Déjà la rentrée. Bordel, pourquoi ai-je l'impression que l'été est passé comme un claquement de doigts ? Encore hier, je me sentais en vacances. Et pourtant, me voilà en route vers ma première journée d'université. Je n'ai aucune idée à quoi m'attendre et même si j'ai honte de l'admettre, ça me fout la trouille. C'est un tout nouvel univers qui se présente à moi et j'ai peur. Il faut avouer que les dix-huit dernières années de ma vie passées dans un trou paumé n'ont en rien aidé à ma découverte du monde et à mon appréhension pour le changement. Ma famille ne fait pas partie des mieux nantis de ce pays, c'est encore étonnant que je puisse poursuivre mes études. D'ailleurs, heureusement que j'ai eu droit aux prêts et bourses !
Je n'avais pas envie de rester encore bien longtemps dans ma petite ville. J'avais l'impression d'y être prisonnière, en quelque sorte, prisonnière d'une vie qui n'était pas la mienne. Et même si je ne suis pas une fanatique des changements - merci anxiété - je crois que celui-ci pourrait m'être bénéfique. Un mal pour un bien comme on dit ! Enfin, je l'espère.
Un pied devant l'autre, je marche jusqu'au bâtiment principal où je vais récupérer ma carte étudiante ainsi que mon agenda. Mais c'est qu'il est affreux cet agenda ! Même mon neveu de deux ans qui sait à peine tenir un crayon est meilleur artiste. Note à moi-même : lui apporter cette monstruosité la prochaine fois que je le vois. Il ne peut assurément pas faire pire.
Je le range tout de suite dans mon sac et glisse ma carte dans la poche de mon jeans. Puis, suivant les quelques indications affichées sur les différents murs, je me dirige vers l'aile où se trouve, heureusement pour moi, la majorité de mes cours, dont celui de ce matin, 8h. Je jette un œil à mon portable : 7h34. Je suis large.
Tout comme moi, de nombreux étudiants sillonnent les couloirs à la recherche de leur local. Je m'amuse, sur mon chemin, à les observer un peu. Certains ont l'air nerveux et perdus, d'autres vagabondent nonchalamment, les écouteurs enfoncés dans les oreilles. Alors que la plupart semblent avoir mis le paquet sur leur tenue de rentrée, quelques-uns paraissent tout droit sortis du lit, et c'est même probablement le cas. Et ça, c'est sans parler de toute cette diversité. Je crois n'avoir jamais vu autant de gens ethniquement et physiquement différents dans un même endroit auparavant. C'est tout simplement magnifique et je me surprends à afficher un léger sourire.
Pendant plusieurs minutes, je suis une fille marchant devant moi. Cela me donne suffisamment le temps d'admirer tous les écussons collés à son sac. La plupart sont des drapeaux de partout dans le monde. Je reconnais entre autres les États-Unis, l'Espagne, l'Allemagne, l'Australie et la Chine. Un petit drapeau gay figure aussi dans le tableau coloré. De plus, nombre de macarons à l'effigie de différentes associations sont accrochés au tissu de ce porte-souvenir ambulant.
Je souris alors qu'un petit pincement me serre la poitrine. Voyager avait, du plus longtemps que je me souvienne, été l'un de mes rêves les plus chers. J'aurais aimé, et j'aimerais encore, voir ces paysages époustouflants qu'on ne voit que sur les calendriers, ces animaux exotiques qu'on ne voit que dans les reportages sauvages et découvrir ces cultures qui font de notre monde un endroit si intéressant et riche.
Après une dizaine de minutes à parcourir ces couloirs étroits, j'atteins finalement ma destination : le local L-112. Pour un cours universitaire, je m'attendais à plus grand comme salle. Apparemment, nous serons peu dans ce groupe. Tant mieux.
J'entre timidement dans la classe qui, je l'admets, ressemble énormément à n'importe quelle classe dans laquelle j'ai déjà eu des cours. Sur le grand tableau blanc au-devant de la classe est écrit un énorme « BIENVENUE » suivi du plan pour le cours d'aujourd'hui, qui ne s'avère pas très compliqué.
Mon enseignant, M. Leroy si j'en crois l'inscription au tableau et sur mon horaire de cours, se tient debout près de son bureau. Je passe près de lui afin de trouver une place le long des fenêtres et il me salut, ce que je fais en retour. Il a l'air sympa pour un homme de son âge. Enfin, il n'est pas vieux, mais bon, il n'est plus tout jeune non plus comme en témoignent ses cheveux poivre et sel. Tout compte fait, il devait être plutôt bel homme dans sa jeunesse.
Je trouve un siège libre à l'arrière, près d'une fenêtre donnant vue sur un grand chêne ayant grandi tout près du bâtiment. Avec un peu de chance, je pourrai y observer quelques oiseaux ou même des écureuils. Ça me changera les idées si jamais je m'ennuie. Pas que je prévois de m'ennuyer, mais ça peut toujours arriver, même dans les cours qui nous plaisent.
À la base, j'aurais voulu faire médecine. J'aime prendre soin des gens, les aider à aller mieux et leur permettre de reprendre le cours de leur vie du mieux possible. J'aime bien aussi tout ce qui touche le corps humain d'un point de vue scientifique. Le corps est une machine si magnifique, si extraordinaire, aux capacités surprenantes.
J'ai aussi la chance de ne pas être dégoutée par la vue de sang ou de plaies ouvertes. Depuis que je me suis ouvert la jambe lorsque j'avais huit ans, c'est une phobie qui est complètement disparue.
Cependant, j'étais loin d'avoir les résultats scolaires exigés pour ce programme et les frais de scolarité y étaient nettement plus élevés que ceux de mon programme actuel, littérature. Mon premier choix étant hors d'atteinte, je me suis tournée vers mon seul autre intérêt : la lecture.
Depuis toute jeune, je dévorais des romans les uns après les autres, comme si les mots étaient mon oxygène. Ma chambre, qui était déjà petite, ressemblait à une mini-bibliothèque avec ses piles et ses piles de livres longeant les murs. Ces montagnes de papier représentaient un trésor, un trésor me permettant de m'évader, de devenir quelqu'un d'autre, de découvrir d'autres univers. La lecture avait longtemps été ma seule source de bonheur et de réconfort. Ainsi, la littérature m'avait semblé un choix raisonnable et réaliste dans lequel je pourrais tout de même m'épanouir et m'amuser. Je ne sais pas trop encore vers quel métier me mènera ce programme, et c'est pour cela que je l'ai choisi : il est plutôt général. Mais les métiers de critique ou de correctrice m'attirent déjà beaucoup. J'ai bien encore le temps d'y réfléchir après tout.
Assise dans mon coin, je contemple distraitement la classe et les nombreux étudiants présents. Me sortant de mes pensées, une jeune femme entre à son tour dans la classe et... toutes mes fonctions vitales cessent leur activité.
Tess.
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Identité [GxG]
RomanceArya ne s'attendait certainement pas à ce que ce feu se rallume si vite, à ce que sa vie soit tout à coup chamboulée. Depuis toujours, surtout depuis les derniers mois, elle tentait du mieux possible de séparer sa vie réelle et sa vie virtuelle. Par...