CHAPITRE 39. GRINGOTT

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Leur plan était prêt, les préparatifs achevés. Dans la plus petite des trois chambres, un long cheveu
noir et épais (arraché du pull qu’Hermione avait porté au manoir des Malefoy) était enroulé dans une
petite fiole de verre posée sur la cheminée.

— Et en plus, tu te serviras de sa véritable baguette, dit Harry en montrant d’un signe de tête la
baguette de noyer. Tu seras donc d’autant plus convaincante.
Hermione prit la baguette en ayant l’air de craindre qu’elle la pique ou la morde.
— J’ai horreur de cette chose, dit-elle à voix basse. Je la déteste vraiment. Elle ne me va pas du tout,
elle ne marche pas bien avec moi… C’est comme un morceau d’elle.

Harry ne put s’empêcher de repenser à la façon dont Hermione avait minimisé sa propre répugnance
à l’égard de la baguette de prunellier, affirmant qu’il s’imaginait des choses lorsqu’elle ne fonctionnait pas aussi bien que la sienne, lui recommandant simplement de s’entraîner. Il préféra
cependant ne pas lui retourner ses conseils. À la veille de leur tentative d’effraction de Gringotts, ce n’était pas le moment de la contrarier.
— Elle t’aidera sans doute à mieux entrer dans la peau du personnage, dit Ron. Pense à ce que cette
baguette a fait !

— Mais justement ! s’exclama Hermione. C’est la baguette qui a torturé les parents de Neville et Dieu
sait combien d’autres personnes. C’est celle qui a tué Sirius !

Harry n’y avait pas pensé. Il regarda la baguette et éprouva soudain une envie violente de la casser, de
la couper en deux avec l’épée de Gryffondor, posée contre le mur à côté de lui.

Sirius soupira.
- Hermione, la baguette n'est qu'un outil. Elle n'est pas, responsable de l'utilisation que le sorcier en fait.
- Je sais. Mais...Ma baguette me manque, dit Hermione d’un ton malheureux. J’aurais bien aimé que Mr Ollivander puisse m’en faire une autre à moi aussi. Mr Ollivander avait envoyé ce matin-là une nouvelle baguette à Luna. En ce moment même, elle était sortie sur la pelouse, à l’arrière de la maison, pour en tester les capacités, sous le soleil de cette fin d’après-midi. Dean, qui s’était fait voler la sienne par les Rafleurs, la regardait d’un air plutôt mélancolique.

Harry jeta un coup d’œil à la baguette d’aubépine qui avait appartenu à Drago Malefoy. Il avait été surpris, mais content, de s’apercevoir qu’elle lui obéissait aussi bien que celle d’Hermione.
Se rappelant ce qu’Ollivander leur avait dit sur le fonctionnement secret des baguettes, Harry crut deviner le problème d’Hermione : elle n’avait pas pris elle-même la baguette de noyer à Bellatrix et n’avait donc pas obtenu sa soumission.

La porte de la chambre s’ouvrit et Gripsec entra. Harry saisit instinctivement la poignée de l’épée
pour la rapprocher de lui mais il regretta aussitôt son geste : il vit que le gobelin l’avait remarqué.
Pour essayer de faire oublier ce moment un peu gênant, il dit :

— Nous avons mis au point les détails de dernière minute, Gripsec. Nous avons prévenu Bill et Fleur
que nous partions demain et nous leur avons demandé de ne pas se lever pour nous dire au revoir.
Ils avaient été fermes sur ce point car Hermione devait se transformer en Bellatrix avant leur départ et
moins Bill et Fleur savaient ou soupçonnaient de choses sur leur projet, mieux cela valait. Ils leur
avaient également précisé qu’ils ne reviendraient pas. Comme ils avaient perdu les tentes de Perkins et d'Aria, Bill leur en avait prêté une. Elle était à présent rangée dans le sac en perles qu’Hermione avait réussi à soustraire aux Rafleurs – Harry, Sirius et Ron en furent très impressionné lorsqu’elle le leur  raconta – en le cachant tout  simplement dans sa chaussette.

Sirius  regretterait Bill, Fleur, Luna et Dean, sans parler du confort domestique dont ils avaient
bénéficié au cours de ces dernières semaines. Pourtant, il avait hâte d’échapper à l’atmosphère
confinée de la Chaumière aux Coquillages. Il était fatigué d’avoir à s’assurer sans cesse qu’ils n’étaient pas entendus, fatigué d’être enfermé dans la chambre sombre, minuscule. Et surtout, il avait envie d’être débarrassé de Gripsec. Mais savoir précisément comment et quand ils pourraient se séparer du gobelin sans lui donner l’épée de Gryffondor demeurait une question à laquelle Harry était bien incapable de répondre. Ils n’avaient pas pu décider comment s’y prendre car le gobelin avait rarement laissé Harry, Ron, Sirius, Aria et Hermione seuls ensemble plus de cinq minutes d’affilée.

PARCE QUE JE VOULAIS LE SAUVER  tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant