Encore une nuit blanche. C'est toujours la même chose.
La journée, tout se passe bien, mais quand arrive la tombée de la nuit, on dirait que mon cerveau fait un gros blocage et se dit « non Lucas, ce n'est pas ce soir que tu dormiras non plus. »
Fait chier.
C'est un réel cercle vicieux, puisque lorsque je m'endors pendant une heure ou deux, je fais des cauchemars. Toujours les mêmes.
Je me retourne encore et encore dans mon lit. Alors que je le trouvais confortable auparavant, moins je parviens à dormir, plus je le trouve horriblement dur. J'ai l'impression de sentir chaque latte sous le matelas me traverser la colonne vertébrale.
D'habitude, quand je fais des insomnies, je passe le temps en lisant un bouquin qui traîne sur ma table de chevet, ou je regarde un film.
Mais ce soir, c'est différent. Je n'ai envie de rien de tout ça.
Cet appartement m'oppresse, il est trop petit, j'ai l'impression que les murs se rapprochent de moi, je ferme les yeux pour atténuer ce sentiment mais ça ne suffit pas.
D'un bond, je saute de mon lit et me précipite vers le balcon.
J'ouvre les vitres à tout vitesse et la brise fraîche d'octobre me caresse le visage.
Je reste là, debout, appuyé sur la rambarde, les yeux clos, à respirer lentement, comme me l'avait appris ma mère. Et je compte. Un, deux, trois, quatre, j'inspire. Un, deux, trois, quatre, j'expire.
- Hey Lucas.
Je sursaute presque au son de sa voix. Et une légère odeur de cigarette me parvient.
Effectivement, quand je me tourne vers le balcon à ma droite, ce timbré de voisin est là, à fumer tranquillement, emmitouflé dans une grosse écharpe par-dessus un t-shirt de pyjama. Comme s'il n'était pas quatre heure du matin et qu'il faisait -15 degrés. Bon, j'exagère, mais en tout cas, on se les gèle.
- Hey, je réponds fébrilement, puis je reprends mes exercices de respiration.
- Tu ne dors pas non plus, lache t-il au bout d'un moment.
Je termine de compter et je prends mon temps pour lui répondre.
- Ah si, si, je dors là, ça ne se voit pas? J'suis somnambule à mes heures perdues.
Ma réplique lui décroche un petit rire silencieux.
Je le regarde tirer un dernier coup sur sa cigarette avant de l'écraser dans son cendrier. La nuit sombre nous entoure et pourtant j'arrive parfaitement à distinguer ses traits. Ses lèvres retroussées alors qu'il secoue la tête, les petites rides qui se forment au coin de ses yeux parce qu'il rigole.
- Et toi? Je lui demande sans même savoir pourquoi.
C'est vrai, d'habitude je ne lui adresse jamais la parole. C'est toujours lui qui monopolise la conversation.
- Eli? Tu viens?
Une voix féminine vient de le rappeler à l'ordre. D'accord. J'ignorais qu'il avait une copine.
Il hausse les épaules en faisant la moue. Comme s'il s'excusait de me laisser en plan pendant ma nuit blanche. Ce n'est pas comme si sa compagnie changeait quelque chose.
- Bonne nuit, Lucas. Essaye de dormir un peu.
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You're not alone / skam france
Fanfiction« T'es plus tout seul, je suis là maintenant, t'as compris? » ••• Eliott était le genre de voisin complètement barge, voir insupportable. Il organisait des fêtes jusqu'à pas d'heure, que ce soit en week-end ou en semaine. Il parlait à son chat com...