Chapitre 7

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- Lucas... hey... réveilles-toi...

- On dirait qu'il est inconscient, tu lui as donné quoi mec...?

- Mais rien, t'es con ou quoi!

- Détends-toi j'déconne!

- Sérieux Arthur, au lieu de dire de la merde, aide moi a l'allonger sur le divan....

***

...Lucas, qu'est ce que t'as fait! Lucas!Réponds! Pourquoi tu l'as laissé aller à cette soirée? Putain, laissez-moi respirer les gars... j'arrive plus à respirer... Lucas calme toi... un, deux, trois, quatre... je savais pas... j'en savais rien... si seulement j'avais su... Mia, tu me manques tellement...

***

Je me réveille en sursaut, les yeux trempés de larmes, complètement en nage. Une énorme boule de poile tombe à côté de moi, il me faut un temps pour capter que c'est le chat d'Eliott qui s'était couché sur mon ventre. Sale bestiole.

Je m'essuie les yeux, puis le front, en essayant de me calmer, mais à peine ai-je le temps de reprendre mes esprits que je sens que de la bile me remonte dans la gorge et...

- Lucas!! Qu'est ce qu'il y a ?!

Eliott débarque dans le salon, les cheveux en pétard, la marque de son coussin sur la joue.

- Les toilettes!!! J'articule avec peine.

Je me lève du divan, trébuche, Eliott semble perdu, ne comprenant pas pourquoi je fais autant de bordel en plein milieu de la nuit. La main sur la bouche, je me relève et Eliott m'agrippe par le dos pour m'aider, puis on fonce jusqu'à la salle de bain.

J'arrive à temps jusqu'a la cuvette pour vomir mes tripes.

Agrippé à la planche comme si ma vie en dépendait, je tente de me ressaisir. Puis j'entends de l'eau coulé.

Eliott apparaît à côté de moi, un gant de toilette humide, et le passe doucement sur mon front.

Je me laisse faire, épuisé.

- C'est vraiment degueulasse de vomir, dis-je en m'appuyant contre le mur.

Eliott est assis face à moi.

- Belle déduction, Sherlock, se moque t-il.

Je soupire, n'ayant pas la force de répliquer.

- Désolé, laisse t-il flotter entre nous.

Je fronce les sourcils.

- J'aurai pas du t'inciter à boire autant, dit-il tout penaud.

Je ferme les yeux tout en souriant.

- C'est ma faute. C'est moi qui ne connais pas mes limites.

Puis on reste là un moment, silencieux.

- Tu t'es endormi comme une masse, c'était impressionnant. J'arrivais pas à te réveiller.

Je hausse les épaules.

- J'suis sérieux, Lucas. J'ai eu peur.

Il me contemple toujours, ses yeux malicieux scrutant chaque recoins de mon visage, que j'essaye de garder neutre.

- L'alcool et le manque de sommeil, je fini par répondre. C'est à cause de ça que je me suis endormi d'un coup... j'étais k.o, j'ai rien compris.

Il ne répond rien et se lève, puis me tend la main pour m'aider à faire pareil.

Sans un mot, je le suis jusqu'à la cuisine, où il nous sert deux grands verres d'eau, et lorsqu'il constate que je l'englouti d'une traite, il me propose un deuxième verre que j'accepte grandement.

- C'est frequent, tes insomnies, non? Lâche t-il de but en blanc.

- Assez, oui.

- Comment tu tiens le rythme pour les cours? Et le bac?

Je grimace instantanément.

- Tu veux vraiment parler du bac là maintenant? Ew.

Ma bouille déconfite lui décroche un sourire.

- J'espère juste que t'arrivera à retrouver des nuits paisibles...

- Qu'est ce que ça peut te faire, de toute façon? On se connaît à peine, dis-je sans réfléchir et je vois son expression s'assombrir.

- C'est juste que je vois bien qu'il y a quelque chose qui te rend triste. Et j'vais pas te poser de questions, ni te forcer à en parler, mais tu me fais un peu penser à moi, y'a quelque années... je m'étais tellement renfermé que j'étais comme une boule prête à exploser, c'était... invivable.

Je détourne le regard, mal à l'aise qu'il puisse me percer aussi vite.

- Si tu le dis...

Il pouffe.

- Sacré Lucas. Je dois aussi avouer que j'aime bien ta compagnie, même si t'es un vrai râleur.

- Franchement, n'importe quoi, dis-je en voulant avoir l'air offensé.

Il secoue la tête, puis passe sa main dans ses cheveux toujours en pétard.

- Quel heure il est, en fait?

- Pratiquement 6h, si j'ai bien vu mon réveil avant de te traîner jusqu'à la salle de bain, glousse t-il.

- Ah, déjà. Je vais retourner dans mon appart', désolée du dérangement, vraiment je...

- Tu me déranges pas, me coupe t-il. Quand j'ai vu que tu t'étais endormi, Arthur m'a aidé à t'installer sur le divan, parce que je me serai pas permis de fouiller tes poches pour trouver tes clés et te ramener dans ton lit, sinon je l'aurai fait, tu aurais été mieux mis.

A la simple évocation de mes clés, je fouille instinctivement mes poches mais elles n'y sont pas.

- Bah, visiblement, je les ai même pas sur moi.

- Ah merde. Attends, on va regarder près du divan.

Effectivement, Eliott jette un œil sous les couettes et les coussins, et mes clés sont juste là, elles sont sûrement tombées de mes poches lorsque j'étais couché.

D'ailleurs, je remarque seulement qu'il a pris le temps de m'installer une couette et des coussins supplémentaires. Il a aussi pris la peine de retirer mes baskets... et rien qu'à l'imaginer faire, alors que j'étais à moitié inconscient, ça me fait rougir de honte.

- Bon... je vais retourner chez moi, encore merci, pour l'invitation, et le gâteau, et tout le reste... dis-je en remettant mes chaussures.

Je me redresse et Eliott se tient juste devant moi. Puis il met sa main dans mon dos.

- Merci à toi d'être venu, ça m'a fait plaisir de passer du temps avec toi. Puis, j'espère que tu te souviendra longtemps de tes 18 ans!

- Ah ça... tu peux en être sur.

Il me ramène jusqu'à la porte et je peux pas m'empêcher de penser que c'est une évidence, et que je me rappèlerai longtemps de mes 18 ans.

De ce gars, qui se comporte d'une gentillesse infinie avec moi, qui me prépare un gâteau, qui me stalk sur les réseaux, me prépare des draps pour dormir, m'éponge doucement le front de sueur... je ne peux que m'en rappeler, puisque c'est la première fois qu'un garçon me fait me sentir... différent.

You're not alone / skam franceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant