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San Francisco

Le vol s'est bien passé. Milo à été adorable et a dormi la plupart du temps. Douze heures de vol c'est long pour un tout petit. Mais nous avons sû l'occuper et il s'était trouvé un petit copin sur un siège voisin. Maintenant, il est dans sa poussette et dors paisiblement.
Nous récupérons nos bagages et nous dirigeons vers la sortie de l'aéroport pour trouver un taxi. Mais Daryl m'arrête dans mon élan en faisant barrière avec son bras.
G: qu'est ce qui se passe?
Il a les yeux rivés sur son téléphone, l'air grave.
D: j'ai plein d'appelles de Matt. On ne sort pas d'ici avant de savoir ce qu'il veut. Si ça se trouve, il y a un danger en rapport avec Maccini.
G: Daryl tu crois pas que tu exagères? Ça fait 4 ans quand même.
D: on est jamais trop prudent.
Il porte son portable à son oreille.
D: ouai frangin, il y a un soucis ?
J'observe Daryl qui ne répond pas à son interlocuteur. Plus les secondes s'égrainent, plus il devient blanc.
Mon coeur s'emballe.
G: Daryl?
Il s'assoit sur le banc proche de nous. Là, ça sent vraiment pas bon.
D: ok. T'en fais pas, on est là, on arrive.
Puis il raccroche. Il passe ses mains sur son visage puis me regarde, les yeux embués.
G: il y à un problème? C'est Maccini c'est ça?
D: j'aurais presque préféré.
Le sang ne circule plus correctement dans mon corps à cause de mon coeur qui devient frénétique.
G: putain Daryl dit moi! Je vais faire un arrêt !
Il lève ses yeux vers moi.
D: ils ont perdu leur bébé.
Mon souffle se coupe. Je porte mes mains à ma bouche pour retenir un cri. Instinctivement, je m'assoie aussi, mes jambes ne me portent plus.
G: mais comment c'est possible? Nous sommes partie, tout allait bien et le temps du vol, tout s'écroule?
Je tourne la tête vers mon homme, comme si c'était une vrai question et que j'attendais une réponse de sa part.
Il retient une larme avec son doigt. Je suis tellement sous le choc qu'aucune émotion censé n'émane de moi. Je sors une bouteille d'eau pour boire une gorgée. Je la tend à Daryl qui s'en saisit et la vide d'une traite. Nous n'avons plus de mots. Je pense alors à Matt et Jenny. Ils doivent être dans un état épouvantable.
G: il t'a dit quoi au téléphone ton frère ?
Daryl se racle la gorge pour ravaler sa tristesse.
D: il m'a dit que le bébé n'avait pas supporté l'accouchement, apparemment, son coeur avait une malformation non visible à l'échographie ce qui l'a affaiblie.
G: putain..., j'arrive pas à y croire.
Je jette un oeil vers Milo. Je crois que je ne m'en serais jamais remise si il lui était arrivé quoi que ce soit. Perdre son enfant, que l'on a attendu pendant neuf mois, imaginé, habitué à sa présence, c'est pas humain. Après de longues minutes de silence, j'arrive à articuler une phrase.
G: on fait quoi maintenant ?
D: on y va. Il veut nous voir.
Il se lève et me tend sa main pour m'aider à en faire de même.
D: Giulia, mon frère a besoin de nous. Il va falloir être fort d'accord?
J'ai l'impression qu'il me dit ces mots plus pour lui donner du courage à lui plutôt qu'a moi. Mais j'aquiesce et lui emboite le pas.

Nous sommes devant la maternité. Daryl et moi nous lançons un regard entendu, prenons une grande inspiration, et rentrons dans le hall. Nous nous dirigeons vers le service concerné. Je pousse la poussette, mais j'ai plus le sentiment que c'est la poussette qui me mène vers notre point de rendez vous. Je suis complètement dans le flou. C'est une situation  particulière que nous allons devoir gérer, complètement inconnue.
J'apperçois au loin Ryan et Lorna, assis sur des fauteuils, fixant chacun un point dans le vide. Ryan est livide, le contour des yeux cerné. Nous nous approchons silencieusement. Il nous voit et se lève pour venir à notre rencontre.
R: bonjour Giulia.
Sans avoir le temps de réagir, il me prend dans ses bras et me serre tendrement. Je suis surprise par son geste. Puis il de recule, me regardant dans les yeux. Je n'arrive pas à y croire mais j'ai l'impression qu'il a beaucoup pleuré.
R: je suis content de vous voir.
Il salue Daryl puis se penche au dessus de Milo dont il caresse la tête.
Lorna s'approche et nous dit bonjour.
D: il est où Matt?
R: au chevet de Jenny. Il m'a dit de le rejoindre lorsque vous seriez arrivé.
G: vas-y d'abord Daryl. Il faut quelqu'un pour garder Milo. Je ne veux pas l'emmener dans la chambre.
Lorna: allez-y ensemble, je peux rester avec lui si vous voulez.
Je regarde Daryl pour obtenir son approbation. Il me fait un signe de tête sans conviction.
G: d'accord. Merci Lorna.
Elle me souris.
L: ne vous en faite pas. Il y a un coin jeu pour enfant au bout du couloir, vois n'aurez qu'a nous retrouver là bas.
Ryan l'embrasse sur la tempe puis nous passons la porte qui mène aux chambres.
D: Ryan? Tu les a vu depuis l'accouchement?
R: très rapidement.
Daryl souffle pour évacuer son anxiété. Je lui prend la main en marchant qu'il agrippe fortement.
R: c'est là.
Nous nous postons devant la porte. Daryl jette un oeil par le petit hublot de la porte et Matt l'apperçoit. Ce dernier sort de la chambre, et se laisse tomber dans les bras de son frère en larme. Je passe ma main dans son dos en soutient. Matt se recule et essuie ses larmes du revers de sa manche. Il me fait tellement mal au coeur.
M: merci d'être venu.
R: comment va Jenny.
M: très mal. Jusqu'ici elle n'avait aucune réaction mais je crois qu'elle a réalisé et n'arrête plus de pleurer.
G: je suppose qu'elle ne veut voir personne?
M: je ne sais pas, elle ne me parle pas. Mais j'aimerais que tu essaies d'aller lui parler Giulia. Tu veux bien?
Ca ne m'enchante pas mais je dois le faire. Elle a besoin d'aide.
G: d'accord.
Je fais un câlin à Matt et rentre doucement dans la chambre. Jenny est allongée sur le côté, dos à la porte, je l'entend pleurer. Je m'approche et utilise ma voix la plus douce et rassurante possible.
G: Jenny? C'est moi.
Je me penche au dessus d'elle. Elle se retourne.
J: Giulia... mon dieu.
Sa voix me déchire le coeur. On y entend toute la souffrance qu'elle éprouve. Elle se jette dans mes bras et pleure toutes les larmes de son corps. Je la serre contre moi et lui caresse le cheveux.
G: pleure ma belle. Lâche tout.
Nous restons quelques minutes dans les bras l'une de l'autre. Je la laisse évacuer toute sa souffrance, en silence.

Un nom pour Une femme (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant