II. L'intervention

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Il faisait nuit et avec ma sœur nous marchions dans les rue de Chambéry pour se rendre chez notre grand père. Sur le chemin elle m'a clairement fait comprendre qu'elle ne voulait pas rentrer du moment qu'il sera présent. Je lui ai promis de ne pas l'abandonner et de faire tout ce que je pouvais pour ne pas que la situation ne se reproduise et me permettre de la protéger de tous ces événements.

Une fois arrivé chez notre grand père nous lui avons expliqué la situation, il a accepté de garder ma sœur pour cette nuit. Moi j'ai préféré retourner auprès de ma mère car vu la situation je n'étais pas sereine de la savoir avec ce fou mental. Toute la soirée, je n'ai fait que pleurer, sur le chemin du retour je me questionnais vraiment beaucoup. Comment la situation allait-elle évoluer ? Dans quel contexte ? Qu'en sera-t-il pour ma sœur ? Comment vit-elle ce qu'il s'est passé ?

En arrivant devant chez moi il y avait nos voisins avec qui nous nous entendons bien. Ils m'ont demandé pourquoi nous sommes sorti comme ça avec Maëlys, pourquoi pleurait-elle ? Où-est-ce qu'elle est ? J'ai préféré ne pas répondre et rentrer rapidement  chez moi. En arrivant dans la montée de l'immeuble, je vis ma mère avec deux policiers. Je pleurais déjà mais en voyant ça je me suis effondré. Tellement que mon esprit était occupé à se tourmenter avec toutes ces questions et ces images insoutenables, je n'avais même pas remarqué les voitures de police devant chez moi ni tout l'attroupement que leur présence avait causé. Quand je suis arrivé ils m'ont posé pleins de questions auxquelles je n'arrivais même pas à répondre. Elles étaient pourtant simples. Ils m'avaient simplement demandé ce qu'il c'était passé, si ma sœur avait des marques, ou se trouvait-elle, si mon beau père avait déjà été violent, depuis combien de temps la situation durait-elle, enfin bref pleins de questions de ce genre. Dehors il y avait tous les jeunes du quartier qui nous observaient ma mère et moi. Pendant ce temps un autre policier se trouvait à l'appartement avec mon beau père. Ils essayaient de comprendre la situation, ce qui est normal. Le regard pesant de tous ces jeunes me faisait mal, je voyais leur jugement dans la façon dont ils nous regardaient. Pour moi c'était trop, je n'arrivais pas à m'arrêter de pleurer, à un tel point que je suffoquais, j'avais vraiment beaucoup de mal à respirer. Les policiers m'ont demandé si ça allais mais prise par l'angoisse je ne leurs ai pas répondu.

Au bout d'un temps, ils nous ont demandé à ma mère et moi de descendre au sous-sol le temps qu'ils fassent descendre mon beau père pour ne pas qu'il nous croise et qu'il ne tente quoi que ce soit. Quand ils nous ont dit que nous pouvions remonter j'ai regardé à l'extérieur. Ma vision était flouté par les larmes, mais j'ai vu la voiture de police s'éloigné avec mon beau père à l'intérieur. Le sentiment que j'éprouvais à ce moment-là était étrange. Je me sentais en même temps vraiment soulagé mais j'avais quand même un petit pincement.

Nous sommes remontées à la maison. Quand j'ai vu les deux petits, ils nous ont demandé "il est partit ou papa ? Il va revenir ?" Je me suis brisé de l'intérieur, je n'arrivais pas à leur répondre, je voyais leur inquiétude dans leurs yeux, je ne pouvais pas supporter cette image une seconde de plus. J'avais besoin d'extérioriser tous ces événements qui s'enchaînaient, de me défouler physiquement, alors j'ai pris mon vélo et je suis sorti. Il y avait encore tous ces jeunes qui encore une fois m'observaient de façon très insistante. Leurs regards m'étaient vraiment très pesants. Je n'arrivais pas à voir clairement leurs visages car les larmes ne cessaient de couler en cascade sans jamais s'arrêter. Je me suis empressé d'enjamber mon vélo pour partir le plus rapidement possible. Je pédalais du plus vite que je pouvais, je sentais toujours ce liquide chaud qui coulait encore et encore. Ma mâchoire était contractée et je serrais comme une folle les poignées de mon vélo orange qui d'ailleurs ne passait pas inaperçue. J'avais envie d'exploser, plus la colère montait en moi plus je pédalais rapidement aux milieux des routes assombris par la noirceur de la nuit. Ce soir-là je n'avais pas conscience du danger que je prenais, mais à ce moment-là, j'aurais aimé me faire percuter par une voiture. Ça fait mal de dire ça, mais c'est exactement ce que je souhaitais à ce moment. Et si j'avais su ce qui allait se passer par la suite je n'aurais pas seulement  attendu qu'une voiture me percute...

Rêve ou réalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant