King Of Bikers-Porter Tome 3

Chapitre 5

Utah, terre sauvage

Porter

Il y a ces quelques secondes durant lesquelles je ne pense à rien. La « Scenic Byway » est une magnifique route qui traverse le Sud de l'Utah, reliant l'US-89 à l'UT-24. Paysages minéraux désertiques, passages étroits, plateaux arides ou changement abrupt d'altitude, cette route est une des expériences les plus intenses de mon road trip. Un incontournable de l'Ouest américain. Des dizaines de kilomètres carrés brodés par le vent et la pluie, teintés de cet ocre si particulier. Les couleurs, les formes, le rythme, les forêts aux verts impérial... Le lieu est époustouflant. On a l'impression d'être dans un autre monde. Puis j'emprunte « Boulder mountain » c'est un joli segment de route s'ouvrant sur de larges panoramas. Il est temps pour moi de faire une petite pause afin de me rafraîchir un peu. J'ai parcouru près de la moitié de mon parcours d'une seule traite et je commence à ressentir la fatigue. Il fait chaud dans cette partie du pays mais l'air y est plus respirable qu'à Las Vegas. Je m'arrête dans un comté qui se nomme : « Clearfield » Je me gare près d'un diner, j'ai besoin d'aller me soulager et de remettre de l'essence. Je retire mon casque. Une poussière rouge tourbillonne de façon à créer une mini tornade avant de s'échouer de nouveau au sol. Je pénètre dans ce restaurant quasiment vide, me dirige vers les toilettes. Je m'enferme à clef pour ne pas être dérangé puis j'entame une toilette rapide et en profite pour me changer. Me voilà parti depuis deux jours et demi et j'ai déjà une légère barbe qui encercle mon menton. Moi qui d'habitude est rasé de près, cela me change et j'aime ce nouvel aspect de mon physique. J'enfile un jean propre et un t-shirt simple avant de sortir de ma salle de bain de fortune. Il faudra que je pense à trouver une laverie automatique sur la route, je ne tiendrai pas longtemps avec le peu de vêtements que j'ai emportés.

L'odeur des hamburgers et de la friture fait gronder mon estomac vide. J'observe l'environnement. La salle est décorée dans un style des années 50. Des cadres de voitures accentuent l'effet vintage. Je m'installe sur un tabouret au bar. J'attends qu'une serveuse arrive et en profite pour envoyer un texto à Matt. Il doit être sur la route à cette heure-ci, mais je tente quand même. Je lui dis que tout va bien, que je suis dans l'Utah et que je visite de magnifiques paysages à travers le pays. Je laisse mon aventure avec Isabella de côté ce serait trop long à expliquer. Sa réponse ne se fait pas attendre. Il me dit qu'il s'est arrêté exprès pour me lire parce qu'il ne sait pas quand il pourra encore avoir de mes nouvelles, qu'il va bien lui aussi et qu'il est à la frontière du Mexique pour quelques jours. Je lui réponds que je le contacterai bientôt et que je l'embrasse sur le bout du nez. Il m'envoie un smiley mort de rire. Je range mon mobile dans ma poche de jean et la serveuse arrive au même moment. Elle est mince avec une peau dorée, ses cheveux sont attachés en queue de cheval, elle est plutôt jolie. Je commande un double hamburger avec des frites ainsi qu'un soda. Elle revient à peine quelques minutes plus tard pour m'informer que ce soir le diner organise une soirée spéciale « gros mangeur ». Un genre de concours où celui qui mange le plus gagne un repas gratuit pour toute sa famille. Pas mon truc, je refuse donc poliment. Une fois mon repas englouti, il est temps pour moi de reprendre la route. Je compte arriver à la frontière du Colorado avant la tombée de la nuit. Je laisse un billet sur le comptoir avant de tourner les talons, mais je rentre en collision avec une jeune fille que je n'avais pas encore remarquée. Elle tenait une caisse remplie de denrées alimentaires qui se retrouvent au sol à cause du choc de notre rencontre. Je pose un genou à terre pour l'aider à ramasser, et constate qu'elle pleure à chaudes larmes. Alerté par les sanglots de la jeune fille, la serveuse déboule une main devant la bouche devant le massacre.

- Je suis vraiment désolé, est-ce que je peux faire quelque-chose pour vous, mademoiselle ?

- Ce n'est rien, je vais me débrouiller, me répond-t-elle en reniflant.