Chapitre 2 : Le virus

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Dans un dernier effort presque héroïque pour moi, je sautai derrière la lourde porte blindée et m'étalai sur les centaines de personnes entassés dedans.
- S'il-vous-plaît ! hurlait un grand homme brun. Calmez-vous s'il-vous-plaît !
- Ma sœur vient d'être transformée, je croyais que votre système était sécurisé ! crachaient les survivants.
- Je viens de perdre mon père, et vous nous dites de nous calmer ?!
- C'est inadmissible !
Je cherchai Hillary du regard, à travers la foule enragée. Enfin je la trouvais : elle parlait avec une personne de dos. Me frayant un maigre passage entre ces survivants, je la rejoignis.
- Alexis ! fit-elle en me voyant. Tu n'a rien ?
- Non, ça va, et toi ?
- Ça va, merci.
- Hum-hum...
L'homme se racla la gorge et je le regardai d'un peu plus près. Grand, élancé, cheveux ondulés bruns en bataille, yeux couleur glauque, l'air sérieux et sûr de lui.
- Oh, pardon, s'excusa Hillary. Sky, je te présente Alexis Snyder, une survivante qui est arrivée ce matin-même. Alexis, je te présente Sky Fuller, un ami et aussi un militaire qui surveille les arrivants ou les invasions des loups-garous.
- Enchanté, dit-il sans la regarder. Hillary, tu devrais aller avec les autres infirmiers pour soigner les blessés.
- Oui. À tout à l'heure !
Elle s'en alla, me laissant seule avec le militaire. Le silence pesant commençait à m'agacer. Il se racla la gorge et prit la parole :
- D'où viens-tu ?
Cette question fusait de toute part. Était-ce là, la préoccupation de toute personne ?
- De Philipsburg. Toi ?
- Je viens d'ici. Est-ce que... Est-ce que des membres de ta famille, ou tes amis sont ici ?
- Non. Ils ont tous étés... Transformés.
Il y eut un petit moment de silence où il ouvrit plusieurs fois la bouche, ayant l'air de vouloir dire quelque chose. Au bout d'un moment, il se décida à parler.
- Heu... Est-ce que tu pourrais me... décrire la transformation ? Je n'ai pas réellement vu de personne "transmuter"...
Je baissai les yeux vers le sol.
- Si tu ne veux pas, c'est pas grave, reprit-il l'air navré, te sens pas obligée...
Je repensai à ma mère.

Flash Back

- Maman !
- Alexis !
Un loup-garou sauta sur elle. Je ne pouvais rien faire. J'étais tétanisée. J'avais peur. Je tremblais comme la chose faible et impuissante que j'étais. J'avais beau hurler, crier, pleurer, jeter n'importe quel objet qui me tombait sous la main, le monstre ne lâchait pas sa prise. Je le vis lever son énorme patte poilue, les griffes acérées au dessus sur torse de ma mère.
- NON !
Les larmes coulaient à flots sur mes joues, tandis que ce mot résonnait dans mon crâne, et mes yeux ne quittaient pas la scène qui était comme figée. Sans que je ne puisse rien faire, je vis la bête enfoncer sa patte dans le thorax de ma mère. Elle cracha du sang. Ses pupilles étaient si dilatées, que je crus qu'elle était en train de mourir. Elle hurlait, les poings serrés, les veines ressortant de sa peau livide. Je criais, me bouchant les oreilles, mes yeux rouges, mes joues trempées de larmes salées. La bête se retira et sortit de la maison en trombe. Le sang coulait à flots du corps de ma mère. Je n'osais pas m'approcher du corps, craignant l'irréparable. Sa peau se déchira, pour laisser place à une sorte de fourrure grise, ses petites dents nacrées s'étaient transformées en crocs jaunâtres salivant, ses yeux étaient rouges vermeille, sa voix était de plus en plus grave, de plus en plus rauque, et ses cris étaient maintenant des grognements sourds.

Fin du Flash Back

- Alexis ?
Je relevais soudainement la tête. Je m'aperçus qu'une larme avait coulé de mon œil, et mon cœur battait rapidement.
- Viens, me dit-il en me prenant le bras.
Nous prîmes plusieurs couloirs sombres étroits et humides. Beaucoup de personnes couraient dans tous les sens, d'autres étaient tranquilles. Au bout de quelques minutes de marche, nous arrivâmes devant une grosse porte ronde. Il tourna la grosse poignée et me fit signe d'entrer. C'était une sorte d'appartement. Le sol et les murs étaient en acier noir et perforés. Il y avait une simple cuisine, un salon, une chambre ainsi qu'une salle de bains et des toilettes. Il alla dans la cuisine et nous servit du jus de fruit. Nous nous installâmes sur le canapé et il apporta les boissons.
- Pourquoi ça a dérapé ? dis-je en ramenant mes genoux contre ma poitrine.
- Quoi ?
- Pourquoi est-ce que ce test scientifique a dérapé ? Pourquoi est-ce qu'ils l'ont fait ? Comment le virus s'est propagé ?
Il prit l'ordinateur qui se trouvait sur la petite table et l'ouvrit. Il pianota sur le clavier me tendit l'écran :

LYCANTHROPEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant