[Terreur toxique - 3] Contamination

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Mardi 1er octobre, au matin

Contrairement à ce qui avait été annoncé, je ne sens aucune odeur ce mardi matin en sortant de chez moi. Enfin une bonne nouvelle !

Au bureau, vers 10h, je croise le co-fondateur parisien de la boîte (nous avons des bureaux à La Défense pour les commerciaux). Il travaille avec nous une journée par semaine en moyenne, mais je n'imaginais pas qu'il reviendrait si tôt après l'incendie. Alors que nous trouvions tous que l'odeur avait disparu, il clame dès son arrivée "ah oui en effet, ça sent vraiment mauvais".

Et nous revoilà inquiets. Nous ne sentons même plus l'odeur : désormais, nous y sommes habitués.

Je suis à la fois contente et ennuyée de voir ce collègue : papa d'un petit garçon de même pas un an, je ne peux m'empêcher de penser qu'il aurait été plus sûr pour lui de rester à Paris.

Venir à Rouen, c'est prendre le risque de ramener un tas de saletés sur ses vêtements, ses chaussures, et les faire entrer dans l'appartement où il vit avec sa femme et son fils. Des spécialistes, toxicologues et autres chimistes, commencent à distribuer sur internet des conseils pour les habitants de Rouen : laisser ses chaussures à l'extérieur de son lieu de vie, nettoyer de fond en comble les intérieurs, se laver les mains et le visage régulièrement.

Comprendre : nous transportons sur nous des particules toxiques qui contaminent nos maisons.


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Mardi 1er octobre, 13h

Ma mère m'envoie un message. Ma petite soeur, étudiante en droit, a été évacuée de la fac à cause de nausées et de maux de tête.

Rien de grave, visiblement, mais je suis inquiète.

Nous décidons malgré tout de manger ensemble le soir même : à ce stade, les gaz toxiques sont entrés partout et le confinement n'a plus vraiment de sens.

L'air est tout aussi pollué à l'intérieur qu'à l'extérieur, et le pire est sûrement ce qu'on ne sent pas.


Mardi 1er octobre, 19h

Après être rentrés du boulot, Jérémy et moi ressortons pour rejoindre ma mère et ma soeur au restaurant italien qu'elles affectionnent tant.

La rue est noire de monde : une immense manifestation rassemble des milliers de personnes. À Rouen, aucune manifestation de Gilets Jaunes n'avait fait aussi bien. Et pour cause : même ma mère, mon compagnon et mes collègues envisageaient d'y aller, alors qu'aucun d'entre eux n'y aurait jamais pensé en temps normal.

Tout le monde se sent concerné.

Les lignes de bus sont coupées. Pour la première fois de ma vie, je ne peste pas contre les manifestants à cause de qui je suis obligée de marcher pour rejoindre ma mère et ma soeur.

Vie d'autrice - RantbookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant