Chapitre 7

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Une fois que j'ai fini mon repas, (après m'être resservie, bien sûr) les garçons m'indiquent qu'il faut débarrasser son plateau, et nous nous rasseyons. L'étonnement doit se lire sur mon visage puisqu'Aiden me dit :

- Tu dois probablement te demander pourquoi on reste là, mais ici c'est une prison, j'te jure, on doit attendre le signal pour pouvoir rentrer dans nos chambres.

- Ou aller dans ces salles de "passe temps" ajoute Oliver.

- Hein ? C'est quoi ça encore ? je demande.

- En gros tu peux soit retourner dans ta chambre, ou bien faire des activités dans des salles conçues pour, explique le jeune homme.

Cet endroit est de plus en plus sordide. Je n'en peux plus d'être coincée ici, et pourtant je viens seulement d'arriver. C'est là qu'une idée me vient à l'esprit : je dois élaborer un plan, avec eux, qu'on se réunisse clandestinement, pour pouvoir s'échapper de là. Mais voilà, je n'ose pas leur en parler. Peut-être que j'en ferai part à Aiden, c'est pour l'instant en lui que j'ai le plus confiance, étant donné que c'est lui que je connais le plus, si je puis dire.

Une pensée me frappe. Et si lui et tous les autres étaient complices de tout ça ? S'ils étaient un leurre et que je suis bêtement tombée dans leur piège, naïve que je suis ?

Je chasse ce doute de ma tête, et me reconnecte à la réalité. Je ne peux pas me permettre d'avoir confiance en tout le monde, mais ce groupe représente les seules personnes extérieures à qui je peux parler, hormis l'infirmière psychopathe de la première fois. Et si je parviens à m'enfuir, je n'ai pas envie de les laisser là. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'y peux rien.

Soudainement, la porte imposante du réfectoire s'ouvre et laisse entrer un homme, exclusivement habillé de noir, à l'allure très stricte. Tout le monde se tait, le silence règne dans la grande pièce. Comme si l'arrivée de cet individu avait aspiré le moindre bruit.

- J'espère que vous avez apprécié votre repas, annonce-t-il d'une voix glaciale, signifiant clairement que notre repas est la moindre de ses préoccupations.
Ça ne présage rien de bon.

- Vous pouvez maintenant disposer, ordonne-t-il. Et il repart d'où il est venu, simplement, sans rien dire de plus que ces deux phrases monotones. Le brouhaha de voix reprend, les garçons et moi sortons. Arrivés dans le couloir, Justin me chuchote à l'oreille :

- Cet homme me fait froid dans le dos, il est trop bizarre. Il arrive à chaque fin de repas et répète ces deux phrases tous les jours.

Je hoche la tête, je n'en pense pas moins. Les gens ici ne tournent vraiment pas ronds. Après avoir décidé collectivement qu'on ne voulait pas se retrouver seuls à errer dans nos chambres, nous nous avançons au bout d'un autre couloir pour en déboucher sur un autre, où se dressent plusieurs portes peintes en bleu ciel.

- Bon bah, on va dans n'importe laquelle hein, lâche Aiden, d'un ton morne.

- Hum, attendez, je vais vérifier si ma sœur n'est pas dans l'une d'elles, allez vous installer, je reviens, préviens Dylan.

Je peux clairement décerner de l'inquiétude dans sa voix, et ça ne m'étonne pas, j'espère pour lui qu'Amy est bien là.

- Ok, on vous garde deux chaises, fais gaffe, répond Aiden.

Nous allons donc nous installer dans la première salle devant nous. Les murs, peints en bleu pastel donnent une ambiance beaucoup plus accueillante que celle de ma chambre, blanche et neutre. La pièce est relativement grande ; il y assez de place pour cinq tables et les chaises qui vont avec. Assis à la table du fond, au bout de quelques minutes, nous voyons que Dylan revient et avec grand soulagement, une jeune fille que je devine être sa sœur. Leur ressemblance est frappante ; tous deux ont ce même regard noisette, le même petit nez dont le bout remonte légèrement, et les mêmes traits fins du visage.

- Tu aurais au moins pu me dire que tu ne venais pas manger ! lance Dylan à sa frangine en s'asseyant.

- Oh c'est bon, je t'ai dit que j'avais pas faim, c'est pas la mort non plus, rétorque cette dernière. Eh, salut, t'es nouvelle ? me demande-t-elle subitement quand elle me remarque.

- Salut, heu, oui, je suis là depuis un jour ou deux, affirme-je.

Enfin je présume, la notion du temps étant devenue floue quand je suis arrivée.

- En tous cas, je kiffe tes cheveux, j'aurai trop aimé en avoir des comme ça, déclare Amy.

Je la remercie, embarrassée. Puis réalise que je n'ai toujours pas vu mes cheveux, ni mon visage. Et que je ne me suis pas lavée, et bien, depuis que je suis là.

- Juste...Il y a des douches ici ? Enfin...parce que...j'ai trouvé le nécessaire pour se nettoyer dans ma chambre mais pas de douche ni rien ?

- Ah votre phobie les filles de pas pouvoir vous pomponner ! cancane Oliver.

- Ravale tes clichés, Oliver, réplique Amy. J'suis sûre que je mets moins de temps que toi pour m'habiller. Et...comment tu t'appelles ? s'adresse-t-elle à moi.

- Allison, je réponds.

- Allison, reprend-t-elle, c'est l'horreur, on se lave dans des douches communes ! La mort ! Encore heureux que ce soit des douches par genres, ce serait vraiment trop gênant sinon, s'exclame la jeune fille, avec une expression de dégoût.

Quoi ? Décidément ici, rien ne va. Même si je trouve qu'Amy exagère un peu, je n'ai quand même pas forcément envie que pleins de filles me regardent pendant que je me balade avec une serviette autour du corps. Ce n'est pas que je suis complexée par celui-ci, mais j'ai toujours été très pudique.

- Génial, je soupire.

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