You're not alone / skam france

Chapitre 11

La nuit suivante fut la pire de toutes.

Je basculais non-stop entre cauchemars et réalité et ne parvenais plus à distinguer les moments où j'étais vraiment éveillé et ceux où mes yeux clos me donnaient l'impression de dormir un petit peu.

Ce n'est pas tant l'insomnie qui est dure a gérer, ce sont toutes ces pensées que je ne sais pas faire taire, et les émotions qui l'accompagnent.

Comme souvent, le peu d'heure où je m'endors sont peuplées de cauchemars dont je me réveille en sueur, les larmes aux yeux.

Mais ce soir, ces cauchemars ont atteint un stade supérieur. Ces émotions diverses et variées me rendent désormais complètement taré.

Cette nuit, j'ai fais le même cauchemars que d'habitude, sauf que cette fois, je voyais distinctement à quoi ressemblait ma sœur ce soir là, la beauté qui émanait d'elle était irréelle et rendait bon nombre de mecs carrément fous, elle avait cette aisance à parler avec tout le monde et putain, qu'est ce qu'elle me faisait rire, sa compagnie était si douce et chaleureuse... avant que tout ne bascule en montant dans cette foutue voiture.

Cette scène tourne en boucle et j'essaye de lui crier qu'elle ne doit pas y aller, parce que la voiture va se cracher, j'essaye de toutes mes forces mais aucun son ne sort de ma bouche. Personne autour de moi ne l'a retient de monter dans cette voiture.

Je sens quelqu'un qui m'emprisonne, m'empêchant de bouger mais pourtant je lutte, je me débats, j'essaye de lui rattraper le bras, mais elle s'éloigne, de plus en plus, elle ne me voit pas, elle ne m'entend pas, je hurle son prénom mais elle ne se retourne pas, puis je cours encore et toujours plus vite pour l'atteindre, sauf qu'elle m'échappe sans cesse, Mia, arrête, je t'en supplie!

Je me réveille une dernière fois, les yeux brulants de larmes en appelant ma sœur si fort que j'ai la gorge douloureuse, comme si mes cordes vocales ne supportaient pas ce son grave et désespéré que je laisse enfin sortir.

MIA !

Je regrette. Je suis submergé de regrets. Je ne pensais pas ce que je t'ai dis, ce soir là. Tu me manques, sœurette. Mia, tu étais si belle et intelligente. Pourquoi il a fallut que ce soit moi qui reste en vie?

Je me tords de douleur dans mon lit, et mes sanglots ne suivent plus. J'attrape un coussin, tape du poing dedans et le balance de rage sur le mur, puis un deuxième, je continue avec ce qui me tombe sous la main et tout y passe, mon portable, ma lampe de chevet, un bouquin, j'ai envie de tout casser.

Soudain, je me fige, une douleur lancinante traverse mon thorax, il se comprime et j'ai l'impression que des millions d'épines viennent de s'y planter.

Surpris par cette sensation inconnue et désagréable au possible, l'air me manque, comme si mes poumons rétrécissaient, et je perds l'équilibre, tombant comme une masse de mon lit, sans comprendre ce qui m'arrive.

J'ai mal au cœur tant il bat à toute vitesse, est-ce donc ça? La douleur d'un cœur brisé? Je n'en sais rien, je n'arrive plus à penser clairement.

Je suis affalé sur le carrelage froid de ma chambre, portant une main à ma poitrine. Je souffre, et j'ai du mal à respirer.

J'appelle à l'aide, j'appelle ma sœur, Mia, aide-moi, qu'est ce qu'il se passe?

Je cherche après mon portable sans le trouver, chaque effort me faisant suffoquer encore plus.

Je n'arrive plus à reprendre mon souffle entre les pleurs et la peur. La peur de ce qu'il m'arrive, la peur de mes cauchemars, la peur d'être seul et que personne ne me vienne en aide.