Chapitre 5

839 72 10
                                    

Un, deux, trois, quatre... j'inspire.
Un, deux, trois, quatre... j'expire.

Je viens de raccrocher au téléphone avec ma mère, et comme 9 fois sur 10, j'ai envie de tout casser. Elle ne se rend pas compte, mais chaque fois qu'elle me parle d'elle, chaque fois qu'elle prononce son prénom, une énorme boule se forme dans ma gorge et je me retiens, j'essaye de lutter pour pas pleurer.

Alors, tant bien que mal, comme un gros con, j'essaye de faire ces foutus exercices de respirations pour me calmer. Mais j'y arrive pas, putain, j'y arrive plus.

Je m'enfonce dans mon lit, la tête sous l'oreiller, et je laisse presque tout sortir.

J'ai envie de hurler, taper dans un mur, me défoncer la main, sentir la douleur, et me briser les cordes vocales tellement je voudrai crier mon mal être. Mais je me contient parce que ce putain de mec qui vit juste à côté pourrait tout entendre et ça, c'est hors de question.

Alors je pleure. Comme d'habitude. Peut être un peu plus fort. Puis je me calme parce que je suis épuisé. Je n'arrive pas à gérer ces conversations avec ma mère, elle le sait, mais elle pense que ça me fait du bien, d'extérioriser. Moi, je pense que c'est de la merde.

***

- Lucas? Oh, Lucas?

Les idées floues, j'ouvre un œil, puis l'autre.

- Lucas, je sais que t'es là. Ouvre.

Eliott.

J'ai envie de lui réponde un bon gros : ta gueule.

- Luuuuucaaaaas.

Et il se met à frapper frénétiquement à la porte.

Je sors de mon lit d'un bon, ne prend pas la peine de passer une main dans mes cheveux et ouvre la porte.

Il avait d'abord un grand sourire, qui s'évanouit dès l'instant où il voit ma tête.

Normal. Après avoir pleuré tellement longtemps, je sens mes yeux tout gonflés, et ils sont très certainement tout aussi rouges.

- Ouais, j'ai une sale gueule. Maintenant que c'est dit, passons à autre chose. Qu'est ce qu'il y a ?

Il semble un moment déstabilisé mais reprend contenance dans la seconde.

- Euhm... t'as de la farine?

Là, j'ai très envie de lui envoyer ma main dans la figure. Il se fout de moi?

Mais je vois bien qu'il se force à ne pas creuser un peu plus à mon sujet.

- Tu comptes en faire quoi?

Il se détend immédiatement et me rétorque;

- La sniffer, voyons. Pourquoi j'en aurai besoin, sinon?

Je laisse échapper un rire niais. Résigné, je me dirige vers ma cuisine et j'entends ses pas me suivre dans mon dos.

En fouillant bien, je dois avoir de la farine quelque part.

Des fois, j'ai l'impression qu'il le fait exprès. La supérette est à cinq minutes à pieds. Et il parvient toujours à ce qui lui manque quelque chose.

Bref, je lui sors un paquet entamé.

- Autre chose?

Il fait mine de réfléchir.

- T'aurais des œufs? Parce que je suis pas sur d'en avoir assez...

You're not alone / skam franceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant