[Terreur toxique - 9] Tous les 10 000 ans

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Mardi 22 octobre

Aujourd'hui, on poursuit le Grand Prix du plus Grand Connard (à ce stade, je lui donne des majuscules parce que je suis en passe d'en faire une institution), j'appelle à la barre monsieur Eric Schnur, "grand patron" américain de Lubrizol, qui a été entendu ce jour-même à l'Assemblée Nationale et au Sénat.

Je vous la fais courte, mais voici quelques points amusants :

"Nous considérons que Lubrizol fait partie de la famille rouennaise. Cela fait maintenant plus de six décennies que nous appartenons à cette région. (...) Durant toute cette période, nous avons toujours cherché à être de bons voisins (...)."

T'es tout au mieux le tonton gênant, en fait, Eric. Déso. Parce qu'après 6 décennies de cohabitation, 4 accidents (au moins !), ça fait quand même beaucoup pour un "bon voisin".

"Ces substances ne posent aucune menace sur la santé – ni à court terme ni à long terme – en dehors de l'irritation passagère provoquée par la fumée"

Là comme ça, on pourrait presque y croire, vraiment. C'est oublier un gros détail : le panache de fumée s'est dissipé en moins d'une journée, puisque le jeudi après-midi, déjà, le ciel s'éclaircissait. Or, les irritations ressenties par la population ont persisté pendant plusieurs jours, soit bien après que la fumée ait disparu. Et ce, non pas de manière continue, mais de manière ponctuelle (lorsque l'on sortait, essentiellement, on lorsque l'on oubliait de débrancher la VMC pour la nuit), ce qui signifie que la source des irritations revenait régulièrement.

Donc non, la fumée n'est pas l'unique cause des irritations (et pour ma part, je n'y ai pas été exposée) : c'est un gaz invisible qui l'est. La fumée, c'est pas invisible.

L'apothéose, c'est quand même que ce monsieur se présente comme un chimiste, mais pas comme un spécialiste en toxicologie

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L'apothéose, c'est quand même que ce monsieur se présente comme un chimiste, mais pas comme un spécialiste en toxicologie. Pour autant, il nous cale sans pression un magnifique : [le feu de Lubrizol n'est] "pas plus toxique que l'incendie d'une maison".

Je ne sais pas dans quel genre de maison vous vivez, cher monsieur (sûrement pas le même genre que moi, j'en conviens), mais en ce qui me concerne, mon domicile n'abrite pas 9000 tonnes de produits toxiques. Peut-être suis-je une exception, mais même si j'additionne tous mes produits d'entretien et ma lessive (sait-on jamais), j'arrive pas à 9000 tonnes.

C'est peut-être moi qui suis pas douée pour les additions, remarquez. Je suis ni mathématicienne, ni chimiste, ni toxicologue, ni menteuse (et c'est sûrement ce dernier point qui nous différencie le plus, à la réflexion).

Eric (oui, j'me permets de l'appeler Eric, il me doit bien ça) signale tout de même que selon lui, le feu ne venait pas de chez eux (sous-entendu, ça viendrait de chez Normandie Logistique, lesquels démentent, évidemment). Pour rappel, Normandie Logistique est un sous-traitant de Lubrizol qui était chargé de stocker certains de leurs produits (et pour rappel, si jamais vous débarquez de nulle part, Lubrizol ne fait pas de la soupe, donc a priori les produits en question ne sont pas constitués de jus de tomate concentré).

Vie d'autrice - RantbookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant