Le soleil était éblouissant. Il m'aveuglait et réchauffait ma peau, tandis qu'un vent frais nouait nos cheveux. Il apportait les effluves de la forêt après la pluie : la senteur de l'herbe humide, l'odeur de l'humus en décomposition et le parfum de la terre, fraîche et entêtante. Des senteurs que j'adorais. Il ramenait les murmures des arbres aux feuillages denses et des branches craquantes.
Mais il ne disait rien du reste.
Il se taisait à propos du monde extérieur, nous épargnant quelques instants dans notre bulle coupée du monde, éloignée des malheurs et des autres, humains comme envahisseur.
- Si jamais il devait m'arriver malheur, promets-moi que tu le protégeras.
Sa voix était douce, si douce!, plus que la caresse de la brise, que le roulis tendre d'un ruisseau ou que le chant de ces oiseaux qu'elle aimait tant. Elle était encore si mélodieuse, si pleine de vie, encore entachée d'espoir. Elle me semblait à mille lieux de la mienne : dure, froide, cassante. Vide, elle ne pouvait que tenter de cacher ce qu'elle savait. Elle ne pouvait que tenter de nier ce qu'elle avait vu, ce qu'elle avait fait.
Je serrais ses doigts entre les miens, entre nos genoux.
- Il ne t'arrivera rien.
Je l'empêcherais, ajoutais-je dans le secret de mon esprit.
Je voulais y croire. En fixant le ciel d'un bleu limpide si loin au dessus de nos têtes, je voulais y croire. J'osais espérer que je pourrais l'empêcher. J'éviterais que l'histoire se répète. Encore fragilisée par le deuil, je me raccrochais à sa paume. Cette fois, je ne me contenterais pas d'être là. Je me le promettais en dessinant les traits de son visage de mes yeux fatigués.
Un souffle de vent souleva ses cheveux blonds. Mon amie les rattrapa d'une main fine, celle d'un pianiste se plaisait à dire ma mère et d'un chirurgien selon la sienne. Ce simple geste m'hypnotisa. Lauren avait toujours été gracieuse. Le moindre de ses mouvements était aérien. Il semblait s'accorder sans mal avec ce qui l'entourait.
- Peut-être. Mais peut-être que si.
Déconcentrée, je mis un temps à saisir ses mots.
- Je sais que c'est égoïste... Elle se pinça les lèvres, hésitant à poursuivre. Mais j'ai vais être égoïste. J'ai besoin de savoir que ça ira pour ceux que je laisserai derrière moi. J'ai besoin de savoir que vous ne serez pas seuls, qu'Evan pourra compter sur toi et que toi aussi, tu pourras compter sur lui.
Ses yeux plongèrent dans les miens, me nouant la gorge.
- Ne le laisse pas tomber, Kaly. S'il te plait.
Leur bleu était si grave, si triste, presque résigné, comme si elle savait.
Sauf que c'était impossible.
Elle ne savait rien.
Elle connaissait seulement les rumeurs qui nous provenaient de l'extérieur, de ceux qui fuyaient la ville.
Le cœur battant gravement, trop, j'ouvris la bouche. Sans pour autant savoir quoi dire. Un mensonge de plus. Un silence coupable de plus. Je ne savais pas. Ma seule conviction était que je ne pouvais pas lui dire. Je ne pouvais pas le dire, à personne. Jamais.
- Promets-le moi, s'il te plait. Me supplia une ultime fois ma meilleure amie. Protège Evan.
Faiblement, j'hochais la tête. Mes lèvres ne voulaient plus se séparer alors que mes dents les mordaient. J'étais incapable de lui résister, pas avec cette urgence qui tremblait dans sa voix, pas avec l'intensité de son regard. Il m'affirmait haut et fort qu'il avait déjà pris sa décision. Il m'intimait sans détour qu'il savait, sans que je ne puisse saisir ce à quoi il faisait référence. La pression plus forte de ses doigts autours des miens m'étrangla tandis que mon cœur battait plus fort dans ma gorge.
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Always Human - Still Other (Publication irrégulière)
FanfictionLes quatre premières vagues se sont abattues sur la Terre. Les Autres ont suivi, prêts à tout détruire pour se l'approprier. La Cinquième Vague approche. Vosch y a veillé. Et elle est prête à déferler. Il n'est plus temps de choisir. La guerre a com...