Chapitre 6 : l'éléphant dans la pièce

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Tony vient juste de s'asseoir sur un coin de son bureau et l'observe d'un air facétieux, il paraît tellement cool, tellement détendu, comment il fait déjà ? Alors que Steve est tendu comme un string depuis ce qui s'est passé entre eux il y a deux jours à peine.

- alors, c'est qui cette semaine mon p'tit Stevie?

Le blond à lunettes est soulagé de se faire à nouveau appelé de la sorte par Tony, exactement comme avant, ça veut dire que sa révélation n'a donc rien changé entre eux, ils peuvent toujours être amis.

Bon oui, ok, Tony lui a avoué qu'il voulait qu'ils soient bien plus tous les deux, mais sa fuite de l'avant-veille veut sûrement dire qu'il a changé d'avis entre-temps et Steve ne lui en voudra jamais pour ça. Être capable de craquer de partout pour un alien qui se fait passer pour un humain, après tout, c'est pas donné à tout le monde.

- hé ho la terre à Steve ? Y a quelqu'un ?

- hein ? De quoi ?

- ben en interview, qui aura l'immense honneur de partager un agréable moment en ta compagnie cette semaine ?

Un sourire joueur étire les lèvres du beau correcteur et le journaliste à lunettes ne peut empêcher ses joues de s'empourprer de rose à l'entente de ce joli compliment.

- Captain Marvel. C'est elle en interview exclusive, cette semaine.

- wow, pas mal. Je retire ce que je t'ai dit à propos de Black Widow. Elles sont toutes sexy en fait.

Cette remarque laisse le journaliste pensif. Pas parce qu'il ne partage pas entièrement cet avis mais parce que ce n'est pas à Steve Rogers que Tony a confié que Black Widow est de loin la plus sexy des Avengers mais bien à Super Captain.

Ça signifie donc que le correcteur ne fait vraiment plus le distinguo entre ses deux identités et le blond à lunettes ne sait pas s'il doit se réjouir de cette nouvelle ou non.

- Steve ?

- mmmh ?

- c'est laquelle ta préférée à toi ?

- aucune, j'ai pas de préférée. C'est toi qui as raison. Elles sont toutes magnifiques. Je suis d'accord avec toi.

- c'est vrai que j'ai toujours raison. Et sinon chez les mecs alors ? Bon tu connais déjà mon tiercé gagnant avec Hulk, Thor et Super Captain mais depuis ce que j'ai appris avant-hier, c'est Super Captain que je mets en première position, et loin devant les autres, plus que jamais.

Le clin d' œil de Tony est espiègle, son collègue plaisante sûrement mais encore une fois, ça n'empêche pas le rose de monter aux joues de Steve quasiment instantanément.

- merci Tony.

- avec plaisir mon p'tit Stevie.

Tony se lève de son bureau sûrement dans l'intention de partir et le cœur de Steve se serre déjà à cette idée. Il adore quand son beau brun lui fait la conversation. Il pourrait vraiment passer sa journée à l'écouter parler.

- bon ben vu que ça fait deux jours et que j'ai pas eu de tes nouvelles de tout le week-end et que visiblement, aucun de nous deux n'a l'intention d'évoquer l'éléphant dans la pièce, je me lance.

Tony prend une profonde inspiration et le journaliste est totalement pris au dépourvu face à l'audace de son collègue. Il fait un pas dans sa direction, se penche vers lui et sa bouche vient se faufiler doucement contre son oreille. Des papillons se mettent à remuer dans le ventre de Steve. Cette proximité avec son correcteur met absolument tous ses sens en éveil.

- ce que j'ai appris avant-hier... c'est vrai que ça m'a chamboulé un tout petit peu au début...

- tu... tu t'es enfui... Tony.

Steve cherche son regard et le brun se recule un chouilla, appuie sa cuisse contre le bord du bureau et plonge ses grands yeux chocolats dans les siens. Sa voix n'est plus que jamais un doux murmure dans tout l'open space. Ils se parlent toujours de très près. Cette conversation ne regarde qu'eux. Seulement eux.

- oui bon ok, je te l'accorde, j'ai eu besoin d'un peu de temps seul avec moi-même histoire de me remettre les idées en place bien comme il faut parce que sur le coup ton annonce m'a totalement retourné les ovaires... oui, je sais ce que tu vas dire mon p'tit Stevie, que je n'en n'ai pas puisque je suis un homme mais j'ai toujours adoré cette expression et je trouve qu'elle définit bien ma réaction dans ce cas précis... bref, tout ça pour dire, au cas où c'était pas clair samedi... je tenais vraiment à ce que tu saches que ta révélation n'a rien changé pour moi mon biquet... tu me fais toujours autant craquer de partout... exactement tel que tu es... après, je comprends, si ce n'est pas réciproque, c'est pas grav...

- ça l'est ! Ça l'est !

Steve est surpris lui-même par ce cri du cœur, par sa vigueur, par sa propre spontanéité. Mais c'est ce qu'il veut vraiment au fond de lui, il désire son beau correcteur plus que tout au monde, depuis son arrivée ici, depuis treize longs mois en fait.

- c'est réciproque Tony, depuis longtemps même.

- vraiment ?

Le sourire du brun est à la fois timide et rempli d'espoir et le cœur de Steve manque de rater un battement.

- vraiment, oui. En gros, depuis ton premier jour ici.

- attends, donc... cette humaine... pour qui Super Captain ressent un truc... c'est... pas Peggy alors ?

- non, c'est toi. C'est toi dont je parlais Tony.

- ah d'accord, ça me rassure. Je suis un petit veinard alors.

Le sourire de Tony s'élargit puis ses yeux balaient l'open space avec une grande attention pour voir si quelqu'un les observe. La réponse à cette question est visiblement non puisqu'il se penche encore plus près de Steve et les papillons refont instantanément leur apparition dans le ventre du journaliste. Son beau brun lui parle à voix basse, à peine un chuchotement.

- donc c'est cool, tu me plais, je te plais, on se plaît mutuellement. Qu'est-ce que tu dirais de fêter ça samedi soir chez moi, pour vingt heures, c'est moi qui invite ?

Les sourcils de Steve se froncent immédiatement. Et merde.

- ce samedi là ?

- ouais, ce samedi qui vient. Pourquoi ?

Le blond à lunettes est pris de panique. Que dire ? Que faire ? Tony a dû remarquer son angoisse car il le fixe d'un air inquiet.

- après, si tu peux pas, c'est pas grave, on n'a qu'à remettre ça à une autre fois...

- non, c'est bon, pas de problème, ce samedi-là, pour vingt heures, j'y serai, j'aimerais déjà y être en fait.

Steve a repris rapidement ses esprits. Son choix est fait. Il ne peut pas manquer ce rencard avec Tony. Il en est tout simplement hors de question. C'est au-dessus de ses forces. Il espère que les autres Avengers comprendront. Après tout, une occasion pareille ne se présente pas deux fois dans toute une vie.

- moi aussi. Comment j'ai trop hâte. Allez, je te dérange pas plus longtemps. Travaille bien mon capitaine.

Le clin d'œil que Tony lui adresse avant de s'éloigner dans l'open space se veut taquin, son sourire également, l'allusion à sa double identité cachée est à peine voilée et Steve se sent vraiment le plus chanceux des aliens à cet instant.

Ce rendez-vous c'est la preuve tangible et irréfutable dont il avait besoin pour réaliser que son beau brun l'accepte exactement tel qu'il est. Ni plus, ni moins. Il se demande ce qu'il a bien pu faire pour mériter ça mais il compte bien profiter dorénavant de chaque instant passé en compagnie de son cher correcteur adoré. Et il espère pour longtemps. Aussi longtemps que Tony voudra bien de lui.

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