𝘗𝘙𝘖𝘓𝘖𝘎𝘜𝘌 ─ en dessous des vagues

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•✒ 𝙼𝚎̂𝚖𝚎 𝚕𝚊 𝚖𝚎́𝚕𝚘𝚍𝚒𝚎 𝚍𝚎𝚜 𝚟𝚊𝚐𝚞𝚎𝚜 𝚗𝚎 𝚙𝚎𝚞𝚝 𝚎𝚏𝚏𝚊𝚌𝚎𝚛 𝚕𝚊 𝚙𝚎𝚒𝚗𝚎 𝚍𝚎𝚜 𝚊𝚗𝚐𝚎𝚜

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•✒ 𝙼𝚎̂𝚖𝚎 𝚕𝚊 𝚖𝚎́𝚕𝚘𝚍𝚒𝚎 𝚍𝚎𝚜 𝚟𝚊𝚐𝚞𝚎𝚜 𝚗𝚎 𝚙𝚎𝚞𝚝 𝚎𝚏𝚏𝚊𝚌𝚎𝚛 𝚕𝚊 𝚙𝚎𝚒𝚗𝚎 𝚍𝚎𝚜 𝚊𝚗𝚐𝚎𝚜. 

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Du sang. Beaucoup de sang.

Les oreilles de la petite fille tintèrent tandis que le corps de son paternel s'écroulait au sol, vide et sans vie. Les murmures qui tentèrent de franchir la paroi de ses lèvres furent muets et imperceptibles sous le poids des regrets. La scène parut lointaine, artificielle, alors que les oiseaux furent emportés par le vent, ailleurs, loin des horreurs des vivants.

Puis, un cri. Son cri.

Dans un automatisme horrifiant, Akeno hurla. Sa voix perça les tympans de Toma, son frère, qui dut la serrer un peu plus dans ses bras pour retenir sa crise. Les coups portés étaient faibles, aussi puissants que ceux d'un pauvre animal sans défense, mais elle continua. Elle cria et beugla de toutes ses forces jusqu'à ce que sa voix ne devienne qu'une plainte instable, pitoyable.

─ Il faut partir ! Maintenant !

D'un coup, tout se teignit de noir. La flamme dans ses yeux disparut, et plongée dans un étrange coma sous l'effet des médicaments, la petite fille ne put que se laisser bercer par les hurlements austères et les caresses anxieuses offertes par son frère.

Un souffle. Un souffle d'agonie.

Quand Akeno ouvrit les yeux, une éternité plus tard, le vide l'accueillit. Seules les gigantesques vagues déferlantes qui lui faisaient face étaient visibles, possédées par leur Dieu qui ne voulait, en ce moment, que punir et détruire.

Effrayée par la grandeur de la nature, elle n'eut même pas le loisir de comprendre ce qu'il se passait. En quelques secondes, sa tête fut plongée sous l'eau et le liquide se faufila dans ses narines. La petite fille tenta, durant un instant, de remonter à la surface pour respirer, mais le sel lui brûla les poumons. Le hurlement qui résonna tristement dans les profondeurs de l'océan agita les poissons aux alentours. Au même moment, ses mains s'affolèrent de manière désespérée dans le vide afin de récolter une quelconque aide.

Seulement, personne n'était là.

Elle était seule. Terriblement seule.

Par miracle, une vague emporta son petit corps et ses cris. Une plage. Tout cela sonnait comme une libération, alors qu'elle gigotait comme un poisson hors de l'eau afin de reprendre sa respiration. Après un long moment, son visage heurta le sol avec violence et des grains de sable se collèrent sur ses lèvres coupées et gercées. Sa jambe lui fit un mal de chien lorsqu'elle toussota pour évacuer l'eau saline qui avait pénétré ses poumons.

En tentant de se retourner, les poumons douloureux et les yeux écarquillés, la petite fille gémit de consternation. Akeno n'y arriverait pas. Elle était beaucoup trop faible. Sa famille était restée derrière, et sans eux, elle n'était rien.

Enfin, au bout d'une longue seconde, la petite fille comprit. Son visage se tordit sous la tristesse soudaine qui l'envahit et elle hurla. Sa jambe. Il lui manquait l'un de ses membres. En effet, ce dernier n'était plus qu'un amas de chair sanguinolente et le sable n'avait pas hésité à élire domicile entre les muscles découpés.

Elle avait cependant l'impression que sa jambe était toujours là. Et l'idée ne partirait jamais.

Le chagrin finit par l'emporter lorsque son esprit visualisa sa mère. Maman, où était maman ? Elle ne put s'empêcher de hurler une seconde fois, de toutes ses forces. Est-ce que Toma, Yuna et Daiki étaient sains et saufs ?

─ Regarde-moi ! Est-ce que ça va ?

La jeune fille ne réussit pas à lever la tête. Elle voulait revoir sa mère, son père et sa famille. Pourquoi étaient-ils partis sans elle ? Pourquoi l'avaient-ils abandonnée dans sa peine et dans le mal ?

─ Tiens bon, je t'en supplie ! Ne ferme surtout pas les yeux. Je suis sûr que tout ira bien. Je vais t'amener jusqu'à l'hôpital !

Non, bien sûr que rien n'allait.

Elle avait mal. Terriblement mal.

La sensation de flotter qui enivrait les sens d'Akeno depuis qu'elle s'était échouée sur le rivage se renforçait de plus en plus, au fur et à mesure que les minutes passaient. Ses blessures ne lui faisaient presque plus mal. Tout ce qu'elle sentait, c'étaient elles : les voix qui continuaient de l'appeler sans relâche, encore et encore. Meurs. Meurs, disaient-elles. Je t'en supplie, meurs. Erreur. Erreur. Elles souhaitaient de tout coeur que ses yeux se ferment, rien qu'un instant.

─ Grand frère, pleurnicha-t-elle d'un coup alors que la personne face à elle la prenait dans ses bras. (La chaleur de son torse lui vrilla le coeur et la fit gémir lamentablement.) Toma !

Elle les revit, complètement paralysée par la peur ; les flammes et les corps calcinés de ses amis crépitaient sous les cris des gardes et des pacificateurs.

─ Reste éveillé, je t'en supplie ! Les super-héros vont venir sauver toutes les personnes qui sont encore sur le bateau. Ils ne vont pas tarder à arriver !

Les super-héros ? Les ricanements dans sa tête reprirent, plus présents, plus insistants. C'est une blague ? Ils ne viendront pas. Ils vont te laisser pourrir ici. S'ils étaient arrivés plus tôt, tu n'aurais pas perdu ta putain de jambe et ta liberté. Ils n'ont rien fait pour t'aider. En attendant, tu te retrouves là, toute seule, à souffrir et à pleurer comme un enfant.

De toute façon, tu le mérites. Tu es une erreur, 25126. Tu n'aurais jamais dû voir le jour. Expérience ratée ! Ferme les yeux, Akeno. N'attends aucune aide. Les héros ne viendront jamais. Ils ne sont jamais venus vous libérer !

Sous les rayons matinaux du soleil, les paupières de la petite fille commencèrent à papillonner, tandis qu'au loin, quelqu'un sembla l'appeler. Non ! Akeno ! Ne fais pas ça ! Seulement, le corps fut plus fort que l'esprit : elles tressautèrent avant de se fermer définitivement, sous les cris de panique des secours et des passants épouvantés par la scène.

𝐓𝐎𝐔𝐓 𝐄𝐒𝐓 𝐔𝐍𝐄 𝐐𝐔𝐄𝐒𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐃𝐄 𝐂𝐇𝐀𝐍𝐂𝐄┃hitoshi x oc ²⁰¹⁸Où les histoires vivent. Découvrez maintenant