XIII. J!Π!N

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Jungkook?! Mais qu'est-ce que tu fous là?!

Mon cri est sorti tout seul. Je n'ai même pas le temps de mettre ma main devant ma bouche, horrifié par ce que je viens de faire, qu'il sursaute en un bond magistral et se tourne vers moi.

Il a l'air perdu. C'est la première chose qui me vient à l'esprit en découvrant son visage. Ses joues sont creuses, ses pommettes saillantes et ses yeux verts que j'aimais tant sont enfoncés si profondément dans leurs orbites que ça lui donne un air de zombie. À moins que cette impression soit causée par les énormes cernes violets qui ceinturent ses paupières.

Une boule dans la gorge, je me prends à penser qu'il me fait de la peine. Non, pas que de la peine : mon cœur se déchire littéralement de le voir ainsi. Je voudrais le prendre dans mes bras, le cajoler, lui dire que tout va bien. Qu'il n'est plus seul.

Mais de par le fait que l'amertume de son abandon n'ait pas tout à fait disparu, de même que mes larmes ne se sont pas encore complètement taries, et de même que les cicatrices de son départ sont encore à vif, mon cerveau se fait violence pour ne pas laisser toutes les commandes à une partie de moi qui meurt d'envie de se jeter dans ses bras.

Jimin??

Il me fixe avec des yeux étirés par la fatigue, gros comme des ballons de football. Il a l'air horrifié de me découvrir là, mais aussi un peu... soulagé? Je n'arrive pas vraiment à interpréter l'émotion qui passe dans son regard.

— Oh, Jimin...

Et tout à coup, il fond en larmes. Indécis, je ne sais pas quoi faire devant ses pleurs qui me fendent le cœur. Alors je fais la première chose qui me passe par la tête : j'ouvre la portière de l'intérieur et sort Jungkook qui tente de s'échapper à mon emprise mais qui s'immobilise aussi sec dès que j'ai passé un bras autour de sa taille pour le serrer contre moi.

Sa tête se niche doucement dans son cou tandis que ses sanglots étouffés résonnent dans le parking désert. Il passe ses mains autour de ma taille, dans un geste timide qui me rappelle que rien n'est plus pareil. Il a quelqu'un, j'ai quelqu'un. Nous ne sommes plus liés l'un à l'autre que par le lien de la haine. Alors, désespéré, je le serre plus fort contre moi, à l'en étouffer.

— J-Jimin..., murmure-t-il faiblement. Tu... Tu me fais mal...

— Oh! Pardon...

Je le libère d'un air affreusement gêné. Il doit le remarquer car il arbore un sourire teinté de tristesse. Son regard éteint me scrute. Je me retiens de lui hurler dessus, de l'embrasser ou de faire tout autre chose de stupide.

— Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu fais là? balbutié-je.

Il baisse la tête, sans répondre. Soudain, une bourrasque soulève mes cheveux et un volet claque, me ramenant à la réalité. Si Hoseok nous trouvait ici, il nous ferait la peau à coup sûr.

J'attrape la manche de Jungkook et l'entraîne précipitamment vers la sortie du parking. Mais il s'arrête d'un coup en me forçant à me tourner vers lui. Son visage éclairé par les lampadaires me paraît plus mignon et juvénile que jamais. Je m'efforce de ne pas me perdre dans mes pensées.

— Jimin... J'ai ma voiture...

J'ai l'impression qu'il s'entraîne à prononcer mon prénom, comme s'il le redécouvrait. Je hoche la tête et nous courons vers le véhicule. Une fois attachés, il démarre et son visage n'est plus empreint de culpabilité ou de tristesse : il redevient le masque impénétrable qu'il arborait souvent avant, afin que je ne puisse pas déceler ses émotions.

ᴀʟᴏɴᴇ ʲⁱᵏᵒᵒᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant