Chapitre 4 - réalisation

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« (Killua) : Je suis rentré... »

Alluka m'attendait, des poches sous ses yeux océans. Son air changea du tout au tout lorsqu'il me vit.
Il savait. A l'instant précis où nos regards s'étaient croisés, il avait su.

« (Alluka) : Tu ne penses qu'avec ta tête, plus avec ton cœur. »

Les dires d'Alluka me secouèrent. Que voulais t-il dire par là ?
Je m'approchais de lui, mais il me repoussait en me jetant un mauvais regard.

« (Alluka) : Où est passé ta compassion ! Tout ce que tu m'as appris grand frère... L'empathie, c'était bien cela ? »

Je baissais les yeux. Je ne devais plus en avoir pour mon ami, Gon. Je devais le traiter comme un inconnu.
Ainsi... ainsi...
Les choses redeviendront comme avant. Il se remettra sur pieds, il rebâtira sa vie et tout ira pour le mieux. C'est la meilleure option.
Plus, je ne supporte pas le voir dépérir tel qu'il le fait. Je suis la cause de ses ennuis, je ne suis pas arrivé à temps pour le sauver de Pitou, je n'ai jamais fait les bon choix...
J'étais celui à blâmer, Alluka avait raison de le faire.

« (Killua) : C'est un mal pour un bien... »

Mon frère me lâchait son ours en peluche en pleine face, je ne l'évitais point.

« (Alluka) : Tu es le seul à pouvoir le sauver ! Il n'y a personne d'autre qui puisse le faire ! »

Désormais, c'était lui qui s'approchait dangereusement de moi.

« (Alluka) : Le meilleur ami et le seul que tu n'aie jamais eu t'as sauvé et t'as toujours montré la bonne voie. Aujourd'hui il a besoin de toi et tu... tu... »

Il tomba à genoux, pleurant. Mes stupides actions l'affectaient énormément et le voir dans cet état ne me rendait rien de moins que vulnérable.
Je m'effondrais de même et le prit dans mes bras pour le rassurer et étouffer mes larmes qui commençaient à s'écraser sur le sol.

« (Killua) : Je sais Alluka... je sais !! Je sais que je suis égoïste, je sais que je ne le mérite pas, je sais que je n'aurais rien d'aussi bien que lui ! »

Je le serrai encore plus fort.
Mon dieu, je ne savais plus quoi faire. Je m'étais persuadé que la meilleure solution était de m'éloigner de mon ami et me voilà de nouveau à douter de mes actions. Je serais prêt à prendre toutes les souffrances du monde pour Gon, je devais me racheter auprès de lui, lui faire vivre des choses incroyables.
Cependant... en étais-je capable ? Je doutais terriblement de moi et j'échouerais. J'en étais sûr.

Un sanglot m'échappa. Les mains de mon frère se firent timidement ressentir dans mon dos pour me rassurer.

« (Alluka) : Gon... ne trahira jamais votre lien. »

Je relevais soudainement la tête. Il avait raison.
J'étais le seul à l'avoir trahi en coupant tout contact. J'ai été le seul à douter de notre relation, notre fidélité.
Avais-je le droit de revenir sur mes pas ? Tomber à genoux devant lui et lui demander pardon pour mes comportements enfantins ?
Je serais prêt à tout pour me faire pardonner, tuer des milliers d'innocents s'il le fallait.
Je pouvais... tout faire pour lui.

Alluka me sortit de mes pensées et me prit le visage en coupelle en souriant.

« (Alluka) : Le grand-frère que je connaissais aimait Gon. Il aurait effacé les erreurs du passé et vécu le moment présent du temps que Gon soit de son côté.

(Killua) : Alluka... Gon n'est plus de mon côté, je lui ai dit que s'en était fini de nous deux.

(Alluka) : Mais le Gon que je connais restera toujours de ton côté même dix ans après. »

Je souriai doucement. Il cachait bien son jeu ! Je me recroquevillais doucement sur moi-même et posa mes poings sur le sol, pleurant d'un grand soulagement.
J'étais tellement désolé d'avoir douté, de ne pas avoir pris sur moi toute cette douleur et d'avoir tout posé sur tes épaules, Gon. Je m'en veux tellement.
Mon soleil, le seul que j'aurais.

Je pris Alluka par les épaules, un peu plus confiant.

« (Killua) : Que dois-je faire..? »

Il sourit, et pointa du doigt ma cage thoracique.

« (Alluka) : Moins réfléchir, écouter ton cœur. »

C'était décidé. Je resterais auprès de toi, Gon. Et jusqu'à ce que mort s'en suive s'il le faut.

Je me relevai et m'excusa auprès de mon frère que j'allais revenir à l'hôpital voir Gon et réparer mes récentes erreurs.
Il s'en vu rassuré et se coucha avec son ours en peluche. Je le bordai, lui offrit un dernier sourire et m'élançai à travers la nuit pour réparer les pots cassés.
Je t'en prie, pardonne-moi Gon.

         La lune se faisait haut dans l'infini du ciel. Je sautai de toits en toits, espérant de tout mon cœur qu'il m'offre une seconde chance.
Je te libérerais, Gon.

[PDV GON]

La tristesse venait me consumer à petits feux. Je pensais être devenu impassible à toute douleur mais il semblerait que quelque chose m'ait surpassé : Killua.
Le voir s'éloigner de moi tel qu'il l'avait fait avait déclenché un torrent de larmes dont je n'arrivais pas à contenir le flot. Mes yeux brûlés par la peine, je me les frottais sans cesse en espérant que ma douleur s'efface.
Qu'allais-je faire, sans personne à mes côtés ?
Qu'allais-je faire, de cette belle vie qui n'était plus ?
Je ne le savais point. Tout ce que je voulais, c'était frapper les murs, déchirer les peintures blanches de cette pièce et courir loin, très loin.
Je ne savais même plus courir, j'avais perdu le prix de ma liberté.
Ma toute nouvelle liberté s'appelait Killua, et si elle disparaissait... je dépérissais.

Je l'avais mérité, je le reconnais.
Et si par un miracle il reviendrait, je le repousserais. Je m'en excuse, je le blesse.
Mais si il reste ici, il mourra lui aussi et il en était hors de question.

Je me levai lentement et sûrement et posa mes mains sur le mur d'en face. D'un élan, ma tête vint fracasser la surface plate.
Et encore un coup, un autre, et encore un autre...

Jusqu'à ce que la douleur dans mon coeur déguerpisse.

Please save my life again. (En cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant