XVI. J!Π!N

147 18 2
                                    

Je me réveille en sursaut. Je mets un temps avant de me rappeler où je suis. Ce lit m'est étranger, mais encore plus de par l'absence de Jungkook à mes côtés. Où est-il parti?

— Kook..., appelé-je d'une voix enrouée.

Je l'attends à une réponse de sa part, mais au lieu de cela, rien ne me répond. Le silence est assourdissant. Soudain, j'ai froid. Je me mets à trembler comme pas possible, tout seul dans un lit qui n'est pas le mien, tellement grand que je me croirais au milieu de l'océan.

J'ai un mauvais pressentiment.

Je me lève, avant d'enfiler un caleçon, un jean à Jungkook et mon T-shirt qui traîne par terre. Soudain, à la lueur de la lune, quelque chose attire mon attention sur la commode. En m'approchant, je constate que c'est un bout de papier plié en quatre. Un flash-back atroce refait surface de ma mémoire. C'est une autre scène, dans une chambre similaire, mais propre et rangée par mes soins. Ce même bout de papier. Et sur celui-ci, un simple mot.

Adieu.

C'est une blague, j'espère?

Mon cerveau se met en stand-by pendant une éternité. Puis la réalité de la situation me frappe de plein fouet et je me rue dehors. Je dévale précipitamment les escaliers, pousse la porte du hall d'entrée et débouche sur le parking. Comme je m'y attendais, la voiture de Jungkook a disparu. Alors je bondis par dessus la petite barrière de l'enclos à vélos et en vole un en piteux état, même pas cadenassé. Puis je roule à vive allure jusqu'à la ville.

Les rares lampadaires que je croise me permettent de ne pas m'écraser sur un arbre et de continuer mon chemin dans la bonne direction. Malgré tout, je n'ai aucune indication qu'il soit parti vers Busan. Mais quelque chose me dit qu'il est là-bas. Jungkook adore la ville. Mais ce qu'il aimait – et que j'espère qu'il aime toujours – c'est monter tout en haut des gratte-ciel pour observer les lumières artificielles. Moi je trouve ça débile, ce ne sont que de l'électricité. Mais lui il trouve ça magnifique. Espérons qu'il soit a Busan...

— Faites qu'il y soit, bordel... Faites qu'il y soit...

Finalement, les immeubles se découpent contre la voûte céleste. J'accélère, dopé par l'adrénaline. Puis la pluie commence à tomber. Je ne vois plus rien à trente centimètre devant moi. Dépité, trempé jusqu'aux os, je gare le vélo sur un parking quelconque, devant un immeuble gris souris, au milieu d'une rue quelconque.

Un rideau de pluie s'abat sur ma tête en continu. J'ai une boule dans la gorge et un goût de bile dans la bouche. Il s'est joué de moi. Il m'a abandonné une nouvelle fois, juste après m'avoir vulgairement baisé.

Je m'accroupis sur le goudron, la tête dans les mains, incapable de contenir mes sanglots. Les larmes se mélangent avec la pluie sur mes joues et je ne ressemble bientôt plus à rien. Rien qu'à un gars désespéré en plein milieu de Busan. Je dois faire pitié à voir.

Soudain, en levant la tête vers le ciel pour me rincer les yeux dans l'espoir vain que cela pourrait faire cesser mes pleurs, j'aperçois une silhouette, tout en haut de l'immeuble. Mon cœur fait un bond. Ce pourrait-il que...? Non, ce serait une trop grosse coïncidence... Mais je dois en avoir le cœur net.

Régénéré par cet espoir futile que la personne sur le toit soit Jungkook, je me relève et me précipite vers le gratte-ciel. Je monte les marches quatre à quatre, ignorant totalement l'ascenseur qui me tend les bras, puis, au terme d'une ascension difficile, débouche finalement sur la terrasse inondée de pluie.

Mes yeux cherchent désespérément la silhouette à travers les trombes d'eau. Et soudain, j'aperçois un ciré jaune, tout près du bord. Jungkook...

La réalité de ce qu'il s'apprête à faire me frappe alors de plein fouet. Je m'élance en avant pour l'empêcher de faire ce que je devine qu'il veut faire. J'attrape sa main au moment ou son pied glisse dans le vide. Paniqué, je le tire vers moi et nous trébuchons tous les deux, avant de tomber par terre, les fesses dans l'eau.

— Jungkook! m'écrié-je, incapable de faire autre chose.

Son sourire est triste, si triste... Je perçois sa peine même sans les mots et cela me détruit plus que tout. J'amorce un geste pour poser ma main sur sa joue mais il se dérobe et se relève. Dos à moi, il lance d'une voix douce :

— Je pars, Jimin...

ᴀʟᴏɴᴇ ʲⁱᵏᵒᵒᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant