Super Captain

Chapitre 3 : cet espoir fou

Tony marche seul sur ce trottoir éclairé seulement d'un réverbère et ses pensées reviennent toujours vers Steve, encore Steve, toujours Steve. Et sur sa réaction de ce soir dans la salle de conférence après l'appel de Christine sur son téléphone.

Le correcteur ne sait pas quoi faire de cette mine contrariée affichée clairement par son beau collègue blond, de son regard rembruni bleu à travers ses lunettes foncées. Il aurait bien voulu évoquer sa supposée jalousie durant la soirée mais il n'a pas pu s'y résoudre, il a eu trop peur de mettre les pieds dans le plat et de faire fausse route sur toute la ligne.

Un bruit provenant de l'allée sur sa droite interrompt ses réflexions. Il entend plusieurs insultes homophobes criées au loin.

- hey les tarlouzes, alors comme ça on aime bien faire des petits tours dans les allées sombres ?

- hey laissez-les tranquille !

Tony s'est déjà rapproché de la scène qui se joue à quelques mètres de lui mais hélas, à son plus grand dam, les insultes continuent de plus belle.

- alors les enculés, qui fait la femme, qui fait l'homme ?

- non mais regardez-vous les tafioles, vous avez pas honte d'être des sales petits PD ?

Tout le corps de Tony se tend, une colère et une indignation féroces s'emparent de lui. Ils sont trois à venir bousculer un couple de lycéens amoureux et le sang du brun ne fait qu'un tour.

- et vous, d'être des sales petits cons, vous avez pas honte ?

Tony voit de la haine dans leurs yeux quand ils reportent toute leur attention sur lui.

- ah encore un autre PD qui veut nous frapper !

- oh que oui, avec plaisir.

Enfin. Un sourire mauvais étire les lèvres de Tony. Il n'attendait que ça et il en profite pour s'adresser directement aux victimes de ce trio de connards.

- allez-y, vous pouvez partir, je m'en charge.

- ces PD ne vont nulle part, c'est toi qui vas dégager de là.

- heu pas tout de suite, là, nan, désolé... c'est bon, allez-y, les enfants, y a pas de soucis, je gère.

Le couple d'amoureux semble sceptique au début mais après avoir échangé un regard entendu, ils s'éloignent dans l'autre direction. Un des trois connards a un rire moqueur au même moment.

- regardez-moi ce pauvre con, il croit sincèrement qu'il va pouvoir s'en sortir tout seul contre nous trois ?

- absolument. Regardez-moi faire et admirez.

Visiblement, son assurance sans faille ne plaît pas à ses agresseurs qui se jettent tous les trois en même temps sur lui. Tony utilise à bon escient les techniques d'auto défense qu'il a apprises mais un des trois connards a ses mains serrées autour de sa trachée et il sent qu'il va perdre conscience dans pas longtemps, sa respiration est de plus en plus laborieuse au fil des secondes qui s'égrènent.

- lâchez-le.

Tony ne peut réprimer un sourire quand il entend une voix très grave changée au modificateur avec un léger effet d'écho résonner dans toute l'allée.

- oh putain, c'est pas vrai.

Son agresseur relâche immédiatement sa prise sur sa trachée et les deux autres arrêtent instantanément de lui mettre des coups de poings et des coups de pieds sur tout le corps.

Les yeux chocolats de Tony s'arrêtent sur ce super héros à un mètre de lui. Super Captain. Dans toute sa splendeur. Alors oui, bien sûr. Il l'a déjà en vu en photo. Comme tout le monde. Mais en vrai, ça n'a rien à voir.