L'Équilibre [TERMINÉ]

Épilogue

  Seul le tic-tac agaçant de l'horloge venait perturber le silence du cabinet. Le Dr. Bleye, un vieux psychiatre, fixait son patient. Ce dernier était un adolescent.

  — Tu n'as toujours rien à dire, 712 ?

  — Je ne m'appelle pas 712.

  Le psy sourit.

  — C'est vrai. Alex. La Capsule n'a pas d'effet sur toi et ta sœur. En ce qui te concerne, tes maux de tête m'avais déjà fait comprendre que tu n'y réagissais pas très bien... Je n'aurais pas dû te laisser participer au Programme. Quoiqu'il en soit, ni l'un ni l'autre ne pouvez y être réinsérés dans.

  — Et les autres ?

  — Ils peuvent retourner à la case départ. On effacera leurs souvenirs de la dernière semaine.

  — Ils se demanderont où je suis. Tous les Déséquilibrés qui sont encore là-bas aussi.

  Le psy haussa les épaules.

  — On leur dira que tu as été emmené. Pareil pour ta sœur, s'ils posent des questions.

  — La Société va nous faire mettre en prison, pas vrai ?

  — La Société ? Ce n'est qu'un concept pour désigner le monde extérieur. Mais oui, la justice va sans doute exiger que vous soyez incarcérés.

  Le garçon baissa les yeux. Il s'y attendait. Après s'être rendus à la police, on leur avait expliqué que ceux qui n'obtenaient pas l'Équilibre à dix-huit ans y étaient emmenés. Puisque lui ne pouvait pas revenir au sein du Programme, il n'y avait pas d'autre endroit où le mettre.

  — Enfin, cela n'est qu'une hypothèse.

  — Comment ça ?

  — Le fait que vous vous soyez rendus en apprenant vos crimes prouve que vous êtes conscient du mal que vous avez fait, et que vous êtes peut-être différent. Le juge en tiendra compte. Il se peut qu'ils vous accordent une liberté conditionnelle.

  Il sourit.

  — Tu vois ? Rien n'est perdu.

  — La situation a l'air de vous amuser.

  — Tu te trompes. Pourquoi trouverais-je cela amusant ?

  L'adolescent se pencha vers lui.

  — Parce que moi, je trouve ça amusant.

  Le Dr. Bleye haussa un sourcil, l'air interrogateur.

  — Mais oui. Un Programme qui nous incite à être de bonnes personnes, mais qui est construit sur un mensonge...

  — Nous sommes actuellement en train de tester le Programme sans mensonge auprès des filles, nous verrons ce que ça donnera.

  — Dommage qu'il ait fallu une révolte pour que vous compreniez un simple principe.

  — Quel principe, jeune homme ?

  — Celui de montrer l'exemple.

  Le psy éclata de rire.

  — Parce que tu crois peut-être connaître ce principe ?

  — Mieux que votre justice, en tout cas. Je trouve ça un peu bizarre de faire à d'autres ce qu'on leur interdit de faire.

  L'homme secoua la tête.

  — Peu importe. C'est la loi, c'est ainsi.

  — Jusqu'à la prochaine révolte.

  — On n'obtient pas tout par la force, Alex.

  — Non, on peut aussi manipuler, n'est-ce pas ?

  Il rit en lui-même. Son pire défaut, tout le Programme l'avait exploité à maintes reprises.

  — Et je m'appelle Éveil.