Sept cerises 🍒

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« Bouffe moi si fort que j'en redemanderai encore. Bouffe moi si fort, pour laisser mon coeur apparent. Il porte ton nom fièrement. »

Je pousse un hurlement strident, qui se retrouve brutalement coupé par une main parfaitement manucurée.

-Arrête de hurler tu vas ramener des gens, grogne hanna.

Je me calme peu à peu, tandis qu'elle retire le  «bâillon» qui entravait ma bouche.

-C'est mieux, sourit-elle.

La jolie blonde me regarde, une langue affamée vient passer sur sa lèvre supérieure. Hanna me reluque de la tête aux pieds, déshabillant mon corps déjà exposé. Son odeur de cerise réussit à traverser la buée parfumée de mon savon. Ça doit être une habitude chez elle... où qu'elle aille l'attention doit lui être dédiée.

-Sors ! Sors tout de suite, hurlais-je en couvrant mes seins mis en évidence devant ses si beaux yeux d'ambre.

-On se calme, ricane Hanna.

Sa démarche féline, s'approche tandis que je tremble telle une souris apeurée. Par peur je recule, jusqu'à me heurter contre le carrelage du fond de la douche.

-Ne fais pas ta sainte ni touche je te rappelle qu'on devait se voir ce soir, dit-elle doucement en mettant derrière mon oreille une de mes mèches, humide par les vapeurs de l'eau chaude.

Son visage s'approche brusquement du mien. Je deviens rouge, tandis que ses magnifiques lèvres avalent lentement les millimètres qui les séparent des miennes.

-J'ai entendue dire que tu m'avais défendue à la cantine, lance Hanna sans réduire la distance entre nos deux corps .

-Ou... oui, bredouillais-je.

D'un coup, d'un seul, elle plaque violemment son bras contre le carreau à ma droite. Je manque un nouveau cris, en sursautant.

-Je n'ai besoin de personne tu m'entends ? Personne n'a à prendre ma défense. Donc la prochaine fois mêle toi de ce qui te regarde, compris ?!

J'hoche machinalement la tête. Ses yeux sont remplis de colère. Ils me semblent sauvages. Les pupilles dilatés d'un chat des savanes, prêt à me mordre tapis dans les hautes herbes. Je ne veux pas la fâcher... cette simple idée me terrorise.

-Je suis désolé je ne voulais pas m'introduire dans de ta vie...

Mes mots sont hésitants, maladroits. Presque tremblants sur les bords. La lueur de furie, qui poussaient les iris d'Hanna à briller, disparaissent. Elles retrouvent son éclat rieur, si rapidement que j'en reste bouche ouverte. La douce paume d'Hanna, se positionne en dessous de ma mâchoire pour la fermer.

-C'est moche de rester la bouche ouverte, complète gentiment la jolie blonde.

Son geste est doux, du bout des doigts elle effleure mon menton. Je frémis.

-Je suis contente que tu ai compris la leçon petit agneau.

Hanna caresse ma joue droite, et enfouie son nez contre mon cou. Son souffle chaud balaie ma chair. Je soupire, incapable de la rejeter. Même si je désirais la repousser, je n'y arriverai pas. La belle blonde embrasse très lentement mon cou, avant de murmurer la voix suave,

-Mais laisse moi tout de même te récompenser pour ta loyauté.

Puis dans un hoquet de choc de ma part, elle mord mon cou sauvagement. Elle aspire ma peau, comme un vampire affamée le ferai à sa victime. Des sensations étranges remue mon estomac. Une vague de papillons le noient, et mon coeur bat plus vite que le tir de leurs ailes.

-Tu es vraiment une gentille fille Lizzy, sourit-elle en me montrant sa rangée de perles blanches, qu'elle éloigne de mon cou.

Je reste sans mots, la bouffant du regard. Hanna se retire sans autre parole qu'une œillade malicieuse. A peine ai-je cligné des yeux, qu'elle s'est déjà retiré. Le rideau de douche bouge encore, après son départ. Et moi je reste sous l'eau, avec l'impression de quitter un rêve.
Une vision... avec pour seule preuve de sa réalité, l'odeur cerise d'Hanna.

Je finis par sortir de la cabine, encore en trans par les vapeurs roses de la douche. J'attrape ma serviette, enfile mon pyjama, puis après un rapide brossage de dents, sors de la salle de bain. Je marche le pas zigzaguant le long du couloir. Une fois ma chambre regagnée, je m'étale au sol avec un soupir de fatigue. Mon cerveau cherche à rassembler les pièces de cette scène irréaliste. Hanna m'a fait un suçon... je le sens qui dévore ma chair. Je le sens qui hurle « propriété d'Hanna » du haut de sa couleur naissante. Dans ma peau est gravée par Hanna, le rouge, telle la cerise qui fait son parfum. Je ne peux m'empêcher de me dire que ma vie était plus simple dans ma zone de confort. Au moins j'arrivais à régler les problèmes... puisque je n'en avais aucun. J'ai vécu plus d'expérience en un jour dans cette école, qu'en dix-sept ans d'existence.

-Le sol est crade tu devrais te lever, me lance une voix sans émotion que je reconnais bien à présent.

Lola, bras croisés, me fixe avec cette neutralité qui lui est propre. Ses iris bleues ne me lâchent pas. Elle porte une chemises blanche pour homme, qui met en avant sa poitrine généreuse même si son habit est trop grand. Un short de nuit pas trop court, qui pourtant place à l'honneur sa taille en sablier et son fessier parfait. Elle est incroyablement belle. Son charme est différent de celui d'Hanna. Lola est moins  charismatique qu'elle, mais il est d'une autre nature. Elle a cette aura placide des mannequins dans les magazines de luxe. Puis en l'analysant je comprend un détail important.
Lola est en tenue de nuit.
Donc elle a prit sa douche.
Lola était dans la salle de bain.
Je manque de m'étrangler en le réalisant.

-Lola... tu...

-J'ai ? Est-ce -que je t'ai entendue gémir pendant qu' Hanna te bouffait toute crue ? Oui.

Je m'étouffe pour de bon cette fois, toussotant comme si j'avais avalé de travers. Qu'elle m'ait entendue durant ce moment malaisant, est difficile à faire passer. Lola sourit rapidement, puis s'allonge sur son lit. Sa chevelure brune s'étale le long de l'oreiller.

-Tu sais, lance-t-elle enfin, je sais ce que c'est. Je sais ce que ça fait de voir Hanna. Je sais qu'on peut être fascinée par sa personnalité. Crois moi... après tout je suis sortis un moment avec elle.

Je m'assois doucement sur ma couette, comme de peur de l'interrompre dans sa tirade.
Son regard se fait plus doux. Pour la première fois, les nuances vide de sentiments qui peuplent ses yeux se comblent. Lola paraît plus douce, plus fragile. Le bleu de ses saphirs, se pert dans la couleur sans vie du plafond blanc. Je ne peux empêcher cette admiration naïve en moi de penser,
« elle est magnifique quand elle ne porte pas de masque. »...
Mais bien vite, sa voix froide reprend le contrôle.

-Mais elle te brisera. Elle ne sait que casser Elisabeth. Tu finiras comme toutes les autres. Tu finiras comme moi.

Et sans rien ajouter d'autre, Lola éteint sa lampe de chevet et me tourne le dos.
Elle me laisse, avec pour seule compagnie le noir de la pièce. Et cette unique phrase qui tourne dans ma tête,

« Tu finiras comme moi. »


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Hello ça fait si longtemps. Je m'excuse mais j'ai enfin décidé de reprendre cette histoire en main. Je l'avais laissé à l'abandon et je suis décidé à la finir :3.

Hanna Où les histoires vivent. Découvrez maintenant