais-tu de jouer avec mes sentiments ? »

-Alors Lizzy on dirait que c'est la douche froide !

J'entends des ricanements alors qu'un jet d'eau glacée se renverse sur moi. Tracy me regarde avec amusement, alors que ses acolytes tiennent encore des seaux. Je ne dis rien. De toute façon que pourrais-je répondre ?

-Tu devrais nous remercier ! On pense à toi vu la chaleur qu'il fait. Tu devrais être ravie que nous t'aidions à te rafraîchir !

Mes lèvres demeurent sceller. Elles passent leur temps à me malmener depuis le collège. Mais jamais elles n'ont eu la satisfaction de me voir pleurer, ou supplier. Je sourie simplement. Tracy mord sa lèvre supérieur avec colère.

-Tu te moques de moi espèce de connasse !

Son pied vient heurter ma joue. Pourtant pas un son ne m'échappe. Dans les moments où on passe ses nerfs sur moi, je me contente d'imaginer que mon corps est un morceaux de chiffon. Une poupée peut se briser sans ressentir la douleur. Je pourrai riposter... mais à quoi bon ? Elles sont trois, je suis seule. Elles ont l'école qui les suit... personne ne me supporte moi. Tout est une question de mathématique, mes chances de l'emporter sont nul. Penser aux chiffres dans une situation pareille me ressemble. Lizzy la petite intello, préférant les pages d'un livre à la conversation humaine. Lizzy la meilleure élève en sciences. Lizzy qui préfère se transformer en robot que d'endurer. C'est plus simple de ne rien ressentir, que de se faire blesser par les sentiments humains non ?

-Ho la lèche cul des profs tu m'écoutes quand je te rabaisse !

Tracy m'assène un autre coup de pied, cette fois-ci dans l'estomac. Je ne peux empêcher une grimace de se former sur mon visage. Ça fait mal quand même.

-Toujours à nous prendre de haut avec tes grands airs ! Ce n'est pas parce que tes vieux sont les plus riches que tu dois te croire au dessus ! T'es qu'une ratée ne l'oublie jamais. Et peu importe le nombre de 20 que t'auras ça changera jamais ça.

La cloche sonne la fin de l'heure du déjeuner.
-Tracy on devrait y aller, interromps une de ses amies.

-Oui, répondit la concernée. De toute façon ce n'est pas comme si cette ratée valait la peine. Même l'humilier est ennuyeux.

Et sur ces dernières paroles, le trio claqua la porte des toilettes. Je soupire et ramasse mon sac, qu'elles ont piétiner.

-L'élève Elisabeth macferson est demandée dans le bureau du directeur. Je répète l'élève Elisabeth macferson est demandée chez le directeur.

La voix du haut parleur n'a de cesse de cracher mon nom, j'en déduit que c'est urgent. Avec une mine fermée, je me dirige pour ouvrir la porte. Je passe les longs couloirs de ce lycée. Un vieux bâtiments bourgeois, bourrée de progénitures issus de grandes familles. Je suis encore couverte par l'eau froide... mes cheveux sont dégoulinants, et laissent tomber de l'eau sur le sol sombre. Avant de rentrer dans le bureau du directeur, l'idée me vient avec retard de me sécher un peu. Je tente désespérément d'essorer ma tignasse. Mais à moins d'avoir une heure et un sèche cheveux, pas moyen d'avoir l'air plus présentable. Finalement après une dernière tentative pour rendre ma veste moins trempée, je toque.

-Entrez, ordonne une voix autoritaire.

J'exécute l'ordre. Et à mon étonnement, je remarque que mon père et ma belle mère, sont assis en face du bureau imposant. Mon visage laisse ma surprise se graver.
-Olivia ? Papa mais qu'est-ce que ?..

-Ho mon dieu ! Regarde dans quel état ces pestes l'ont rendue, s'écrit olivia avec un visage horrifié.

Mon père fronce les sourcils, et se tourne vers le directeur.

-Vous voyez ! Cette situation ne peut plus continuer ! Vous avez une élève harcelée et vous ne faites rien !

Olivia se précipite dans ma direction, et sors de son sac Gucci un paquet de clinex. Avec rapidité, elle essuie mon visage. Je repousse son geste, bien qu'il soit affectueux.

-Je vais bien...
-Mais... mon dieu tu as un bleu sur la joue Elisabeth !!
Olivia attrape mon menton, et me force à lui faire face.

-C'est comme ça que vous protégez vos élèves ! Ça fait des semaines qu'elle rentre avec des traces.

Mon père est rouge de colère, tandis que la même teinte colore mon visage. Mais pour ma part il s'agit de gêne. Je déteste être au centre de l'attention de cette façon. D'ailleurs je ne pensais pas qu'il le remarqueraient... je veux dire ça fait des années que je me fait harceler. Mais avec leur boulot on ne me voit pas beaucoup. Et je pense que ça me va... enfin je crois.

-Écoutez, commence le directeur visiblement peu à l'aise, nous avons pourtant fait des campagnes anti harcèlement et...

-Mais elles ne font rien vos campagnes !
Il faut expulser les élèves qui lui font ça ! C'est du bizutage que vous tolérez ?!

-NON !!!

Brusquement tous les regards se tournent vers moi, comme si on comprenait enfin que j'étais là depuis le début. Je ne me manifeste pratiquement jamais, mais si... mais si ils font ça ma vie...

-Ma vie deviendra un enfer ! Si vous expulser les meneurs déjà que tout le lycée me déteste je me ferai harceler par d'autres ! Et ce sera peut-être même pire... pitié ne faites pas ça.

Mon père me fixe avec une sorte d'attendrissement et presque... de pitié ?

-Lizzy voyons personne ne te déteste. Les personnes qui font ça méritent d'être punies... et puis tu ne peux pas continuer à supporter tout ça.

Je me rapproche le pas tremblant vers mon père... non je sais pertinemment ce qui se passera si jamais il fait expulser ces vipères. Mon existence basculera de infernal à insoutenable. Je peux me battre contre quelques flammes, pas contre une tempête de cendres.

-S'il te plaît, le suppliais-je. Ne fais pas ça... tout mais pas ça.

Olivia s'interpose soudainement.
-Et pourquoi on ne la changerai pas d'école ?
Tous les regards se posent sur elle.

-La changer ?
-Oui. Après tout on peut trouver un autre établissement où les élèves ne sont pas des cons.

mon père me fixe une minute, tandis que le directeur s'étrangle. Logique... j'imagine que pour la réputation de son lycée ce n'est pas le mieux. Et j'étais souvent première aux compétions inter-scolaire.

-Lizzy tu ne veux vraiment pas qu'on punisse les responsables ?
Je secoue fermement la tête, pour lui indiquer que cette solution est de loin la pire.

-Je suis sûr que l'on peut trouver une meilleure idée, tente le directeur.

Pourtant lorsque mon regard plonge dans celui de mon paternel, je comprend qu'il a prit sa décision.
Je changerai de lycée.

Hanna Où les histoires vivent. Découvrez maintenant