Chapitre 11

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Une fois rentrée dans une cabine de douche individuelle, déshabillée, je m'abonne au plaisir de l'eau chaude coulant sur mon corps. Cela m'avait paru une éternité que je n'en avais pas bénéficié.

Il y a déjà des gels douches et des shampoings à disposition, je m'en sers et frotte vigoureusement ma peau. Si seulement en me lavant je pouvais aussi effacer cette réalité qui est maintenant la mienne.

Je me dépêche de finir ma douche avant que des larmes de frustration ne me viennent et m'habille en vitesse. La « fille au carré noir » avait raison, le haut et le jean sont bien à ma taille. Lorsque je sors, je ne vois toujours pas Amy. Je commence sérieusement à m'inquiéter.

Je retourne le plus vite possible à la chambre d'Aiden, redoutant un peu l'agacement de ce dernier au vu du temps qui s'est écoulé depuis que je suis partie.

Satisfaite de moi-même du fait que je ne me suis pas perdue, je toque à la porte de l'adolescent.

Il m'ouvre, et me juge du regard.

- Heureusement que je t'ai indiqué « ne mets pas trop de temps » hein ? ironise-t-il en refermant la porte derrière nous.

- Oh, ça va. On croirait entendre Oliver et ses clichés ! rié-je.

Nous marchons le long des couloirs, en direction des chambres de notre petit groupe. J'imagine que j'en fais bien partie maintenant, au moins je ne suis pas seule dans ce cauchemar.

- OliverCe n'est pas la personne que j'aime le plus au monde, je dois l'avouer. Mais il n'est pas aussi vicieux qu'il en a l'air, tu sais, me confie Aiden.

- Si tu le disdepuis combien de temps est-il arrivé ici ? demandé-je.

- On ne sait pas vraiment. Je crois qu'il était déjà là avant moi, mais je ne suis pas sûr, il ne parle pas beaucoup, enfin moins que les autresAu fait, tu as vu Amy aux douches ?

La boule au creux de mon ventre réapparaît. Je hoche négativement de la tête et le regard noisette d'Aiden s'assombrit.

- Peut-être qu'elle n'avait simplement pas envie d'y aller ce matin, ne commençons pas à nous imaginer le pire scénario, assure le jeune homme.

Son optimisme est certes une grande qualité, mais je commence à penser que ça peut le mener dans de grandes illusions, parfois. Je ne fais cependant pas de commentaires, je ne souhaite pas vraiment le contrarier. Lors de notre chemin, nous croisons quelques rares adolescents, mais leurs regards sont fuyants et personne n'ose vraiment se regarder dans les yeux. Cet endroit transpire l'angoisse et la crainte, c'est insoutenable. Je refoule mon envie de pleurer, d'aller me cacher dans un trou et me concentre sur mes pas, jusqu'à ce qu'on arrive enfin devant la chambre de Dylan. J'espère de toute mon âme qu'Amy s'y trouve, ainsi que son frère.

Aiden et moi acquiesçons du regard avant de toquer à la porte en même temps. Quelques secondes interminables passent, sans aucune réponse. Je m'apprête à frapper une seconde fois, quand je remarque que la peinture est éraflée en bas de la porte, et cette dernière semble avoir pris un coup assez violent.

Je donne donc quelques coups plus forts, mais le seul retour qui nous parvienne est le silence. Je crains le pire, et je sais que nous devons rentrer à l'intérieur pour aller voir ce qu'il se passe, mais mes jambes semblent clouées au sol. L'adolescent qui m'accompagne me regarde d'un air anxieux que je ne lui connais pas, et enclenche la poignée.

Nous nous avançons dans une masse noire, il fait sombre et le seul son que l'on peut percevoir sont des sanglots dans ce qui semble être le coin de la pièce.

Et ce sont les pleurs d'une fille.

- Amy ? appelé-je, la voix hasardeuse.

Et les sanglots repartent de plus belle. Je tente de localiser la jeune fille plus précisément, et m'approche de celle-ci. Dans la pénombre, je ne distingue pas grand-chose, mais je sais qu'elle est tout près, et avant que je ne puisse prononcer son prénom, elle me saute dans les bras et s'effondre. Je n'ose rien dire et la serre très fort dans le but de la réconforter comme je peux. Aiden ne tarde pas à trouver l'interrupteur de la chambre et appuie sur celui-ci.

La lumière soudaine baigne dans la pièce et je dois plisser des yeux quelques secondes. Seuls les pleurs déchirants d'Amy résonnent entre ces quatre murs. Nous restons là quelques minutes, jusqu'à ce qu'Amy se détache de moi. Elle nous regarde tour à tour Aiden et moi, les yeux remplis de désespoir et d'inquiétude.

- Il m'avait dit que tout se passerait biencommence-t-elle. Et résultat, c'est de ma faute !

- Que s'est-il passé ? lui demande Aiden, même si je pense qu'il connaît déjà la triste réponse.

- Comme vous le savez, nous étions tous les deux ici, et Dylan tentait de me rassurer, même si je ne l'avais jamais vu autant inquiet. Et puis on a commencé à entendre de grands p-pas ces gens ont ouvert ma chambre qui était vide, et sont repartis enfin, c'est ce que nous pensions. Ils se sont en fait reculés pour prendre de l'élan et...et enfoncer notre porte, raconte-elle, les yeux rouges et les joues encore humides.

Ça doit sûrement correspondre à la marque que j'ai aperçue avant d'entrer. Amy reprend après s'être essuyé son visage mouillé par les larmes. Ça ne doit vraiment pas être facile pour elle. La pré-adolescente nous explique ensuite comment ces barbares ont traîné son frère aîné de force, sans qu'elle n'ait rien pu faire.

- Tu n'as pas pu les suivre ? lui demandé-je gentiment, cherchant à ne pas la brusquer.

- Non, deux hommes m'empêchaient de bouger, et m'ont menacée qu'il souffrirait plus si je tentais quoique ce soit, lâche-t-elle, réprimant un violent sanglot. J'ai essayé, je vous le jure, mais ils étaient tellement forts, et ils me faisaient malbon sang pourquoi je ne suis pas allée dans ma chambre

- Amy, ce n'est pas de ta faute, tu n'as rien à te reprocher, la coupé-je. Ce n'est d'ailleurs la faute de personne. Si on est là, c'est à cause de ces enfoirés, qui qu'ils soient.

- Elle a raison, approuve Aiden, les poings et la mâchoire serrés. Allez, on va chercher les autres, nous incite-t-il d'un ton plein d'appréhension.

Et il n'est pas le seul à être inquiet.

Je m'estime chanceuse d'être la seule personne de ma famille à avoir atterri dans ce cauchemar. Et encore, qui sait s'ils ne sont pas dans une prison semblable à la mienne ? J'en ai des frissons, et tente de chasser cette pensée qui me terrifie au plus haut point.

Nous nous levons tous les trois, Amy le regard si perdu que je ne reconnais pas la jeune fille audacieuse et au caractère bien trempé que j'ai rencontrée hier.

Ce qu'il s'est passé ne fait qu'ajouter des étincelles dans mon envie de me révolter, contre ceux qui nous font subir cette atroce cruauté.

Et je compte bien y parvenir, coûte que coûte.

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Hello hello ! Me revoilà, après un long moment d'absence.

Avec les cours qui ont recommencé, il va être difficile de trouver du temps pour écrire, mais je vais faire mon mieux !

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Passez une bonne journée,

Clara :)

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