Onze cerises 🍒

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« Nous appartenons à deux mondes différents, toi vêtue de rose tu cris liberté et indépendance. Moi sur terre, je ne peux que t'observer briller des étoiles. »

Sortir de l'école s'est avéré bien plus simple que je ne le pensais. Hanna est habituée, elle m'a entraîné dans les cuisines dès que le personnel fût partis. Une fois à l'intérieur une clef en main, la belle blonde ouvrit la porte de derrière.

-Comment peux-tu avoir une clef ?

Elle éclata d'un rire clair, montrant ses dents blanches.

-Je suis secrète comme personne. Je ne les dévoilent jamais. Mais sache juste que rien ne se dresse entre moi et la liberté.

« Rien ne se dresse entre moi et la liberté »... chaque phrase qui sort de sa bouche est si... hanna. Comment est-elle parvenue à construire ce personnage ? C'est la question que je me pose tandis qu'elle sort dans la rue. Je n'ai pas le temps d'y penser plus sérieusement, ses yeux d'ambres sont déjà posés à m'étudier.

-T'as la trouille ?

Oui... je suis morte de trouille. J'ai tellement peur si tu savais. Mais pourtant, je souris et m'avance. En franchissant le seuil de cette académie, je m'extirpe des limites que je me créer moi même. Hanna ne dit rien. J'essaie de faire comme si j'allais y arriver. Je feins de réussir à être confiante. Mais qui peut duper femme cigarette ? Elle s'approche sans un mot, et m'attrape le bras.

-Ça va aller. Je suis là petit agneau.

Et sur ces paroles, elle me prend la main. Hanna la tire brutalement et me force à la suivre. Elle s'esclaffe en courant, ma main toujours enfouit dans la sienne. Son rire résonne jusqu'au ciel. Il fait trembler les étoiles, et mon corps par la même occasion. Sa joie de vivre, pousse un sourire à naître sur mon visage.
Je suis derrière toi Hanna, ne distinguant qu'une tignasse blonde en mouvement. Et ne sentant que ta paume enlacée contre la mienne.
Je cours avec elle, sans savoir où nous irons.
Après dix bonnes minutes, nous nous retrouvons devant un grillage. Hanna me lâche, et soulève le métal quadrillé par le bas.

-Après toi, lance taquine la jolie blonde.

Je souris, et passe en dessous. Hanna passe devant moi, et avance jusqu'à ce qui me semble être une sorte de garage immense. J'ai envie de lui crier d'arrêter. De me ramener... que cet endroit n'a pas l'air du tout sain. Mais les mots refusent de sortir. Ils s'accrochent à ma gorge, et décident de la piquer tandis qu'elle les fait taire. Je finis par lui emboîter le pas.

-Tu vas voir on va rire Elisabeth.

Sur cette phrase, elle ouvre la porte et pénètre à l'intérieur sans se soucier une seconde de mes yeux qui restent sous le choc. C'est grand. Très grand. Il y a du monde un peu partout. Beaucoup de musique et une odeur forte de cigarette, et de ce que j'imagine être de la beuh. Je suis gelée. Incapable de bouger, j'observe Hanna se faufiler parmis les invités. J'ai remarqué une bande de filles, les jupes bien courtes, qui me fixaient en ricanant. Je ne suis pas à ma place. Je détonne dans cette constellation d'ados. Une pièce qui coince le puzzle tout entier.

-Elisabeth !

La voix d'hanna me fait revenir de mes pensées. Elle agite le bras, et je me décide à avancer. Je récolte quelques regards moqueurs en passant, mais surtout pas mal d'indifférence de la part des êtres qui dansent autour de moi. Mes pas s'arrêtent devant Hanna. Elle discute avec des gens d'environ notre âge, assis sur un canapé sombre.

-Les gars je vous présentent Elisabeth.

Il y a une fille aux curly magnifiques, un types qui tire sur un joint, et une petite rousse qui entortille une mèche de cheveux en ne me quittant pas du regard.

-Il est où Seb ? Je pensais qu'il était déjà arrivé, demande Hanna en prenant le joint des doigts de la personne en face d'elle.

-Je suis là, lance une voix de derrière.

Hanna se retourne, et sourit largement à un type aux yeux sombre. Ses cheveux sont en pagailles et sa musculature bien faite. Il est beau... je le reconnaîs. Vraiment beau même. Hanna se jette dans ses bras, et j'ignore pourquoi un pincement salace me saisit le cœur.

-Seb voici Elisabeth. Elisabeth c'est Seb.

Il m'accorde un signe de tête, puis ne fait déjà plus attention à moi. Dans mon ancien lycée, les mecs comme lui attiraient l'attention. Il y en avait toujours un ou deux par niveau. Le genre qui n'a qu'à claquer des doigts pour que les culottes hors de prix de ces dames tombent. Le genre qui plaisaient énormément à Tracy. Le genre qui n'a jamais considéré mon existence. Si la clique de ma classe passée le voyait, une bataille aurait lieu pour se l'arracher.
Seb tient Hanna par la hanche, il est trop proche. Je ne l'aime pas. J'ignore pourquoi, même si au fond je sais connaître la raison. Mais j'ai une rage sans nom à son égard, Seb éloigne toi.
La musique change subitement, Hanna sursaute et sort de l'étreinte de Seb. Ce qui a pour but d'arracher une petite moue, au garçon. Elle me prend la main et m'entraîne sur la piste.
Bad guy de Billie Eilish. Ça lui correspond.

-J'adore cette chanson, s'exclame Hanna en me prenant par les épaules.

Elle danse si bien... les regards des gens aux alentours la bouffent. C'est sexy, son déhanchement est sensuel. Elle sait comment plaire, a conscience de son pouvoir magnétique. Ça l'amuse, elle en joue. Moi qui fuis l'attention, j'ai en face de moi un alter totalement différent. Hanna justement la veut, l'attention. Elle pourrait simplement rester assise, elle l'obtiendrait malgré tout. Je demeure immobile, observe ses mouvements si insouciants. Contrairement à moi qui pensent mes gestes, tout est naturel pour la femme cigarette. Hanna me jette un regard espiègle, et se colle à moi, touchant sans aucune hésitation mes fesses. Le rouge me recouvre le visage. Ses lèvres s'approchent dangereusement de mon oreille. Son souffle balaie ma peau, créant des frissons qui naissent à chaque fois que ses cerises de velour s'approchent sans pitié de moi.

-Ne t'en fais pas pour Seb. Il a l'air du cliché du bad guy. Mais tu veux que je te dises ?

Je ne répond rien, et l'observe me lancer un regard lubrique qui dévore mon corps entier. Des yeux d'ambres voilés de luxure, qui me déshabillent d'un simple battement de cil.

-C'est moi le bad guy, mime-t-elle sur la musique.

Hanna éclate de rire, et attrape ses cheveux dans un mouvement provoquant. Elle caresse ma joue, et me jette ce haussement de sourcil, qui signifie, « pourquoi tant de sérieux ? ». Puis dans un nouveau sourire, elle retourne vers ses amis. Me laissant seule sur la piste, avec la vision de ses lèvres, de sa beauté perverse... d'elle.
Je la vois s'installer sur les genoux de Seb, qui avait prit place sur le canapé. Et sans prévenir, Hanna l'embrasse.
Ses si sublimes cerises dévorent celles de ce bad boy à deux balles. Leurs langues cherchent le contact.
J'ai l'impression d'entendre une cassure. Comme si du verre fragile venait de se briser.
Puis je comprend que c'est l'écho de mon coeur. J'observe la scène, toujours debout.
J'ignore pourquoi ça me fait si mal. J'ai connu tellement d'émotions, au cours de ma petite vie de jouet. J'ai appris pour survivre à me mouler dans le socle d'une poupée étanche. Les mots cruels glissent sur moi, les vagues de haines coulent contre mon enveloppe charnelle sans arriver à m'atteindre. J'ai été triste plus jeune. J'ai conservé ce côté anxieux et paniqué par le social. Mais j'ai toujours réussit à protéger mon coeur. Et à présent je fais face à l'ouragan Hanna. Qui s'amuse à tout chambouler, pour le plaisir. Je ne sais pour quelle raison,  je repense à ce moment plus tôt. Avant que nous n'arrivions à cette soirée.
Hanna m'avait demandé, si j'avais la trouille de sortir du sentier prédéfinit des règles. Mais la vérité.... est que j'ai particulièrement peur de ne plus te revoir. Que tu te lasses, que je te déçoives. Car  je ne parviendrai jamais à rentrer dans ton monde. Tu as ton univers de paillettes. Ta planète rose. Moi je suis sur une terre parallèle. Et jamais je ne réussirai à me faire une place dans ton quotidien.
Ho Hanna si tu savais comme j'ai la trouille de te perdre à jamais...

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Hey, pour me faire pardonner d'avoir été si longue lors de ma dernière publication, je poste ce chapitre plus rapidement :). Et d'ailleurs j'ai déjà commencé à écrire le suivant, il devrait arriver à la fin de la semaine.
J'avais oublié à quel point j'aimais écrire cette histoire :3.
Des bisous cerises.

Hanna Où les histoires vivent. Découvrez maintenant