Écrit par Cennis
Chapitre Vingt
Ciel tint, au moins, trois minutes après que Sebastian se soit éclipsé de sa chambre, cet insupportable sourire narquois aux lèvres. Pendant ces trois minutes, il fit un véritable effort pour rester le plus immobile possible, le plus calme. Ce fut plutôt simple au début, le poids persistant de ce qu'il refusait de reconnaître comme étant une jouissance le submergeant encore, et penser s'avérait être une tâche compliquée. Malheureusement, son esprit avait toujours été son pire ennemi. Et lorsqu'il se manifestait, il frappait là où cela faisait mal.
Il avait déjà ressenti cela auparavant mais il refusait d'y associer un nom. C'était une émotion étouffante. Elle commençait lentement, comme les premiers pas de quelqu'un entrant dans l'eau. Elle se formait autour de ses pieds, se faisant encore assez discrète. Puis elle montait, et devenait plus dure à ignorer. Elle se mettait à tirer sur ses vêtements, rendant la traversée plus compliquée, jusqu'à ce le simple fait de bouger devienne une véritable lutte. Elle avait commencé sans se faire remarquer mais avec une vitesse qu'il ne pouvait pas rivaliser, elle était soudainement au-dessus de sa tête, dérobant la place dans ses poumons qui aurait dû accueillir l'air.
Alors que la honte l'étouffait cette nuit, Ciel écrasa ses lèvres contre la bouche de son inhalateur et s'étrangla avec le goût amer du médicament, ordonnant à sa poitrine de mettre fin à ses haut-le-cœur et à son esprit de ne plus hurler.
Il avait honte – il s'était offert comme une vulgaire prostituée, à l'une des rares personnes dont l'opinion, il devait l'admettre, était peut-être plus ou moins importante. Ce n'était même pas l'acte en lui-même qui le laissait sans air. Le sexe était du sexe, rien de plus que l'avarice d'une personne pour sa propre satisfaction, des bafouillages de second plan désespérés d'obtenir ce bref instant de plaisir. Ce n'était pas comme si tout cela lui était étranger. Oui, il avait aimé se penser au-dessus de tout cela, d'être aussi froid et insensible que possible, mais finalement, il n'avait pas menti en disant à Sebastian qu'il était aussi dépendant de ses hormones que n'importe quel autre adolescent. Avec la puberté venait les matins gênants de draps collants semblables à un agaçant rite pervers, autant mettre une carte de bienvenue, « Tu es un grand maintenant !», avec des mouchoirs dans l'enveloppe à la place de l'habituel billet de dix livres.
Non, ce n'était pas l'acte en lui-même qui obligeait Ciel à s'accrocher à son inhalateur comme si sa vie en dépendait, quelque chose qu'il n'avait plus fait depuis son arrivée à St. Victoria, où il était encore assez naïf pour espérer. Par dessus tout, il avait honte du fait qu'il ait dû y avoir recours. Il était fier de son ingéniosité, de son habilité à manipuler son entourage pour son propre compte. Y aurait-il eu un autre moyen ? S'il n'avait pas été aussi dérouté par ses séances avec Claude, par toute la situation avec Finny, ses propres doutes grandissants sur les souvenirs auxquels il s'attachait, aurait-il trouvé une manière plus tangible de remédier à la situation ?
C'était douloureux. Il avait trouvé une solution, en effet, mais une qui sacrifiait l'impénétrabilité qu'il s'était toujours assurée. En faisant cette offre à Sebastian, il s'était certainement éloigné de la position de manitou. Il avait été si prudent dans toutes ses interactions avec l'homme – pour Sebastian, il était quelqu'un qui détenait des réponses, une sorte d'allié. Le plan avait toujours été d'utiliser Sebastian comme un pion, les bras et lui le cerveau, celui qui ouvrait les portes. Cependant, Ciel s'était lui-même conduit dans une impasse, n'est-ce pas ? Même avant ce jour et l'évolution de leur relation, ce petit plan que Ciel gardait avait commencé à chanceler.
Cette nuit où Sebastian avait accordé sa confiance pour en savoir davantage et où il avait accepté de le laisser sortir des quartiers afin d'aider Joker, Ciel avait fait un compromis. Pour calmer les doutes de Sebastian, il les avait liés, attaché leurs poignets avec un bout de tissu. Pour Sebastian, cela ne représentait probablement pas plus. Pour Ciel, ça avait été comme mettre toutes ses cartes sur la table. S'ils avaient été attrapés cette nuit-là, Ciel n'aurait pas été en mesure de fuir, du moins pas aussi vite que s'il avait été détaché. Non, ils auraient été attrapés ensembles, et Ciel aurait payé le même prix que Sebastian. Cela avait-il vraiment commencé si tôt ? Ces inhabituelles soumissions ?

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Inertia Creeps
Fanfiction/!\ Traduction /!\ Si tout le monde sauf vous pense que vous êtes fou, qui a tort ? Ciel Phantomhive, patient D18, n'est pas fou. Sebastian Michaelis, nouvel aide-soignant à l'Asile St. Victoria, est de cet avis. Sebastian x Ciel, UA.