revivre - VIII

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Le lendemain, je me sens mieux.
Je n'ai plus envie de pleurer.
J'ai même envie de... faire des choses.
De... d'oser. D'oser sortir. D'oser revivre.
J'ai même envie de faire plein de trucs.
Revoir les Weasley, mes anciens amis, voyager, habiter avec Drago, cultiver des plantes, apprendre, tout comprendre, tout voir, tout écouter. Tout Vivre.

Je pourrais sortir ce soir à 19h, après mes derniers sortilèges.
J'ai hâte.
Là, il est 11h.
Drago dort.

Hier après midi, Drago, après m'avoir écouté, a dormi dans ma chambre, puis il est redescendu en bas, cette nuit, à une heure, pour travailler.
Il est revenu dans ma chambre à 6h. J'étais réveillé. Donc il s'est couché avec moi et on a dormi. On a seulement dormi, côte à côte, en se tenant la main, sans gêne.
C'était une belle nuit, calme. J'étais serein. Détendu, même.

Comme j'le disais, aujourd'hui, j'éprouve une grande joie. J'ai enfin envie de sortir et de faire autre chose que de regarder les mouches voler.

Alors, je me lève.
Je me douche.
Je m'habille.
Je mange.
Je bois.
J'attend Drago.
Je lis.
Drago se réveille.
Je me lève et vais le prendre dans mes bras. Il m'enlace. Je l'embrasse.

Il se lève ensuite.
Il se douche. S'habille. Mange. Bois.

Pendant qu'il engloutit une tartine, je lui décrit l'élan d'espoir et de joie qui m'envahit.
Il sourit.

« Dans ce cas, sortons... »

Je ris. Il se lève et ouvre la porte.
Je le suis.
Tandis que mon cœur cogne, je passe un pied dehors. Puis un autre. J'avance.
Ça y est.
J'suis sorti.
Je suis hors de cette chambre, debout, éveillé, conscient, dans une bonne forme, pour la première fois depuis huit ans.

« Tu veux aller où?
- Heuu... Comme tu veux.
- On à qu'à aller au parc, tu pourras respirer l'air puuuuuur... c'est juste là, derrière la grosse porte (il montre une porte vert pomme, triste et peinte maladroitement ; elle se tient timidement tout au fond d'un étroit couloir composé de petites portes jaunes).
- Hum. Ok. Ça m'va. »

Je respire un grand coup l'air climatisé et médicamenteux de l'hôpital, et je suis Drago jusqu'à la porte mélancolique. Celle-ci couine quand il l'ouvre.
Drago sort dehors.
Je le suis.
Dans le parc, personne.
Un vent brûlant souffle sur ma peau blafarde et vient secouer les feuilles d'un arbre. Un moineau vient se poser près de nous. Drago lui donne des miettes de pain ; il sent bien que j'ai envie d'être seul avec moi-même.
J'avance seul dans le parc.
L'herbe est verte, jaune, voire marron par endroits. Le soleil tape très fort, tout comme mon cœur, mais la vie est toujours là. J'enlève mes chaussures, qui ressemblent plus à des chaussons, et je pose mes pieds sur la pelouse mal tondue. Je ferme les yeux, je crois que je pleure, ou alors peut-être qu'il pleuviote, je ne sais pas. Je me concentre seulement sur mes sensations.
Je ne fais attention qu'à l'herbe qui chatouille mes orteils, le vent qui effleure ma nuque, le soleil qui brûle ma joue, les manches de mon t-shirt qui ondulent au gré du vent, et mes doigts qui se touchent les uns les autres, puis mes poings qui se serrent fort, très fort...
Je souris. Je sens une lame couler le long de ma joue, puis de mon menton, de mon cou. Je baisse la tête. Mes orteils font l'éventail dans l'herbe. Je m'allonge dans l'herbe. Je crois que Drago me regarde, ou peut-être qu'il est encore avec son moineau.
Je m'allonge à plat ventre, face contre le sol, le nez dans l'herbe, bras étendus.
Je soupire. Et je souris.

Tomber et aimer - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant