▬ 𝐆𝐑𝐄𝐄𝐍𝐆𝐑𝐀𝐒𝐒 | harry potter

I

TOUT ÉTAIT SI FLOU et confus dans sa tête et un flot d'informations se bousculait furieusement avec fracas. Des éclats de vie lui revenaient à la mémoire : des rires d'enfants, des cris terrorisés, des larmes, du sang et des regrets... Une nouvelle page de son amère existence allait se tourner. Rien ne serait jamais semblable à avant, elle en était consciente.

Une terrible sensation de peur lui saisit les entrailles et elle crut que ses jambes allaient céder sous son poids tellement elles chancelaient. Elle inspira puis expira, consciente des lourds regards de reproches qui pesaient sur elle. Elle fit un pas en avant, puis un deuxième et la jeune Astoria Greengrass franchit le quai de la voie 9¾, tirant derrière elle une lourde et vielle valise en cuir usé, contenant toutes ses affaires scolaires, achetées quelques semaines plus tôt sur le Chemin de Traverse.

Le Poudlard Express se tenait fièrement devant elle, flamboyant et rejetant des panaches de fumées. Des tas de familles étaient présentes, des chouettes volaient dans tout les sens et hululaient, des mères serraient leurs enfants dans leurs bras, des parents discutaient entre eux... L'agitation et l'excitation était palpable dans l'atmosphère. Il y régnait un mélange de désordre, de tendresse et d'angoisse.

Au milieu de tout ce vacarme, un jeune homme à la chevelure d'un blond délavé contrastait avec ce décor vivant. Il était si pâle et paraissait ennuyé par ces démonstrations d'affections. Il était entouré de ces deux acolytes - qui ressemblaient plus à des gorilles qu'à des garçon de leurs âges - affichant un air arrogant et méprisant à l'égard d'une fille aux dents proéminentes et aux cheveux bruns ébouriffiés. Plus loin, deux sorciers de septième année s'embrassaient furieusement, sous le regard parfois amusé, parfois irrité de la foule. Astoria fit une moue de dégoût et détourna les yeux. Elle remarqua, un peu à l'écart des autres, un homme au teint maladif qui portait une robe miteuse et une malle sur laquelle était inscrit en gros : « Rémus Lupin ». Elle fronça les sourcils en pensant qu'il ne payait pas de mine.

Astoria eut un faible sourire et détourna le regard. Elle était jolie avec ses longs cheveux bruns et ses yeux bleus naïfs et innocents, s'émerveillant encore de la beauté du monde. Elle était jolie mais n'était pas belle. Sa mère le lui répétait sans cesse. Son teint pâle, sa maigreur et son manque d'assurance l'enlaidissait. Ludwiga Greengrass avait tenté de trouver des solutions : crèmes magiques pour le teint, régimes spéciaux... mais rien n'y faisait et Astoria restait d'une banalité affligeante.

Les mains tremblantes, la jeune fille releva la tête pour croiser le regard de son père, l'illustre Edward Greengrass. Il arborait une expression neutre et nonchalante mais ses pupilles d'un bleu azur trahissaient ses émotions. Les. Sangs-Purs se devaient de rester maîtres de leurs émois afin de ne pas céder aux terribles tentation de l'amour. Les mariages étaient, pour la plupart, un moyen de préserver la pureté du sang et de solidifier des alliances perdurant sur plusieurs générations. L'affection, même si elle existait, ne devait être dévoilée. Astoria s'en était accommodée avec le temps. Pourtant, son cœur se pinçait chaque fois qu'elle croisait une mère enlaçant sa fille avec amour.

Elle soupira, adressa un dernier au revoir à son père avant de se tourner vers Ludwiga. Celle-ci s'approcha d'Astoria, lui posa sa main parfaitement manucurée sur l'épaule avant de susurrer d'un air doux et menaçant :

- Prends-soin de toi, Astoria. Ne te mêle pas aux sombres affaires de Poudlard, soit sage et honore les Greengrass. Ne donne jamais une mauvaise réputation de notre famille et n'ai jamais honte de tes ancêtres... Le moindre faux pas entachera la réputation de notre valeureuse ascendance.

Elle était semblable à un serpent prêt à dévorer sa proie. La sorcière serra davantage la pression qu'elle exerçait sur l'épaule de sa fille avant de continuer :