ᴀʟᴏɴᴇ ʲⁱᵏᵒᵒᵏ

XVII. JŪN6K%K

Ça m'embête que Jimin soit venu me retrouver. Je ne voulais pas d'effusions de tristesse, de colère ou de je ne sais quoi encore. Je voulais partir en silence, invisible aux yeux des mortels. Mais maintenant qu'il est là, je vais devoir supporter ses yeux bleus remplis de larmes et ses sanglots resterons gravés à coup sûr dans ma mémoire jusque dans l'au-delà.

Ce que je ne voulais précisément pas.

Je me rapproche dangereusement du bord, captivé par la vue du trottoir, douze étages plus bas. Jimin me hurle de reculer, la voix brisée par ses pleurs incessants mais je me penche encore plus.

D'un coup, je me sens tiré vers l'arrière. Jimin. Je savais qu'il ferait ça si je m'approchait trop de la mort. Il me tient fermement par le bras, désespéré, la pluie fouettant son visage d'ange déformé par l'angoisse.

— Ne fais pas ça, Jungkook, je t'en supplie...!

— Je suis obligé. J'ai détruit ta vie, Jimin. Tu es avec Hoseok maintenant, ta place est auprès de lui.

— Arrêtes! Moi seul peut décider d'où est ma place et elle n'est certainement pas auprès de Hoseok! Tu te trompes sur toute la ligne, Jungkook! Je ne t'en veux pas! Tu m'as fait souffrir, tu m'as abandonné, mais malgré tout, je ne t'en veux pas PARCE QUE JE T'AIME!

— Tu devrais me haïr..., murmuré-je en reculant.

— Je devrais, mais l'amour est plus fort! Je ne t'en veux pas, Jungkook, s'il-te plais, je... Je t'en supplie, reste avec moi...

— Ma décision est prise, Jimin. Rien ne me fera changer d'avis. Tu mérites d'être heureux auprès de gens qui te chérissent, pas auprès de lâches qui t'abandonnent.

— Mais c'est toi que je veux, Jungkook! Toi, toi, toi, du soir au matin et du matin jusqu'au soir! Tu es dans ma tête tout le temps, je ne peux pas t'enlever de mes pensées! Putain, Jungkook, je ne peux pas vivre sans toi!

— Je...

Ses paroles tournent en boucle dans ma tête. Il ne se rend pas compte que j'ai de plus en plus de mal à ne pas céder, du fait que je garde un air impassible et une voix parfaitement froide. Je donne l'impression d'être plus insensible qu'une bûche, bordel, il faut que je fasse quoi pour qu'il comprenne que je veux le libérer de moi?!

Ne cède pas, ne cède pas, scande une petite voix quelque part dans mon esprit. Je tente de me focaliser sur cette phrase, ces trois mots, ces neuf lettres, si durs à mettre en application. Jimin me fixe avec de grands yeux mouillés de larmes et de pluie, pluie même qui trempe son T-shirt et décoiffe ses cheveux. Mais même malgré cela, il est toujours aussi beau.

— Kook..., gémit-il d'une voix brisée. Kook, je t'en supplie, ne fais pas ça... Je ne peux pas vivre sans toi...

— Je t'aime, Jimin.

Puis, déposant un baiser sur son front pâle, je fais un pas en arrière et m'envole, tel un oiseau déchu, vers un paradis dans lequel Jimin serait heureux.