Chapitre Vingt-six

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Même pas un mois est passé depuis le chapitre précédent, si c'est pas un beau cadeau que je vous fais !

Écrit par Cennis

Chapitre Vingt-Six

La lumière du soleil qui était entrée sans permission devrait retourner là d'où elle venait. Le bruit venant de l'extérieur devrait se taire. Le monde pouvait attendre. Sebastian n'était pas encore prêt à l'affronter.

Il garda les yeux bien fermés, comme si cela suffirait à duper son corps pour retomber dans le sommeil. Cela avait été le sommeil le plus paisible qu'il avait eu depuis des semaines. Des mois, peut-être. Pas de rêves, pas d'agitations, pas de réveil en sursaut. Ce n'aurait pas dû être aussi paisible. Si quelqu'un était entré, l'avait vu ici, il serait passé du four à l'huile bouillante dans la poêle.

Ciel faillit changer de position contre lui, les sourcils se fronçant, le cache-œil remontant alors qu'il bougeait. Un demi-ronflement. Il se replaça, le dos confortablement collé contre Sebastian.

Sebastian resta immobile, refusant de bouger. S'il bougeait, Ciel se réveillerait. Si Ciel se réveillait, il parlerait, et Sebastian n'était pas sûr de ce qu'il dirait. Quoi que ce serait, cela fixerait leurs nouvelles règles, établirait le nouveau status quo. Il venait à peine de se faire à l'ancien. Qu'est-ce qui changerait, pour le meilleur ou pour le pire ?

Il n'était pas complètement aveugle. Que Ciel ait tenté de le dissimuler ou non, il avait vu ce bref dégoût, cet écœurement par rapport à ce que Sebastian avait avoué. Ce n'était pas parce qu'il l'appréciait que Ciel les avait exemptés de la réalité de la situation.

De vieilles paroles lui revinrent sans y être invitées.

« Lorsque tu es arrivé ici pour la première fois, j'ai pensé à t'utiliser pour sortir d'ici. Je me fichais de ce que cela t'aurait coûté, s'ils t'enfermaient à ma place. »

Ciel n'avait jamais menti sur ce point. Cela avait été clair comme de l'eau de roche, depuis le tout début. Mais cette pensée avait-elle réellement disparue ? Il l'avait mentionné depuis, rejeté sur le champ. Ils me poursuivraient, avait-il dit, me ramèneraient. Un effort en vain, rien à voir avec les conséquences pour Sebastian. Ce n'était pas surprenant venant de Ciel.

Mais était-ce une simple manigance ? Une base pour plus tard, pour l'heure, lorsque Sebastian commençait à se poser des questions ?

Il a tenu ma main.

Sebastian bougea légèrement, se blottissant plus près de Ciel. Il ne se réveilla toujours pas.

Ciel avait toujours été mis mal à l'aise par n'importe quelle forme de contact physique, qu'il soit accidentel ou non. Un effleurement des doigts en lui donnant un verre engendrait une grimace mécontente. Frôler son épaule alors qu'ils marchaient côte à côte le ferait accélérer d'au moins trois pas. Que Dieu nous pardonne si quelqu'un le rattrapait lorsqu'il trébuchait. Le regard qu'il envoyait en guise de remerciement ferait honte à Méduse.

Aussi tactile qu'un porc-épic, et aussi délicat qu'une piqûre de méduse.

Et il avait tenu la main de Sebastian toute la nuit.

Sebastian tendit la main afin de remettre le cache-œil de Ciel en place, ne pensant pas une seule seconde à jeter un œil en-dessous. Où était passée sa curiosité, son désir de savoir tout et n'importe quoi sur Ciel ? Cela semblait inutile à présent; ce qui se trouvait sous le cache-œil, la valeur de la bague perdue, le feu qui avait ruiné les chances de Ciel d'un jour quitter l'Institut de son propre gré. Cela avait été crucial autrefois. De savoir, de comprendre, de feuilleter chaque couches jusqu'à ce qu'il soit satisfait.

Inertia CreepsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant