CHAPITRE 8. RAB

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Le Patronus se volatilisa. Ron laissa échapper un son indistinct, entre gémissement et grognement,
puis s’affala sur le canapé. Hermione s’approcha et lui prit le bras.
— Ils vont bien, murmura-t-elle, ils vont bien.
Ron la serra contre lui, riant à moitié.

Sirius se crispa, et vint s'asseoir près d'elle
— Harry, dit Ron, par-dessus l’épaule d’Hermione, je…
— Je comprends, répondit Harry que la douleur de son front rendait malade. C’est ta famille, normal
que tu t’inquiètes, je ressentirais la même chose, à ta place.
Il pensa à Ginny.
— Je ressens la même chose.

— Je ne veux pas dormir toute seule. On ne pourrait pas camper ici, cette nuit, dans les sacs de couchage ?
- Bonne idée. Dit Sirius. De toute façon, il est hors de question que je monte dans les chambres.

Hermione lui adressa un regard doux, et lui prit la main.
- J'imagine que ça doit être difficile pour toi, de revenir ici.
- Je.. J'ai quitté cette maison, persuadé que je n'y reviendrais jamais, ça fait même pas un an, et me revoilà. Dit il avec amertume.

Il avait pourtant l'impression d' en être parti depuis des siècles. Tant de choses, s'étaient produites depuis.

Harry avait filé dans la salle de bain, et Ron, leur tournait le dos.

- Mais cette fois. T'es parents ne sont plus là. Lui dit elle.
- Non, pas physiquement, en tout cas. Mais tout me les rappelle. Tiens, tu vois le fauteuil à bascule, là, elle s'y installait tout le temps. Elle brodait, tout en surveillant nos leçons de piano.

Il désigna le piano, recouvert d'une housse.
- chaque fois que l'un de nous faisait une fausse note, elle cessait de se balancer, et nous lançait des répliques acerbes. Même le prof de musique en avait peur. Tu ne peux pas savoir ce que je ressens, ici, j'étouffe. Cette maison m'oppresse.

- Et bien pourquoi tu ne t'en vas pas ? Demanda Ron. C'est vrai, si tu te sens pas bien, tu devrais retourner au Terrier, ma mère serait sûrement contente de te revoir.
- C'est sûr que toi tu aimerais bien, que je parte, mais  ça n'arrivera pas. D'abord parce que retourner la bas, serait dangereux pour ta famille, ensuite, j 'ai dit que je vous accompagnerais, et c' est ce que je ferais

Hermione soupira
- J'en ai assez de vos crises de jalousie, à tous les deux. Je vais voir si Harry va bien.

Le lendemain matin, Harry s’éveilla de bonne heure, pelotonné dans un sac de couchage, sur le sol du
salon. Un éclat de ciel était visible entre les lourds rideaux : une fente d’un bleu clair et froid, comme
de l’encre diluée, quelque part entre la nuit et l’aube. À part la respiration lente et régulière d’Hermione et de Ron, tout était silencieux. Sirius, n'était pas là.

Harry jeta un coup d’œil à leurs formes sombres allongées à côté de lui. Dans un accès de galanterie, Sirius avait insisté pour qu’Hermione dorme sur les coussins du canapé, si bien que sa silhouette était un peu surélevée par rapport à lui. Le bras
arrondi d’Hermione reposait sur le sol.

Il leva les yeux vers le plafond obscur, au lustre recouvert de toiles d’araignée. Moins de vingt-quatre
heures plus tôt, il était en plein soleil, à l’entrée du chapiteau, attendant les invités pour les conduire à leurs places. Il lui semblait qu’une vie entière s’était déroulée entre-temps.

Qu’allait-il arriver, maintenant ? Étendu par terre, il pensa aux Horcruxes, à la mission complexe, redoutable, que Dumbledore lui avait confiée… Dumbledore…

Harry pensa à Godric’s Hollow, aux tombes qui s’y trouvaient et dont Dumbledore n’avait jamais
parlé. Il pensa aux mystérieux objets légués sans explication dans son testament et le ressentiment
qu’il éprouvait enfla dans la pénombre. Pourquoi Dumbledore ne lui avait-il rien dit ? Pourquoi ne
lui avait-il donné aucune explication ? Au fond, s’était-il véritablement soucié de Harry ? Ou bien
n’avait-il été pour lui qu’une sorte d’outil qu’il avait poli, aiguisé, mais ne considérait pas digne de sa
confiance, de ses confidences ?

Harry ne supportait plus d’être allongé dans ce salon sans autre compagnie que ses pensées amères.
Cherchant désespérément quelque chose à faire pour se changer les idées, il se glissa hors de son sac
de couchage, prit sa baguette magique et sortit silencieusement de la pièce. Dans le couloir, il murmura : « Lumos » et monta l’escalier à la lueur que projetait la baguette.

Au deuxième étage se trouvait la chambre dans laquelle Ron et lui avaient dormi la dernière fois
qu’ils étaient venus. Il y jeta un coup d’œil. La porte de la penderie était ouverte et les draps du lit
arrachés. Harry se rappela la jambe de troll renversée au rez-de-chaussée. Quelqu’un avait fouillé la maison depuis le départ de l’Ordre. Rogue ? Ou peut-être Mondingus qui avait subtilisé beaucoup de choses ici, du vivant de Sirius et aussi après sa mort ?

PARCE QUE JE VOULAIS LE SAUVER  tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant