Ce fut le carillon de la porte d'entrée qui me réveilla tout à fait. Il était huit heures tapantes. Mon cerveau embrumé prit quelques secondes pour comprendre ce qu'il se passait. Tout me revint en mémoire : le coursier ! J'enfilai rapidement un peignoir et allai lui ouvrir. Je m'excusai pour l'avoir fait attendre mais il ne semblait pas en faire de cas. Il me tendit sa carte me précisant de le rappeler lorsque je voudrais renvoyer les documents. Je le remerciai et il repartit comme il était venu. Je fermai la porte et posai le pli sur le comptoir avant d'aller me faire couler un café. Je le bus par petites gorgées surveillant le paquet brun qui m'attendait.
Je n'osais pas ouvrir, pressentant que ma vie allait changer si je l'ouvrais. Je repensais à Stella, à l'envie que j'avais ressentie lorsque j'avais assisté malgré moi à cette baise torride dans les toilettes. Je ne pouvais nier que cela m'avait excitée. J'entends encore les coups de butoir résonner contre la porte de la cabine. Est-ce que j'avais eu envie d'être à sa place et de vivre cela ? Assurément oui. Qu'est ce que je craignais ? De me faire avoir encore. Mon téléphone annonça l'arrivée d'un message.
Si vous avez des doutes, lisez le contrat.
JJBon sang ! Il était médium ou quoi ? Son message arrivait à pic. Je posais ma tasse et ouvris l'enveloppe. J'en sortis une liasse de documents. Comme à mon travail, je pris un fluo et effectuait la lecture. Je relevais tout ce que je ne comprenais pas ou qui me semblait étrange.
Finalement ce furent une douzaine de lignes qui me posaient question. Je répondis à JJ, espérant obtenir des réponse de sa part :
Bella : J'ai quelques questions concernant le contrat.
Il ne fallut pas plus de deux minutes avant d'obtenir une réponse.
JJ : Dites-les moi et je tâcherais d'éclairer votre lanterne.
Bella : Quand c'est mis : "accepte des jeux de rôle, de domination ou des sessions multipartenaires" ça veut dire que je suis obligée ?
Je vis que JJ tapait sa réponse, je ne savais s'il ne savait comment formuler ou bien si sa réponse était longue car je dus attendre dix bonnes minutes avant de ne pouvoir lire quoi que ce soit.
JJ : Puis-je vous appeler ce sera plus facile ?
Je ne savais pas si j'étais prête à en parler de vive voix. Ne me voyant pas répondre JJ reprit :
JJ : Je comprendrais si vous refusiez Bella. On ne se connaît pas finalement. On peut continuer par message si vous préférez.
Son message me rassura. Je ne voulais pas lui parler enfin pas tout de suite.
Bella : Oui je préfère.
JJ : Bien. Alors il n'y a évidemment aucune obligation. Si vous ne voulez pas quelque chose, en aucun cas vous ne serez forcée. Tout peut être décidé en amont ou bien sur le moment. Il est plus facile de vous proposer des choses si nous savons ce que vous aimez ou recherchez. Comprenez-vous ?
Bella : Oui cela me convient ainsi. Pour ce qui est des vêtements, je dois avouer que si mon frère est riche ce n'est pas vraiment mon cas...
JJ : Pour tout l'aspect financier, je me charge de cette part. Accepteriez vous que j'achète ces vêtements pour vous et vous les fasse livrer ?
Bella : C'est un peu gênant...
JJ : Du tout ! Ce serait un honneur pour moi de vous voir porter ce que je vous aurais choisi. Naturellement vous n'aurez aucune obligation.
Bella : OK. Et pour les caméras ?
JJ : Il n'y en a qu'une que vous activerez si vous le souhaitez pour des séances par écrans interposés.
Bella : Et si les images étaient piratées ?
JJ : L'installation qui sera faite chez vous comprend une sécurisation de la connexion. Rien ne pourra fuiter. De même les archives s'autodétruisent au bout de 24h.
Bella : En 24h, on peut faire des copies...
JJ : Pas sur notre système d'exploitation. Tout a été pensé pour que cela n'arrive jamais. Aucun d'entre nous ne souhaite que cela arrive. Nous aurions bien trop à perdre.
Bon, il avait répondu à toutes mes questions et j'étais rassurée. Toujours craintive mais rassurée. J'avais sept jours pour me rétracter et je pouvais bénéficier de tous les avantages dès la signature déposée sur le contrat. Je repensais à ce que m'avait dit Aurélia et je finis par céder. Je signai et appelai aussitôt le coursier qui arriva dans les dix minutes qui suivirent. À croire qu'il attendait en bas de chez moi.
Deux heures plus tard, on sonna à la porte. Je trouvais alors Luna sur le seuil un sac de nourriture thaï dans les bras.
- Tu es la meilleure, je commençais à avoir faim et je n'ai plus rien à manger.
Elle rit et après m'avoir embrassée, s'installa dans le salon. Elle fit comme chez elle, mit de la musique et répartit les plats. Je revins avec les couverts et les boissons. Ce fut une sorte de petit ballet coordonné et bien rodé. Nous avions nos petites habitudes et j'aimais ces moments qui me rappelaient le plaisir de vivre à plusieurs. Alors que je riais d'une anecdote de boulot de Luna, la sonnette de la porte d'entrée retentit. Surprise, je jetais un œil par le judas. Un homme d'âge moyen, vêtu d'une chemise marron avec le logo d'une société d'informatique. Je consultais mon téléphone et comme je le supposais JJ me prévenait de la venue du technicien. Je lui ouvris alors et le guidai vers mon installation. Je le laissai travailler et rejoignis mon amie.
- Depuis quand les techniciens travaillent le dimanche ?
- C'est celui du site de rencontre.
- Du site de rencontre ?
Je lui racontais toute mon aventure tout en lui demandant de rester discrète. Elle souriait comme une enfant devant un sapin de Noël.
- C'est parfait pour toi. Ce Gigi t'a vraiment fait la proposition idéale. Si je n'avais pas un mec je serais jalouse.
Je ris doucement à sa remarque. Ça me tranquilisa. Plus tard, il partit après m'avoir expliqué les changements. Bien que curieuse, Luna se retint de venir voir et repartit peu après. Elle n'avait pas quitté l'immeuble que je reçus une notification sur mon téléphone.
JJ souhaite vous trouver sur le chat du site dans dix minutes.
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Duo solo
ChickLitBella, jeune femme de 27 ans, souhaite rencontrer un partenaire. Fatiguée des relations éphémères avec les hommes elle décide de commencer par la réalité virtuelle des sites de rencontre.