prendre soin - VI

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Drago s'apprête à parler, lorsque quelqu'un entre.
On sursaute tous les deux.
C'est Cindy.

« Bonj... oh. Je croyais que vous travailliez, Drago?
- Ah, hum... (Il s'éclaircit la gorge.) J'allais y aller, justement.
- Je vois ça. »

Je regarde Drago partir.
Cindy regarde sa montre.

« Nous devons vous administrer quelques potions et quelques sorts. Vous dormirez toute la journée, mais normalement, si tout se passe bien, vous pourrez sortir de l'hôpital dans deux jours. (Je ne répond pas.) Harry? Il faut que vous alliez vous coucher dans votre chambre... Harry ? Vous m'écoutez ? »

J'hoche la tête.
J'ai envie de pleurer.
Je n'ai nulle part où aller.
Je n'ai pas de chez moi.
Je pourrais sûrement aller chez Hermione et Ron. Mais j'en ai pas envie.
J'ai envie de tout recommencer, de ne pas m'être endormi pendant 8 ans.
J'ai envie de voir Drago, alors que ça fait 2 minutes qu'il est parti.
Le voir répare mon cœur.
Je crois que...
Non, quand même pas.
Je crois bien que je l'aime.
J'sais pas.
Peut-être que je pourrais habiter chez lui?
J'espère.
J'espère que le moment de tout a l'heure voulait dire quelque chose pour lui.
J'espère que c'est réciproque.
J'espère qu'il m'aime.
Je refoule mes larmes.
Je vais me coucher dans mon lit sans dire un mot.
Dans la chambre, les assistants sont déjà là.
Je m'allonge.
Il me jettent un sort, et je m'endors encore.

~

J'ouvre les yeux.
Je n'ai jamais aussi bien dormi.
Je me lève. Il est 9h.
On est sûrement le lendemain.
Aujourd'hui, je vais prendre soin de ce tas d'ossements.

Je commence par prendre une douche.
Une douche longue, chaude, avec beaucoup de savon, de bulles et d'eau, une douche qui n'a rien à voir avec les sorts qu'on me lançait pour que je sois propre en un clin d'œil.
Ce tas d'ossements mérite bien ça.
Je sors de la douche et je m'observe, nu.
Mon corps n'a pas vraiment changé.
Sauf que je suis plus maigre, plus poilu et plus grand. Au moins, je n'ai pas l'air en trop mauvaise santé.

Je remet mes lunettes.
Je laisse mes cheveux longs sur mes épaules.
Je ressemble à Sirius, comme ça.
Ça me fout le cafard.
Je déniche un ciseau dans le tiroir du lavabo et je me coupe les cheveux très court, avec rage, en pleurant encore et encore et encore, sans trop savoir pourquoi...
Les cheveux longs, ça ne me va pas.
Ça ne me va pas du tout.
Pas du tout du tout.
C'est la coupe de Sirius. Je la lui laisse.

Ensuite, je fouille un peu partout dans ma chambre et dans la salle de bain pour me trouver des vêtements corrects.
Dans une armoire, je trouve toutes les affaires que j'avais laissées chez les Weasley et à Poudlard.

Il y a aussi la tenue que je portais en arrivant ici.
Elle est trop petite pour moi, maintenant.
De toute façon, elle est calcinée et toute tachée de sang.

J'enfile un jean noir et le pull que Molly m'avait offert en décembre 1999, le Noël d'après la guerre.

J'explore seulement les deux pièces dont je dispose ; je n'ose pas sortir pour l'instant.

Sur ma table de chevet, il y'a une bouteille d'eau et un panier de sandwiches qui se remplissent à l'infini.
Sous mon lit, il y a une centaine de lettres, de dessins et de cadeaux pour moi.
Certains dessins et certaines lettres ont l'air d'avoir été accrochées au mur puis arrachées quelques années après.

En tout cas, sur mon mur, il n'y a rien à part un tableau d'un colibris horriblement laid.
J'aimerais tellement avoir ma baguette, pour tout repeindre en jaune, en bleu, en rose, en vert, en rouge, puis mieux me couper les cheveux, puis faire disparaître des vaisseaux éclatés sur ma tronche et des mes yeux tous pétés, pour que je redevienne moi-même, et que j'aille mieux.
Ça se trouve, je saurais même plus m'en servir.

Mais peut être que quelqu'un me l'a apportée ! Je crois que je l'avais laissée dans ma table de chevet. Je sais plus vraiment. Hermione avait bien dû me l'apporter! Elle sait à quel point j'y tiens...
Je me met alors à fouiller les deux pièces de fond en comble ; d'abord, je vide tout le contenu de ma valise sur mon lit ; je retrouve énormément de choses, mais pas ma baguette.
Je vide tous les tiroirs, les meubles, les sacs, je regarde sous mon coussin, sous mon matelas, sous le lit, sous la couette...
Je ne trouve rien.
Puis d'un coup, je me souviens.
Je me souviens que je l'avais sur moi quand je suis tombé... je l'avais sentie, dans ma poche...
Dans ma poche de pantalon !
Je me précipite sur mon lit et fouille dans le tas de vêtements et de vieux souvenirs, jusqu'à dénicher mon jean, ma veste et mon t-shirt calcinés et tachés de sang.
Je fouille dans les poches de ma veste, dans les quatres poches ; rien.
Rien dans mon t-shirt, ce qui y est logique.
Il ne me reste que mon vieux jean bleu.
Je fouille dans les poches en prenant mon temps.
J'ai peur de ce que je vais trouver, ou alors ce que je ne vais pas trouver.
Rien dans les poches arrières.
La poche avant droite de contient rien.

La poche avant gauche, elle, abrite deux jolis bouts de bois fendus, brûlés et étincelants.

Tomber et aimer - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant