Trois cerises 🍒

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« Mes orbites sont d'un transparents qui lisent en ton travers. »

J'inspire grandement, puis je finis par rentrer dans l'établissement. Des couloirs sombres, des murs aux couleurs sans âmes... toutes les écoles sont décidément vraiment les mêmes. Excepté qu'aucun élève ne la peuple actuellement. Ça doit sûrement être l'heure des cours.
Je marche à la recherche du bureau de la directrice. Subitement des échos de voix me parviennent, vers le fond.

-Tu as entendue Hanna est encore convoquée.
-Oui une vraie pute cette nana.

Je m'approche sans trop savoir pourquoi. Curieuse, et perdue sans doute.

-Je me demande quand elle finira par enfin se faire virer.
-Bah de toute façon ça ne va pas tarder elle est tellement tarée.

Avec discrétion je m'avance, à pas de chat sur une pointe de pieds timide, et par instinct je me cache. Espionner les gens que je ne connais pas... une activité étrange à ajouter à la longue liste de choses que je fais sans savoir pourquoi. Derrière le mur, mon corps se colle et ma tête avec peur dépasse très légèrement pour regarder qui converse. Dans un corridor, juste en dessous d'un tableau représentant une femme sévère peinte avec minutie, se trouve deux élèves assisses en tailleurs. L'une possède des cheveux d'un blond flamboyant. Une autre, la tête brune posée sur l'épaule de son amie laisse ses yeux bleus vagabonder sur le sol. Un jolie bleu si clair, un joli bleu d'un transparent sans ombre.

-Tu crois qu'elle a fait combien de conneries dans sa vie ?
-Tu peux compter jusqu'à l'infinie ?

La blonde ricane, et laisse sa main caresser le visage de son acolyte. Puis sans prévenir, elle l'embrasse. Je rougis sans savoir pourquoi. Je crois que c'est la première fois que je vois deux personnes du même sexe échanger un baiser. La brune finit par détacher sa bouche, non sans avoir mordue légèrement la lèvre de sa partenaire lui arrachant un petit gémissement.

-Faire des trucs pendant les heures de cours, fais attention tu pourrais devenir aussi perverse que cette Hanna.

La blonde soupire, mais offre un clin d'œil à la brunette.
-Arrête tu pourrais me vexer.

Mon téléphone vibre subitement. Je sursaute, prise de panique je l'éteins en vitesse. Un simple message de mon père qui me souhaite
« bonne chance », me porte justement la malchance...

-C'est quoi ça ?!
Les deux se lèvent subitement et s'avance pour me coincer derrière le mur.

-Tiens on a une espionne.
-On t'as jamais dit que c'est extrêmement impolie d'écouter les gens ?

La blondinette me toise avec un sourcil arqué, la seconde m'offre un visage sans émotion. Je peux alors les détailler de plus près. Elles sont... incroyablement mignonnes. C'est ce que je pense en m'attardant sur l'une. Puis lorsque je plante mes iris dans celles bleutées de la seconde... je comprend que l'adjectif
« mignonne » est loin de suffire. Elle est magnifique.

-Je... pardon... je n'écoutais pas je suis juste perdue je...

-Une nouvelle ?
Elles soupirent avec une synchronisation effrayante. Par réflexe je tente de reculer, oubliant par mégarde que j'étais déjà pieds au mur. L'expression prend un tour ironique dans cette situation. Je suis vraiment pieds au mur, dans les deux sens.
-Viens on y va Lola elle semble complètement effrayée. Ça vaut pas le coup.

Le regard transparents de la jeune fille ne me lâche pas. Comme si elle pouvait voir au delà de ma personne, comme si ses yeux pouvaient lire au travers de mon corps, tel un être de cristal.

-Oui... j'imagine que ça ne vaut pas le coup...

Elles finissent par s'en aller, non sans que je ne reçoivent un nouveau coup d'oeil analyseur d'un bleu profond. Je baisse la tête gênée... je suis vraiment incapable de faire une bonne impression... peu importe l'endroit où mon corps maladroit pose le pied.

-Au fait, lâche la fille aux orbites des mers, le bureau de la proviseure est au fond du couloir sur ta droite. J'imagine que c'est ça que tu cherches la nouvelle.

Avant que je puisse lui dire un merci surpris, les deux élèves étaient déjà partie. J'ai dû passer pour une étrange gamine un peu effrayante... dans le fond je suis probablement ça...
une gamine étrange.
Je lève les yeux vers le plafond sans vie de l'école. Puis mes chaussures cirées couinent, pour avancer dans la direction qui m'a été indiquée. Je finit par atterrir devant une lourde porte, peinte dans des tons acajous. J'entends au travers des cris. Puis avant que je ne puisse toquer, elle s'ouvre brusquement. Mon regard se rétrécie sous la surprise quand il l'aperçu...
la jeune fille aux cigarettes à la fraises...
Elle semble aussi surprise que moi, mais bien vite un sourire en coin remplace cette expression.

- Tiens le petit agneau. Mais tu es partout dis moi.
-Je... oui...

Je déteste bégayer... mais elle est si belle...

-Mademoiselle Marrubi ! Nous n'avons pas terminé ! Revenez dans le bureau tout de suite, tonna une voix au timbre sec.
Les jolies yeux d'ambres de la concernée se levèrent au ciel.

-Mais si on en a finit regardez une autre élève vous attend. Et au fait madame la directrice vous pouvez m'appeler par mon prénom vous savez.

-Hanna ! Ce que tu peux être insolente ! Reviens ici !

Mais elle n'en fit rien, et avant de franchir le seuil la jolie blonde pressa gentiment mon épaule non sans un clin d'oeil.

-Au fait moi c'est Hanna.

Hanna Où les histoires vivent. Découvrez maintenant