Always Human - Still Other (Publication irrégulière)

Chapitre 8 : Evan Walker est un Autre

- Evan Walker est un Autre.

Je cessais de respirer.

Cassie avait lâché sa bombe.

Le silence qui s'en suivit fut plus assourdissant que la déflagration elle-même.

C'était la partie du plan de mon amie dont j'étais la moins fan.

Nous en avions discuté. C'était inévitable. A un moment où à un autre, il aurait fallu révéler la véritable nature de Evan. Notre véritable nature. Je n'étais juste pas sûre que là, maintenant, ce soit une bonne idée. 

Mais, a priori, il n'y aurait jamais de bon timing pour ce genre de révélations.

Les Humains n'étaient pas prêts.

Pas prêts à entendre que la plus grande menace venaient d'eux-mêmes. Qu'elles s'étaient infiltrées en eux-mêmes. Penser que Vosch les avait contrôlés était une défaite en soi. Alors penser que le Général n'était que l'une des têtes de l'hydre destinée à les anéantir, et que ces autres têtes avaient leurs visages, était un véritable cauchemar.

Le calme s'éternisa, laissant la réplique raisonner dans leur esprit et insinuer un peu plus profondément l'idée qu'ils rejetaient pourtant avec véhémence.

J'observais avec attention tout ce petit monde à la respiration suspendue. Je devais être prête à régir la première en cas de... complications. Les traits tirés et les lèvres pincées, les deux filles avaient l'air d'avoir avalé une souris qui ne passait pas. Les garçons quand à eux ouvraient de grands yeux de chouettes incrédules.

Je me fis la réflexion qu'au moins l'un des deux ne devrait pas être à ce point surpris, lorsque son regard se porta sur moi. D'une œillade acérée, je lui décochais un avertissement implacable. Ce n'était pas le moment pour lui de se prendre pour un héro et de faire marcher sa grande bouche, où je m'assurerais qu'elle soit suffisamment large pour atteindre ses imposantes oreilles.

Ringer devait avoir un sixième sens me concernant. Quand je détournais mon regard noir du pauvre Dumbo frissonnant, je croisais brièvement le sien, avant qu'elle ne le reporte longuement vers son camarade. Je serrais les dents, incapable de déterminée ce qu'elle avait vu ou saisi de notre échange silencieux. Néanmoins, sa mine sévère ne laissait aucun doute : elle se doutait de quelque chose et était prête à tirer les vers du nez du médecin. Celui-ci eut le bon goût de fuir son regard, à ma plus grande satisfaction.

- C'est quoi ce bordel? croassa finalement Teacup, la souris visiblement toujours coincée. Tu sais tout ça grâce à un Autre? cracha-t-elle d'une telle manière que je dus me retenir de sourciller.

- Evan est un Autre, c'est vrai. Reconnut Cassie, le ton doux et apaisant. Mais il est différent. 

Ça pour être différent, il l'était... Je n'en serais pas là sinon, me rappelais-je en serrant les poings.

- Ah oui? Différent comment? Sa moqua effrontément la petite tasse de thé. Il ne tue pas les blondes?

Cassie ne réagit pas, sans doute consciente du piètre moyen de défense de la fillette, qui ne tentait que de se protéger par l'attaque. Pour ma part, je ne me retins pas de lever les yeux au ciel en maugréant juste assez bas pour qu'elle devine mes mots : "nan, il ne bouffe que les gamines au sale caractère" et me réjouis de voir la colère empourprer son visage.

Hermétique à notre guerre infantile, Cassie nous ignora royalement et entrepris d'expliquer dans les grandes lignes qui était Evan, comment il l'avait sauvée alors qu'elle était mourante -en omettant sciemment qu'il était celui qui avait tenté de la tuer-, et comment il avait décidé de l'accompagner à Camp Heaven pour récupérer Sammy. Elle acheva sur son dernier exploit : la destruction de la base de Vosch. Une très belle histoire, au cours de laquelle je me retins de tout commentaire. J'admirais la manière que Cassie avait de raconter la vérité, du moins une certaine vision de la vérité, tout en dissimulant certains passages pas très reluisant concernant notre ami commun. Elle était claire et directe, se contentant de faire un résumé -parfois grossier- de ce que nous avions traversé tous les trois. Et se retenant pas mal de fois d'avoir l'air mal à l'aise ou de rougir en se souvenant de certains épisodes.