XV. JŪN6K%K

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Il est beau quand il dort. Ses cheveux sont étalés comme une auréole sur l'oreiller, ses yeux fermés, son front détendu. Ses lèvres attirent mon regard comme un aimant : légèrement entre-ouvertes, elles sont encore gonflées d'avoir été trop mordues tandis que je le prenais plus sauvagement que jamais dans toutes les pièces de mon appartement. Mais je sais qu'il a aimé.

Vêtu d'un simple caleçon, je m'extirpe de ses bras et sors de la chambre. Est-ce que je vais vraiment faire ce que je vais faire? C'est probablement la seule solution. Et ça me convient. Tant qu'il est heureux, je préfère partir à tout jamais d'ici.

Je m'habille d'un pull noir simple et d'un jean troué aux genoux de la même couleur. Le noir représente bien le démon que je suis... Avec un soupir, je passe une main dans mes cheveux emmêlés et enfile mon coupe-vent jaune. Celui qu'il adorait.

Je ne prends rien. Pas d'affaires de rechange, pas de valise. De toute façon je n'arriverais jamais à la retrouver dans ce foutoir. Et je n'en ai pas besoin. J'emporte juste avec moi son amour, lui laissant la tristesse.

Sur la commode, entre deux toiles d'araignée, je dépose un bout de papier. Le même qu'il y a cinq ans. Adieu. Je sais qu'il comprendra. Qu'il percevra tout ce que je voudrais lui dire sans en avoir le courage à travers ce simple mot.

Je sais aussi qu'il me maudira. Qu'il s'effondrera probablement. Mais si je reste, je l'expose à bien plus de douleur. Il ne mérite pas ça. Sa vie est aux côtés de Hoseok, dans un avenir dépourvu de moi. 

C'est mieux ainsi.

Silencieux tel un fantôme, je quitte l'appartement. La porte émet un déclic lorsque je la referme sur l'objet de tous mes désirs. Dans le couloir sombre et crasseux, je retrouve à tâtons les escaliers, descendant marche par marche pour éviter de me péter la gueule. Puis je pousse la porte du hall d'entrée et le vent m'accueille à bras ouverts par de grandes bourrasques. J'entre dans ma voiture, immédiatement frappé par l'odeur de Jimin, plus que jamais présente. Le moteur gronde ; j'enclenche la marche arrière puis la deuxième vitesse et sors du parking désert. 

La route me parait très longue alors qu'elle ne dure en réalité qu'une demi-heure. Les hautes buildings se profilent et je sais que je suis arrivé à destination. Je me gare, coupe le moteur et entre dans un immeuble au hasard. Quarante-huit marches et sept paliers plus tard, je suis dehors, sur une terrasse surplombant Busan. 

La vue est juste magnifique. J'ai du mal à m'en détacher. Mes pas me conduisent jusqu'au bord, les orteils dans le vide. Les bras écartés, je lorgne les étoiles. Si froides, si distantes... Jimin dirait qu'elles veuillent sur nous et qu'il n'a jamais rien vu d'aussi beau. Mais Jimin n'est pas là.

Et il ne sera plus jamais avec moi après ce que je m'apprête à faire.















ᴀʟᴏɴᴇ ʲⁱᵏᵒᵒᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant