Chapitre 4 : La décision

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- Mais qui aura la garde des enfants ? demandai-je en courant presque après Keisha tant elle marchait vite.
Elle poussa la porte et je me la pris en pleine tête.
- Pour le moment, je n'en sais rien. Ils vont aller chez une nounou et on verra bien qui se portera volontaire pour en adopter. Maintenant excuse-moi Alexis, reprit-elle après qu'on l'ait appelée, mais je dois y aller, j'en encore du travail.
Elle s'éloigna en me plantant au milieu du couloir comme une cruche.

***

Ça devait bien faire quarante-cinq minutes que je faisais les cent pas dans ma petite chambre vide. J'avais par la suite appris que le père des triplées avait transmuté suite à l'attaque de l'autre fois. Ces enfants étaient orphelins par la faute de ce scientifique, Arthur Gonzales et sa stupide invention ! Soudain, je sortis de la chambre pour aller chercher Hillary.Enfin je la trouvai ; elle papotait tranquillement avec un infirmier, une tasse de café à la main. Je l'attrapai par la main et l'attirai dans le couloir vierge sous son indignation.
- Hillary, finis-je par dire en fermant précautionneusement la porte. On ne peut pas trouver l'antidote du virus si on ne connaît pas les produits qui ont composé la bactérie.
Comme elle me regardait de travers en s'essuyant la blouse de café, je repris :
- Nous devons trouver dans quel bunker loge Arthur Gonzales.
Elle ouvrit de grands yeux et sa bouche se fit béante, sans pouvoir parvenir à dire quoi que ce soit.
- Mais, articula-elle, c'est de la folie. On ne peut pas sortir du bunker, les loups-garous grouillent de partout, c'est impossible.
- C'est impossible si on pense que c'est impossible. Tu sais où vit Gonzales ?
- Moi, non. Mais demande à Sky, il saura sûrement. Sur ce, excuse-moi, mais jedois aller m'occuper de patients. A plus tard !
Elle s'éloigna tranquillement sans plus. OK, maintenant il faut trouver Sky. Je sortis du couloir et regardai autour de moi.
Des familles décomposées, des personnes ayant tout perdu tentent vainement de se reconstruire. Les enfants, ne se rendant pas compte de leur situation,jouent à cache-cache dans le réfectoire. Ils me rappellent ma jeunesse, quand je ne me souciais pas de mes actes ni du futur. Quand j'avais encore une famille.
Bon, par où commencer ? Ce bunker est immense, il faut que je trouve un autre militaire... là ! Je m'approche de l'homme à l'énorme carrure musclée et au bouc mal rasé.
- Heu, bonjour, dis-je en hésitant. Vous ne sauriez pas où se trouve Sky ?Un autre militaire...
Je m'attendais à ce qu'il m'envoie bouler ou me dise qu'il est occupé mais il sourit à pleine dents comme un gros nounours.
- Il est en surveillance dehors. Il ne rentrera pas avant une bonne heure. (En me voyant prendre la direction de la sortie, il me retint par l'épaule.) Vous ne devriez pas y aller, vous risquerez de vous faire broyer le crâne.
Je souris sans joie.
- C'est assez important. Et puis, je n'ai rien à perdre, de toute façon.
Il me considéra un moment puis sourit à son tour. Il m'indiqua les vestiaires des militaires et s'en alla. Mais quand j'y arrivai, le vestiaire était vide.Je me dirigeai vers une silhouette fine qui s'avérai être une militaire qui se préparait à aller en service. Quand je lui demandai où était Sky, elle me toisa de la tête aux pieds, mais me dit d'attendre là, qu'elle allait le chercher.Elle revint quelques minutes plus tard sans Sky.
- Faut que t'ailles le voir toi-même, il ne peut pas bouger. Enfile ça,ajouta-elle en me jetant une paire de bottes et un pare-balles, tu en auras sûrement besoin. Prend aussi une arme avec toi.
Je mis les bottes et le gilet et m'armai de ma mitraillette, puis la suivis vers une grosse porte blindée qui donnait sur un étroit escalier en bois moisi.Elle grimpa et ouvrit une trappe. La femme sortit et je vis que nous étions dans une vieille maison délabrée et cabossée de part en part. Je jetai un coup d'œil prudent à la fenêtre brisée.
Rien n'avait changé depuis mon arrivée à Billings. Les immeubles et maisons étaient toujours en ruine, les parcs étaient toujours massacrés, les voitures cabossées, et les végétaux ont commencé à s'approprier les lieux. Mais maintenant, les loups grouillaient plus qu'avant. Ils étaient plus nombreux.Plus sauvages. Plus assoiffés de sang. J'en vis un qui se nourrissait d'un cadavre ; j'en eus la nausée.
La femme alla à l'étage et sortit sur un balcon. Elle escalada la rambarde et monta le long d'un escalier de secours rouillé, jusqu'à arriver sur le toit de l'immeuble, où d'autres militaires observaient les alentours. Sky était assis sur le rebord, les jambes tombant dans le vide.
- Ah, Jone, dit-il en voyant arriver la femme, t'es l... (Il me vit et fronça les sourcils.) Alexis ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Il faut que je te parle. C'est urgent.
Il m'emmena à part, derrière une grosse cheminée et me regarda en attendant que je commence. J'avalai ma salive et me lançai.
- Il faut trouver dans quel bunker se trouve Arthur Gonzales, lui seul peut aider à trouver l'antidote contre le virus.
Il fit la même grimace qu'Hillary.
- Qu'est-ce que tu raconte ? Tu divague ou quoi ? Déjà, on ne sait pas où il se cache ce merdeux, et ensuite c'est extrêmement dangereux !- Je n'ai pas dit « nous », répliquai-je en pinçant des lèvres. Je ne force personne à partir avec moi.

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