Un nom pour Une femme (tome 2)

1

J'arrive doucement dans la cuisine. Daryl est assis à la table, devant son ordinateur.
Giulia: Daryl?
Il lève ses grands yeux gris vers moi.
G: tu n'aurais pas vu Milo par hasard?
D: pas du tout.
Il me désigne le dessous de la table des yeux avec le sourire. Je saisie un bout de la nappe et la soulève d'un coup en m'acroupissant.
G: trouvé!
Le petit garçon hurle de rire et se jette dans mes bras. Je le couvre de chatouilles. Il se tord comme un ver.
Milo: arrête maman! Ça satouille!
G: j'arrête seulement si tu vas au bain.
M: d'accord! Mais c'est papa qui fait.
Je regarde Daryl. Il referme son ordinateur et se lève.
D: ok j'ai compris. C'est moi qui suis de corvée. Allez vient là crapeau.
Il prend dans ses bras l'enfant et m'embrasse.
D: si d'ici 30 minutes je suis pas revenu, vient vérifier qu'il m'a pas noyé.
Je ris. Mes deux hommes disparaissent vers la salle de bain. Je ramasse les jouets éparpillés un peu partout dans la maison. On peut dire qu'il y a de la vie ici avec ce petit monstre. Mon fils à 4 ans maintenant, le temps passe vite, trop vite. Daryl est moi nous sommes installés en Espagne comme prévu, à Malaga, dans une très belle maison que nous nous sommes payés avec une partie de nos grosses économies.

Nous avons dû trouver du travail pour nous fondre le plus possible dans la masse. Je donne des cours de yoga, aux particuliers mais aussi dans des établissements public. Mon agenda s'est vite remplis. Daryl s'est fait plaisir est a racheté et rénové un petit circuit automobile. Ses clients sont des passionnés de voiture, comme lui, qui viennent se défouler sur le bitume avec leur bolide. Autre chose aussi... nous nous sommes mariés. Je devais changer se nom de malheur et porter le même nom que mon fils. Nous sommes la famille Ortega à présent.
Nous n'avons revu personne de notre ancienne vie aux États-Unis. Ça a été un grand choc pour moi de couper les ponts. J'ai fait une légère dépression suite à ça. Heureusement que Daryl a été là pour moi. Il a été d'un soutien incommensurable, un vrai pillier. Je lui dois beaucoup, même tout. Jamais je ne pourrais me séparer de lui.
M: maman!
Milo,mon rayon de soleil, se refugie dans mes bras.
M: bisous.
Il me regarde avec ses grands yeux bleus turquoise en mettant sa petite bouche en cul de poule pour me faire un bisou.
G: tu as pris ton bain ça y est?
D: ON a pris le bain.
Je lève les yeux vers Daryl et pars dans un fou rire. Le pauvre est trempé de la tête aux pieds.
M: haha! tout mouillé papa!
D: la faute à qui crapeau?
Je me dirige vers mon mari et lui murmure à l'oreille:
G: c'est dommage que tu te sois déjà lavé, je pensais prendre ma douche avec toi, tant pis...
Ses yeux se mettent à briller.
D: je crois qu'il me reste du savon à rincer...
Je me mord la lèvre en pensant à ce que nous allons faire une fois le petit au lit.

Je me lève dans la nuit. Je n'arrive plus à trouver le sommeil. J'ai souvent des insomnies depuis que Milo est né. Lorsqu'il était tout petit, je ne dormais que d'un oeil et me levais toutes les heures pour voir s'il allait bien. Ça rendait fou Daryl. Je prend un verre d'eau et m'installe devant l'ordinateur. Je vais faire un tour sur facebook pour voir les nouvelles. J'ai pas mal de notifications mais moins qu'avant. A notre arrivée en Espagne, comme nous n'avions plus nos téléphones portables pour ne pas se faire géolocaliser, les gens essayaient de me contacter par facebook. Et je peux vous dire que j'avais des centaines de messages. Surtout de la part de Ryan, que j'ai abandonné. Mais Daryl m'a fait comprendre qu'il ne fallait pas que je réponde, que c'était très important. Je crois qu'il a juste envoyé un message à Matt pour lui dire que nous allions bien, en lui faisant promettre de ne le dire à personne. Je fais défiler les articles et les images en tout genre quand tout à coup, je bloque sur une photo. C'est Ryan. Il pose aux côtés d'une jolie jeune femme blonde, qu'il tient par la taille. Je lis les quelques lignes qui l'accompagnent.
" Le coeur du milliardaire, Ryan Carter, PDG du groupe CarterCorp, n'est plus à prendre. Il a en effet annoncé ses fiançailles avec Lorna Jones, journaliste et reporter en devenir."
Mon souffle se coupe. J'ai envie de pleurer. Le voir, toujours aussi beau, au bras d'une autre alors que, dans le fond, nous n'avons jamais rompu, me fend le coeur. Je sais qu'il a le droit de refaire sa vie, mais psychologiquement, je ne l'ai pas intégré. C'est un coup de massue.
D: ca va ma puce?
Je sursaute et quitte ma page facebook pour que Daryl ne voit pas l'article.
G: oui oui.
D: une insomnie?
G: encore.
D: tu veux qu'on se matte un film dans le canapé?
G: si ça t'embête pas, je veux bien.
Après ce que je viens d'apprendre, j'ai bien besoin de me concentrer sur autre chose dans les bras de mon homme.

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J'ai déposé Milo à l'école et arrive sur le lieu de mon rendez-vous. J'ai un entretien avec le responsable du nouvel hôtel restaurant. Ils veulent proposer à leur clientèle huppée des séances de yoga deux fois par semaine. Je pénètre dans le hall d'entrée et me dirige vers la réception.
G: bonjour, je suis Giulia Ortega. J'ai rendez vous avec le responsable, monsieur Jimenes.
Réceptionniste: je l'appelle tout de suite.
Je parcours du regard la grande pièce décorée avec goût. C'est à la fois moderne et chaleureux. Tous les meubles sont en bois recyclé ainsi que la verrerie qui contient de très beaux bouquets de fleurs. L'écologie est de mise.
?: Giulia?
Je me tourne vers cette voix qui m'interpelle. Mes membres se figent en voyant la personne qui se trouve devant moi.