CHAPITRE 22. La VERITE QUI BLESSE

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Le soleil se levait : le vaste espace incolore et immaculé du ciel s’étendait au-dessus de lui, indifférent
à son existence, à ses souffrances. Harry s’assit à l’entrée de la tente et respira une longue bouffée
d’air pur. Être simplement vivant et voir le soleil apparaître au-dessus d’une colline scintillante de
neige aurait dû représenter pour lui le trésor le plus précieux au monde, pourtant, il ne pouvait apprécier le spectacle : ses sens étaient émoussés par la catastrophe que constituait la perte de sa baguette. Il contempla une vallée tapissée de neige, de lointaines cloches d’église carillonnant dans le
silence étincelant.

Sans s’en rendre compte, il enfonçait les doigts dans ses bras comme s’il s’efforçait de résister à une douleur physique. Il avait versé son sang plus souvent qu’il n’aurait su le dire. Un jour, il avait perdu tous les os de son bras droit. Ce voyage lui avait déjà valu des cicatrices sur la poitrine et sur l’avant- bras, qui s’ajoutaient à celles de sa main et de son front, mais jamais encore, jusqu’à cet instant, il ne s’était trouvé si implacablement affaibli, vulnérable et nu, comme si l’essentiel de son pouvoir magique lui avait été arraché. Il savait ce que dirait Hermione s’il lui en parlait : la baguette ne vaut que par le sorcier qui s’en sert. Mais elle aurait tort, son cas était différent. Elle ne l’avait jamais sentie pivoter toute seule dans sa main, comme l’aiguille d’une boussole, ni vue projeter des flammes
d’or vers son ennemi. Il avait perdu la protection des plumes de phénix jumelles, et c’était seulement
au moment où elle n’était plus là qu’il se rendait compte à quel point il s’était toujours fié à sa baguette.

Il sortit de sa poche ses morceaux brisés et, sans les regarder, les rangea dans la bourse de Hagrid, accrochée à son cou. La bourse était à présent trop pleine d’objets inutiles ou cassés pour en contenir davantage. Les mains de Harry effleurèrent le vieux Vif d’or à travers la peau de Moke et pendant un instant, il dut combattre la tentation de le ressortir et de le jeter.

Il était impénétrable, inefficace, sans
aucun usage, comme tout ce que Dumbledore avait laissé derrière lui…
Sa fureur contre celui-ci le submergea à nouveau comme une coulée de lave, le brûlant à l’intérieur, balayant tout autre sentiment. En désespoir de cause, ils avaient fini par se dire que les réponses à leurs questions se trouvaient à Godric’s Hollow et s’étaient convaincus qu’ils devaient s’y rendre, que c’était une étape d’un chemin secret tracé pour eux par Dumbledore. Mais il n’existait ni carte, ni plan.
Dumbledore les avait laissés tâtonner dans le noir, se débattre avec des horreurs sans nom, inimaginables, rien ne leur avait été donné gratuitement, ils n’avaient toujours pas l’épée et à présent, Harry n’avait même plus de baguette. En plus, il avait laissé derrière lui la photo du voleur et Voldemort, désormais, n’aurait aucun mal à découvrir qui il était… Voldemort disposait maintenant de toutes les informations.

- Harry ?
Hermione semblait craindre qu’il lui jette un sort avec sa propre baguette. Le visage ruisselant de larmes, elle s’accroupit auprès de lui, deux tasses de thé tremblant dans ses mains. Coincé sous son bras, elle portait un objet volumineux.
— Merci, dit-il en prenant l’une des tasses
Sirius s'installa près d'elle.
- Harry, dit il, Hermione t'a sauvé la vie. Elle s'en veut terriblement.
-  Je sais. Hermione, c'est pas après toi, que j'en ai. C'est juste que cette baguette, c'est pas n'importe quelle baguette. Mais, Hermione, je sais que c’était un accident. Tu essayais de nous sortir de là vivants et tu as été extraordinaire. Sans ton aide, nous  serions mort, à l’heure qu’il est.
Il essaya de lui rendre son sourire larmoyant.
Elle eut un bref sourire..
— Harry… Tu voulais savoir qui était l’homme sur la photo. Eh bien… j’ai le livre.
Timidement, elle lui posa sur les genoux un exemplaire flambant neuf de Vie et mensonges d’Albus
Dumbledore.
— Où… comment… ?
— Il était dans le salon de Bathilda, sur un meuble… Il y avait ce mot qui dépassait de la couverture.
Hermione lut à haute voix les quelques lignes tracées d’une écriture pointue, d’un vert acide :
— « Chère Batty, merci de votre aide. Voici un exemplaire du livre, j’espère qu’il vous plaira. Tout ce
que j’ai cité, vous l’avez dit, même si vous ne vous en souvenez pas. Rita. »

PARCE QUE JE VOULAIS LE SAUVER  tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant