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J'ai eu beaucoup de chance de trouver un vol pour les Etats Unis aujourd'hui et avec encore des places de disponibles. J'ai laissé un mot à Daryl qu'il trouvera en rentrant. J'espère qu'il comprendra mon geste. En fait je sais très bien qu'il ne comprendra pas. Dans la lettre je lui ai dit que je partais pour calmer le jeu avec Ryan et trouver un arrangement avant que nous nous retrouvions face à une armée d'avocats.

Après un très long voyage, je rallume mon téléphone une fois dans l'aéroport de San Fransisco. Comme je le pensais, j'ai une centaine d'appelles en absence et des sms à n'en plus finir de Daryl. Il me supplie de ne pas partir, ça me fait mal au coeur, mais c'est de mon devoir d'assumer tout ce bordel. Je prend un taxi pour me rendre à l'hôtel. Une fois dans ma chambre, je prend mon courage à deux mains et téléphone à mon mari qui décroche tout de suite.
D: putain Giulia!!! Rentre!
G: bonjour. Je t'appelle pour te dire que je suis bien arrivée.
D: et moi je te dis que tu dois rentrer!
G: je suis ici maintenant et je ne repartirais pas temps que je n'aurais pas vu Ryan. Met toi bien ça dans le crâne Ortega.
D: t'es sûre d'avoir partagé le lit de Carter? Non parceque on dirait vraiment que tu le connais pas! Il a toujours ce qu'il veut, il sait parfaitement faire tourner les choses en sa faveur.
G: oui je sais. Justement, l'avantage c'est que je le connais très bien.
Daryl ne répond pas et laisse un blanc.
G: comment va Milo?
D: il te réclame.
Mon petit coeur. Je dois me dépêcher de régler cette histoire pour vite rentrer.
D: Giulia?
G: oui?
D: oublie pas que je t'aime, furie.
Ses simples mots me touchent.
G: je n'oublie pas. Je dois te laisser, je te rappel dès que j'ai du nouveau.
Nous nous disons au revoir. Je vais me reposer quelques heures puis j'irais voir Ryan.

           **********************
Me voilà devant le grand building de CarterCorp. Je lève les yeux jusqu'à l'étage 49, là où je travaillais et où se trouve Ryan, j'espère.

J'entre et me dirige vers les ascenseurs. L'un d'eux s'ouvre, nous somme plusieurs à nous y engouffrer. Plus les étages défilent, plus les gens descendent de la cabine, plus le stresse monte en moi. Qu'est ce que je vais bien pouvoir lui dire, comment va-t-il m'accueillir ? Je commence à regretter d'être venu.
*Ding*
49eme étage. Les portes s'ouvrent, je m'avance, c'est toujours aussi silencieux ici. Je m'approche de l'accueil mais il n'y a personne. Je tapote des doigts sur le comptoir, je vais attendre un peu, la secrétaire est peut être partie aux toilettes. En tournant la tête à droite, je remarque quelque chose qui m'interpelle. Mais oui! La petite plante verte que j'avais offerte à Lisa a bien grandi!
?: me dit pas que...
Je tourne la tête à gauche et trouve les grands yeux bleus et la tête blonde de Lisa.
L:Giulia!?
G: et oui...
Sans retenue, elle se précipite vers moi et m'enlace comme une amie le ferait.
L: j'arrive pas à y croire! Je savais que tu reviendrais, j'arrêtais pas de le dire!
G: alors tu travailles toujours ici?
L: oui. J'adore toujours autant ce que je fais. Même si je préférerais quand tu étais là...
Je la regarde désolée.
G: pardon Lisa. Mais je devais partir.
L: t'inquiète pas, je suis au courant. Matt m'avait tout expliqué sur l'oreiller à l'époque.
Elle pouffe.
G: naaaan! Tu es sortie avec Matt?
L: sortie est un bien grand mot. Il a voulu voir si il tenait tant que ça à sa copine je pense.
G: Jenny?
Elle hoche la tête.
L: et il s'est avéré que oui apparemment !
G: ma pauvre...
L: non non ca va! Moi je voulais juste coucher, rien de plus, on était d'accord.
Bon, j'ai loupé des trucs c'est clair.
G: Ryan est là ?
L: oui. Je l'ai apperçu ce matin. Tu veux que je lui dise que tu es là ?
G: non non laisse, je préfère lui faire la surprise (je ne suis pas certaine du terme là ).
L: ok. A tout à l'heure alors!
Je lui fait signe de la main et me dirige vers le bureau de Ryan. Mon coeur tambourine dans ma poitrine, j'ai chaud puis froid. Je respire un grand coup puis frappe.
R: entrez!
J'avais presque oublié le son de sa voix. Je pousse la porte et entre. Ses yeux turquoises concentrés sur son ordinateur, se lèvent vers moi pour rester comme deux ronds de flan.
Je referme la porte.
G: bonjour Ryan.
Au bout de plusieurs secondes, il refait surface puis s'enfonce dans son siège en croisant les bras. Bon, j'ai compris le message, je ne suis pas la bienvenue.
R: qu'est ce que tu viens faire ici? Les vacances sont terminées ?
Trèèès drôle. Son humour n'a pas progressé.
G: j'ai pris des jours de congés justement pour être là.
R: et que me vaut cet honneur?
J'ai tellement envie de lui demander comment il va, de le serrer dans mes bras, mais ce n'est clairement pas ce dont il a envie.
G: je suis venue pour ça.
Je lui agite le courrier du tribunal sous le nez. Il daigne enfin se lever de son siège pour venir vers moi. Sa carrure et son charisme m'impressionnent toujours autant.
R: et tu acceptes de le faire?
G: non, c'est pas la peine. Ne nous imposons pas toutes ces démarches. Je préfère être honnête tout de suite.
R: j'apprécie, j'ai toujours apprécié ce côté là chez toi.
G: tu es le père biologique de Milo. Mais Daryl est le seul père qu'il ai. Il veille sur lui.
Son regard se fait plus dur.
R: si tu n'étais pas partie, c'est moi qui aurait assumé ce rôle. Et c'est mon droit aujourd'hui de le vouloir.
G: et qu'est ce que tu veux exactement?
R: vu le temps que j'ai à rattraper avec mon fils, je veux qu'il vienne vivre ici, avec moi, pour qu'il aille dans les meilleures écoles pour avoir le plus bel avenir possible.
Alors là mec c'est hors de question.
G: et tu crois vraiment que je vais accepter?
R: non, mais je ne pense pas que tu es envie d'entamer une procédure en jsutice. Pas vrai?
G: pourquoi tu fais ça Ryan? Tu apprends que tu as un fils et la seule chose à laquelle tu penses, c'est te venger de moi. Tu ne peux pas juste être heureux de l'apprendre? Comme quelqu'un de normal? Je comprend que tu veuilles l'avoir auprès de toi, c'est légitime, mais ne pourrait-on pas commencer par une rencontre dans un premier temps? Tu vas directement au plus radical, comme à chaque fois.
Ma réplique le fait réfléchir.
R: tu as raison. Vous pourriez venir à la fin du mois?
G: haha! Non Ryan. C'est toi qui va venir. Milo va déjà être perturbé de rencontrer un deuxième papa, alors je préfère que ça se passe dans un milieu qu'il connait.
R: je n'aurais pas le temps de faire un si long voyage.
Il m'énerve ça y est.
G: si t'as pas le temps pour un voyage, je vois pas comment tu aurais le temps de t'occuper d'un enfant.
Mes paroles font mouche.
R: c'est pas ça le problème.
G: ta fiancée n'est pas au courant c'est ça?
Il baisse les yeux et retourne à son bureau. J'ai touché le point sensible.
R: non, elle ne le sait pas.
G: super...
R: non mais tu te rends compte un peu de la réputation que ça va me faire? J'ai un enfant caché! Les journalistes vont se régaler quand ils vont l'apprendre! Et Lorna va être humiliée!
G: putain mais c'est la seule chose qui te préoccupe !? Ta réputation? Ha oui! Le grand Ryan Carter va avoir son image salie ! Merde Ryan! On parle d'un enfant là ! Né de l'amour qu'il y avait entre nous! Où est le soucis?!
R: tellement d'amour que tu t'es barré!! Avec Daryl en prime! Alors que tu m'avais juré d'être entièrement à moi Giulia!!!
Il pète litteralement un plomb et hurle dans son bureau.
G: bon, ça suffit. J'étais venu pour trouver un arrangement mais tu n'as pas l'air prêt pour ça. Laisse tomber.
  Je tourne les talons pour sortir de cette pièce qui m'opresse. Mais en 2 pas, Ryan me rattrape et me saisie par le bras.
R: attend Giulia.
Je regarde sa main qui entoure mon biceps puis trouve ses yeux, dévastés.
R: excuse moi. Je me suis emporté. Ça me fait beaucoup à encaisser. Tu as raison, il faut trouver un arrangement.
Je souffle de soulagement.
R: tu sais, ça m'a crevé le coeur que tu disparaisses. Je t'aimais tellement Giulia...
G: mais tu sais pourquoi je l'ai fait n'est ce pas? C'était à contre coeur, pour t'épargner toi, ta famille, mes amis.
R: oui je sais. Mais tu n'as plus rien à craindre ici maintenant. Je me suis renseigné et j'ai tout fait pour que le nom de Lombardi n'est plus rien à craindre. Je pensais que tu reviendrais après ça...mais je n'arrivais pas à te joindre pour te le dire.
De savoir qu'il a fait tout ça pour moi me touche. Peut être que si je l'avais sû, nous n'en serions pas là aujourd'hui.
G: pardon Ryan. Pardon de t'avoir fait souffrir. Je m'en veux tu sais, chaque jour qui passe.
Son regard devient tendre, et dans un élan, il me prend dans ses bras pour me serrer contre lui. Je ne peux expliquer ce que je ressens à cet instant. De la gêne mais aussi une sensation de bien être, qui était enfouie et qui n'attendait que ce moment. Je l'enlace à mon tour. Il y a quelques minutes, nous étions en train de nous disputer, et maintenant, nous sommes l'un contre l'autre.
Ryan se détache de moi et me scrute.
R: je vais annoncer à Lorna que nous avons un enfant tous les deux. Je dois le faire par honnêteté.
G: comment tu crois qu'elle va réagir?
R: franchement, je ne pense pas qu'elle va apprecier. Je la connais, elle est prévisible. Pas comme toi.
Je souris.
R: tu sais que si tout s'était bien passé, c'est avec toi que je me serais marié?
(Mais pourquoi tu me dis ça!)
G: vraiment?
R: oui. Je l'envisageais au moment où tu es partie.
Putain, je suis un monstre. Je baisse les yeux, honteuse.
R: tu veux qu'on mange ensemble demain midi? Je pourrais dire à Jenny et Matt de se joindre à nous?
G: non, je suis désolée mais je dois rentrer vite. Mon fils a besoin de moi.
R: notre fils tu veux dire?
C'est bizarre. Pour moi, Milo est le fils de Daryl. Mais pour ne pas le vexer d'avantage, j'aquiesce.
R: bien. Alors je vais trouver un moment pour venir en Espagne.
G: merci.
Je lui met le papier du tribunal sous les yeux.
G: je peux le déchirer?
Il rit.
R: oui tu peux. Je vais annuler la procédure.
Nous nous sourions. Le calme est revenu entre nous.
G: je dois y aller. Tu me tiens au courant de la suite d'accord?
R: compte sur moi.
Je me met sur la pointe des pieds et lui dépose un bisou sur la joue.
G: a bientôt.
Je sors du bureau, plutôt contente de l'aboutissement de notre entrevue qui était mal partie. Un poids se détache de mes épaules. Je suis soulagée et contente de l'avoir revu. Je retrouve Lisa au comptoir.
L: alors ? Ça s'est bien passé? J'ai entendu le patron crier...
G: t'inquiète pas. Je dois être l'une des rares personnes à lui faire hausser le ton mais ça s'arrange toujours.
L: tant mieux. Tu restes combien de temps ici?
G: je repars demain.
L: si vite?
G: oui, mon fils m'attend.
Lisa hoquète de surprise.
L: tu as un fils?
Je sors mon téléphone pour lui montrer une photo de Milo.
L: ho mon dieu qu'il est beau! Une tête d'ange.
G: c'est un amour.
L: et bien bon retour Giulia. N'hésite pas à me faire signe si tu reviens, on a une sortie shopping prévue depuis... 5 ans je crois non?
Elle n'a pas oublié ce que j'avais promis à elle et Jenny.
G: pas de problème.
Nous nous enlaçons.
G: a bientôt ma belle.
L: au revoir!
Je monte dans l'ascenseur. En y repensant, je n'ai même pas montré à Ryan à quoi ressemblait Milo. Je lui envoie une photo de lui sur la messagerie Facebook accompagnée d'un petit message.
"Pour papa"

Un nom pour Une femme (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant